Plusieurs parents, constatant la passion presque obsessionnelle de leur progéniture pour leurs consoles de jeux, s'inquiètent. S'agit-il vraiment là d'un passe-temps sain et innocent ? Les jeux vidéo sont-ils dangereux ? Risquent-ils de transformer les enfants en joueurs compulsifs ? L'ordinateur (logiciels, cédéroms, Internet, tablettes, téléphones intelligents) offre des jeux spécialement conçus pour les enfants. On trouve aussi des consoles de jeux vidéo (Wii, Xbox, PlayStation, Game Boy, DS) qui, très tôt, captivent l'enfant. « Selon certaines directives psychologiques en matière de comportement sédentaire pour la petite enfance, les enfants de 2 à 4 ans ne devraient pas dépasser une heure d'activité passive par jour. Les 5 ans et plus, pas plus de deux heures, tout type d'écran confondu », a expliqué Houssem Aggoun, psychologue à l'hôpital Drid-Hocine. Selon ce dernier, l'ensemble des heures passées à regarder la télévision, à jouer à l'ordinateur ou à la console, doit être reconsidéré. « Les enfants de moins de 2 ans ne devraient pas être exposés à la télévision ou à l'ordinateur », conseille-t-il. Pour les jeunes jouant de façon modérée, soit moins de trois heures par jour, aucun effet négatif ou positif n'a pu être repéré. Le psychologue explique que l'influence des jeux vidéo chez les enfants, en bien ou en mal, est faible par rapport à des facteurs plus « durables » tels que la famille fonctionnelle, relations à l'école ou encore s'ils sont matériellement défavorisés. En revanche, les enfants qui jouaient de façon plus excessive ne sont pas « aussi bien dans leurs baskets ». Du moins, ils sont, selon lui, moins sociables, heureux, etc. que ceux qui jouent une heure seulement et ceux qui ne jouent pas du tout. L'étude suggère que cela pourrait être lié à un manque d'enrichissement venant d'activités extérieures, ou à l'exposition à des contenus inappropriés, souvent pensés pour les adultes. « De nos jours, une majorité de spécialistes de la santé mentale s'entendent sur le fait que les jeux vidéo peuvent bel et bien être à l'origine d'une certaine forme de dépendance », a-t-il fait savoir. « On estime que moins de 5 % environ des utilisateurs de jeux vidéo ont un problème. Les cas de dépendance chez les enfants de moins de 12 ans sont rarissimes. En tant que parent, il demeure toutefois important d'être vigilant », a-t-il estimé. Selon lui, les jeux vidéo peuvent procurer une certaine excitation au joueur et ils sont réputés être à l'origine de la libération de neurotransmetteurs associés à l'euphorie (dopamine, endorphine). Leur effet, pour certains utilisateurs, pourrait donc s'apparenter à l'effet d'une drogue. « Les symptômes d'une dépendance aux jeux vidéo sont facilement perceptibles. L'enfant joue tous les jours, souvent pendant plusieurs heures. Il ne parvient pas à diminuer le temps passé à jouer », explique le psychologue. Selon lui, l'enfant est irritable lorsqu'on lui interdit de jouer ou qu'il n'a pas accès à son jeu. « Il choisit les jeux vidéo au détriment des activités sociales ou sportives et même de ses études (devoirs négligés, école buissonnière, etc.) », a fait savoir ce dernier. « Il lui arrive de manquer des repas pour jouer jusque tard dans la nuit. Il tente même de dissimuler le temps passé à jouer aux jeux vidéo », a-t-il déploré. Selon lui, si le parent constate que son enfant présente plusieurs de ces symptômes, il est possible qu'il soit victime d'une forme de dépendance aux jeux vidéo. « Si c'est le cas, il faut que le parent prenne les mesures nécessaires pour l'aider, car les conséquences peuvent être sérieuses », s'est-il alarmé. « Si vous croyez que votre jeune est sur une pente dangereuse, vous pourrez l'aider à rentrer dans le droit chemin. Il vaut mieux ne pas attendre avant d'agir. Plus l'enfant est jeune, plus il sera réceptif au soutien des parents », conseille le Dr. Aggoun. En premier lieu, il est important que le parent démontre un intérêt envers l'univers des jeux vidéo. « Si vous tentez d'aider votre enfant sans avoir la moindre idée de l'objet de sa passion, il y a de fortes chances que vous ne soyez pas crédible à ses yeux », a-t-il expliqué. « Sachez qu'il est inutile d'interdire les jeux vidéo à votre enfant. S'il n'y a pas accès à la maison, il ira jouer chez un ami ou dans un cybercafé », a fait remarquer le psychologue. Selon lui, l'important, c'est tout d'abord de maintenir le contact et le dialogue avec l'enfant. « Soyez ferme et exigez de lui qu'il passe certains moments bien précis, comme les repas en famille », a-t-il suggère. Il se montre catégorique. Les enfants livrés à eux-mêmes, sans autre compagnie que la console ou l'ordinateur, sont plus susceptibles de développer une dépendance aux jeux que les autres.