Les vacances se terminent cahin-caha. Les bords de mer se vident discrètement pour laisser place aux toutes dernières vagues d'estivants venus faire trempette avant le début du jeûne. Dans cette atmosphère de transhumance vacancière, les gens se précipitent déjà vers les points d'achat pour faire provision de victuailles et parer à la première semaine de ramadan. Les marchés affichent pour le moment une douce mercuriale pour les fruits et légumes. Il faudra toutefois attendre les premières cueillettes des fruits d'automne. Pour cette saison, ça sera les figues de barbarie. Ce magnifique panier automnal s'annonce sous de bons auspices. Les fruits de cactus, à leur première germination, sont vendus en bord de route. Un spectacle qui fait renaître l'envie de faire une virée champêtre pour acheter sa corbeille en osier comblée de «passions». Les plaisirs de la mer laissent place aux plaisirs de la campagne qui arrivent à détourner les regards vers les fermes avoisinantes, là où se trouvent les secrets de la nature. Comme au bon vieux temps, les pots au lait reviennent pour transporter le discret laitage des bonnes vaches. Cette année, parole de fermier, le lait sera en abondance, les plus malins pouvant même faire du fromage avec. Le djben des montagnes est déjà prêt sur la route de Hamam Melouane. Les montagnards de la région n'ont pas failli à la règle. Le beau rond de campagne, soigneusement blotti dans une feuille de figuier attend preneur. Dans ce bout d'Eden accroché entre Alger et Blida, les préparatifs du ramadan se font aussi au rythme des potiers où l'argile soigneusement manipulée par des mains savantes, libère les premiers ustensiles en terre cuite. On ne saurait jeûner sans cette chorba fumante que dégage la «kedra».