Depuis le lancement du premier site américain MySpace, les réseaux sociaux se sont multipliés sur le net. Les plus connus sont, après le leader américain, Facebook, Twitter et plus récemment G+, le tout dernier réseau lancé par Google. Mais si le réseau MySpace n'a pas su séduire l'internaute, de par sa « complexité » disent les sondages, Facebook, lui, a su conquérir 800 millions d'abonnés à travers le monde. Qui dit Facebook, dit jeunesse. Les utilisateurs des réseaux sociaux figurent dans la tranche d'âge de 16 à 25 ans. Cela n'exclut en rien les utilisateurs âgés. Or, depuis quelques années, la clientèle du site Facebook devient de plus en plus jeune. Des lycéens et des collégiens passent des heures devant un écran bleuté dans le sens du « partage » et de la communication. En effet, les réseaux sociaux offrent beaucoup pour cette tranche d'âge, « c'est un espace où on se rencontre, où on se donne rendez-vous le soir après l'école », explique Oussama, un lycéen demeurant à Draria. Les jeunes de sa génération cherchent à élargir leur réseau et à se faire une « liste d'amis ». Le lycéen qui passe le plus clair de son temps libre sur Facebook, note que « certaines personnes utilisent ce genre de réseau pour acquérir une certaine popularité dans leur entourage, le lycée par exemple ». Selon lui, la recette pour devenir le plus populaire et avoir « le plus d'amis », consiste en la publication de « statuts intéressants », de photos ainsi que le partage de musique et de vidéos. Rima, collégienne, affirme que sur Facebook elle est « amie » avec des personnes qu'elle ne connaît pas dans la vraie vie, « on partage nos photos et nos idées avec les autres pour avoir leurs avis et commentaires », justifie-t-elle. Pour devenir populaire, un adolescent donnerait des informations sur sa vie privée sans s'en rendre compte. Il dévoile l'endroit où il passe ses vacances, le lycée ou le collège où il étudie, les endroits publics qu'il fréquente, bref il suffit d'un peu de sens de l'observation pour avoir une carte approximative définissant les habitudes de la personne. En 2010, le créateur du réseau social le plus utilisé au monde, Mark Zuckerberg, a déclaré aux médias à ce sujet, que son site « est libre à l'utilisation dès l'âge de 13 ans... Le reste est une question de contrôle parental ». ENTRE CONFIANCE ET SURVEILLANCE... LES PARENTS S'INQUIÈTENT Le contrôle parental, un sujet sensible sur lequel des conférences sont données dans les sociétés les plus développées. Cela dit, le sujet est quasiment ignoré en Algérie, or c'est le pays du Maghreb le plus « connecté » sur les réseaux sociaux. Selon Pr Belarbi, spécialiste en psychopédagogie et président du conseil scientifique de la faculté d'Alger, « il n'existe pas un âge pour commencer à utiliser Facebook, il faut seulement accompagner son enfant, le sensibiliser et lui expliquer les risques encourus ». La maman du jeune Oussama raconte qu'« il est de plus en plus difficile de contrôler ce qu'ils font, les adolescents d'aujourd'hui se créent un certain espace qu'il préfèrent cacher à leurs parents ». Elle dit être informée de ce que fait son fils lorsqu'il est sur Internet : « Je suis au courant de ce qui se passe sur ces sites, même si je ne suis pas une habituée, cependant je fais semblant de tout ignorer, ça me permet de garder le contrôle. » Professeur Belarbi affirme que « l'on ne peut contrôler un adolescent de nos jours, si on lui refuse l'accès à ces sites à la maison il le fera dans les cybercafés ». Le fait d'interdire l'utilisation des réseaux sociaux fera de ces derniers un paradis pour son enfant, « jusqu'à l'âge de 16 ans, l'adolescent tend à agir librement, il est assoiffé d'aventure, ignorant toutes conséquences », explique-t-il. Le père du lycéen, lui, affirme que « c'est une obligation parentale que de surveiller ses enfants sur Internet... même si l'on n'a pas accès à leurs comptes, on peut toujours les surveiller discrètement ». Abordant le sujet des risques et du contrôle parental, Oussama ajoute : « Notre utilisation des réseaux sociaux diffère de l'utilisation européenne, la plupart des Algériens ne le prennent pas au sérieux, parfois on donne même de fausses dates de naissance et des surnoms, tandis que les jeunes Européens parlent de leur vie réelle, et donnent des informations détaillées les concernant ». Si le jeune Oussama a une surprenante conscience des faits, ce n'est malheureusement pas le cas de tous. Beaucoup confondent entre une page sur un réseau social et un journal intime. Résultat ? Une base de données qui fait rêver les services secrets et les bureaux de veille commerciale. Cette fine lame qui sépare de nos jours le virtuel du réel profite aussi aux adolescents qui cherchent à se faire une place dans leur entourage, Oussama explique : « Bien des lycéens et des collégiens qui se sentent repoussés ou invisibles, utilisent Facebook pour se faire une place dans leur entourage réel, l'espace virtuel leur permet de faire connaître qui ils sont vraiment et de s'exprimer. » Quant aux risques, Pr Belarbi souligne : « Nous prenons tous des risques en exposant nos informations sur les réseaux sociaux, l'adolescent est juste plus influençable et facilement manipulable par rapport aux autres utilisateurs. Voilà pourquoi il faut sensibiliser au lieu d'interdire. »