L'occasion était de débattre de son livre « Témoin sur l'assassinat de la révolution », paru en langue arabe, mais aussi de revenir sur des faits marquants de la révolution de Novembre 1954. L'ancien officier de l'ALN estime que la wilaya qu'il commandait avait plus de pression compte tenu de sa situation géographique : 75 .000 km2, 6.520 soldats de l'ALN face à 15.000 soldats coloniaux déployés dans la région. « Mon livre n'est pas une œuvre d'histoire au sens académique. Ce sont des mémoires éparses que j'ai relatées et que je considère comme une contribution modeste à l'écriture de l'histoire de notre révolution », souligne le commandant Bouragâa. Pour lui, la révolution de Novembre 1954 a connu trois principales étapes. La première s'étale de l'année 1954 à 1956, la seconde de 1956 à 1958 et la troisième de 1958 à l'indépendance. Il fera savoir que l'étape cruciale était la première, car la révolution n'était pas organisée. Pis, en cette période précise, il y a eu la mouvance messaliste qui faisait face à la révolution. « L'ennemi français venait en second ordre », dira l'officier de l'ALN ». La tenue du congrès de la Soummam en 1956 constituait « une bouffée d'oxygène », selon lui, à la révolution. « On commençait à sentir l'odeur de l'indépendance, l'unique but fixé par la révolution », a-t-il commenté, ajoutant que le congrès a structuré la révolution. « Elle avait un objectif, mais surtout un programme ». A tel point que « les ennemis de la révolution surnommaient, souligne l'orateur, le congrès de complot de la Soummam ». Le chef de la wilaya IV a estimé que l'arrivée de Charles de Gaulle au pouvoir et l'avènement de la Ve République française en 1958 étaient un autre tournant de la révolution avec, notamment l'appel au dialogue lancé dans le seul objectif de faire renoncer le FLN à l'idée de l'indépendance. « Dans les rangs de l'ALN, on disait, pour s'amuser de l'initiative, que même face à deux goals (prononciation de de Gaule), le but sera marqué », se rappelle le commandant, en guise d'anecdote. Evoquant l'écriture de l'histoire de la révolution, Lakhdar Bouragâa regrette le fait que des historiens étrangers soient plus motivés et intéressés sur le sujet. « Ils en savent plus que nous », fait-il observer.