La chasse à cheval qui avait beaucoup pâti des années de guerre connait une renaissance. Ne craignant ni les terrains rocailleux, ni les pentes raides, ni les coups de feu ou les départs précipités, le cheval barbe est un excellent compagnon de chasse dans laquelle il excelle par son endurance, sa frugalité et peut-être une certaine connivence qui s'installe entre lui et son cavalier. On chasse l'outarde, la perdrix, le lièvre à cheval et l'on utilise volontiers des aides, sloughis ou faucon. Dressé dès l'âge de 3 mois, vers 10 mois, le sloughi sait débusquer le gibier, le poursuivre et l'arrêter. La chasse ne commence qu'après une longue course vers les 3 heures de l'après-midi. Les cavaliers sont nombreux à arriver sur le terrain, ils se disséminent et battent les broussailles, les touffes d'alfa pour faire révéler un lièvre qu'on s'efforce de rabattre vers le fauconnier. Aussitôt qu'il aperçoit le gibier, celui-ci enlève le capuchon de l'oiseau et le lâche. Le faucon s'abat sur le lièvre et l'étrangle. Les cavaliers qui l'ont vu descendre, accourent de tous côtés. Pour lui faire lâcher prise, on lui jette une peau sur laquelle il se précipite. Cette chasse s'entoure de tout un décorum. Le capuchon et les harnachements sont brodés d'or et de soie, ornés de plumes d'autruche et de grelots. « A la fin du siècle dernier dans le sud oranais se pratiquait une chasse aux lièvres et aux gazelles qui employait un aigle. Mais on chasse aussi le lièvre à l'aide d'un simple gourdin, la vitesse du cheval permettant de le rattraper aisément, l'assommer devenant affaire de dextérité. Le barbe qui n'hésite pas à traverser les fourrés, dont le petit sabot se pose aisément n' importe où, capable de maintenir longtemps un train forcé, de virevolter sur place, est particulièrement apte à cette chasse « à la fatigue ». Le gibier repéré est encerclé par les cavaliers qui le font tourner en rond jusqu'à épuisement total sans que le fusil soit utile. C'est ainsi que se faisait la chasse à l'autruche dont les vieux parlaient encore récemment dans l'Atlas. Parti de bon matin, les chasseurs s'arrêtaient dans une daya qui leur paraissait propice. Montant sur un arbre, l'un d'eux frottait deux silex l'un contre l'autre pour faire jaillir des étincelles. Les autruches accouraient, croyant probablement à un orage et à la pluie. Les cavaliers les encerclaient, les fatiguant jusqu'à épuisement, se portant sur le passage de l'oiseau, dès qu'il arrivait, une véritable course relais s'engageait derrière lui, jusqu'à ce qu'il tombe d'épuisement.