Le directeur du village, Abdelhamid Belhadji, a frappé à toutes les portes pour surseoir à cette décision inattendue et incompréhensible, dont, dit-il, il ignore le mobile. Elle a été vécue comme un déchirement par les enfants et le personnel. Heureusement, plusieurs personnalités et autorités sont intervenues dans l'intérêt des enfants. A ce propos, le directeur du village rend hommage à toutes les personnes qui, de près ou de loin, ont placé l'intérêt des enfants au-dessus de toute « considération ». Dès l'annonce de l'annulation de la décision de la fermeture du centre, une liesse indescriptible règne au niveau des lieux. Des banderoles des tags où on peut lire « Vous ne marcherez jamais seuls », dans les trois langues, expriment le soulagement du personnel. Malika Yousfi, superviseur, est encore sous le choc de la séparation de deux frères (4 et 5 ans). L'un deux a été déplacé du village où il vivait avec son frère par décision du juge des mineurs. Le déchirement a été tellement fort et les scènes poignantes que les présents ont versé des larmes. Belhadji s'est démené pour ne pas perturber les enfants qui vont passer des examens. Des âmes charitables sont intervenues pour sauver le village. Pour Malika Yousfi, « la famille est sacrée pour l'épanouissement des enfants ». « Un enfant qui perd ses parents et n'a pas de famille doit vivre avec une maman de substitution pour s'épanouir », a-t-elle indiqué. D'ailleurs, a-t-elle poursuivi, « nous avons entamé un programme de renforcement de la famille depuis 2005 ». L'objectif est de prévenir l'abandon. Ce programme concerne pour le moment quatre sites (Naciria, Boumerdès, Alger et Tizi Ouzou) avec 137 familles. 450 enfants susceptibles d'être livrés à la rue vivent au sein de leurs familles grâce à ce programme. Ce dernier a été lancé par les Nations unies et propose des lignes directrices pour la protection et non le placement des enfants. Ce programme propose, en particulier, l'amélioration des conditions de vie de ces familles et le versement d'un revenu. Des petits métiers (apiculture, élevage caprin ou ovin, artisanat) sont financés. « On initie même des mères à la connaissance des droits de l'enfant et des dangers de la rue », a-t-elle précisé. Grâce à ce programme, le parent qui a la charge de l'enfant s'engage à suivre sa scolarité. Ce sont les APC et les associations locales qui dressent les listes des familles nécessiteuses ou des mères abandonnées, veuves avec enfants. Une enquête est enfin diligentée par le Village SOS enfants de Draria pour cibler les familles qui nécessitent aide et assistance. « Frères de cœur » Au village, les enfants sont rois. S'ils ne sont pas à l'école, ils aident aux tâches ménagères ou simplement pratiquent leur sport favori. Pour soulager leur douleur, une équipe de psychologues a été détachée par le ministère de la Solidarité. « Le travail est énorme », soutient Mme Yousfi. « Ici, dans cet espace, il y a une famille qui est constituée d'une maman de substitution et de frères et de sœurs de cœur », a-t-elle indiqué. Arrivés à l'âge de 18 ans, les pensionnaires sont logés ailleurs en colocation et les frais du bail sont pris en charge durant un an par le village. Les activités sportives et de plein air proposées aux pensionnaires sont variées. La plongée sous-marine est l'une des plus appréciées. Le ministère de la Jeunesse et des Sports a réservé un centre à Aïn Témouchent pour les colonies de vacances au profit de ces enfants. Concernant la prise en charge médicale, la DGSN a mis à la disposition du village toutes ses structures de santé. Belhadji insiste sur la notion d'éducation familiale. Celle-ci s'articule sur une personne de référence qui est la mère et le respect de la fratrie. Ce lieu de vie n'est qu'une réplique de la maison familiale. Pour ce responsable, « la spécificité du village doit être maintenue pour éduquer les enfants selon nos traditions et principes ». Le Village SOS enfants de Draria appartient à une organisation internationale.