La lutte contre le phénomène de la corruption ne laisse indifférent aucun parti politique. En la dénonçant, en appelant à son éradication, chacun d'eux estime pouvoir contribuer à la moralisation de la vie publique. Quand la corruption prend des proportions alarmantes, c'est un signe de mauvaise santé pour la démocratie dans n'importe quel pays et une menace plane sur le fonctionnement des institutions et des rouages sociaux. « Pire, elle nous déshonore à l'extérieur», affirme le porte-parole du RND, M. Miloud Chorfi. Il n'est nullement surprenant alors de voir beaucoup d'élus au sein de l'APN évoquer le thème pour s'attirer la sympathie d'une opinion révoltée par la cascade de révélations sur ce sujet sulfureux. Dans notre pays, de nombreux projets ont été entachés d'irrégularités. La justice a entrepris des enquêtes sur la gestion de l'autoroute Est-Ouest, du Haut commissariat au développement de la steppe… De grandes sociétés ou organismes publics, à l'instar de la Sonatrach, de l'Institut Pasteur, des banques ont été, par ailleurs, ébranlés par des scandales de même nature. L'important budget alloué par l'Etat à l'investissement public au titre du programme quinquennal en cours (286 milliards de dollars) permettrait un développement tous azimuts du pays. Une crainte de voir la corruption accompagner de son exécution s'est ouvertement exprimée par notamment le SG du FLN lors de l'université d'été du FLN qui s'était déroulée à Mostaganem. LE RÔLE DE LA JUSTICE La classe politique paraît unanime. «Nous n'avons jamais cessé d'appeler à la mise en place de mécanismes de nature à éviter les détournements d'argent public ou de recours à des procédés illégaux dans l'attribution des marchés», nous a affirmé le porte-parole du RND, M. Chorfi. «Le secrétaire général du parti, a-t-il poursuivi, a toujours été clair dans ses discours et ses actes. Le RND exclut de ses rangs ceux des élus locaux qui ont détourné de l'argent public». Il salue au passage la mise en place de l'Organe national de prévention et de lutte contre la corruption. Cette adhésion de notre pays aux textes internationaux de lutte contre la corruption est soulignée par M. Boubker, porte-parole du MSP qui estime que «la persistance du phénomène est préjudiciable au développement du pays et décrédibilise les institutions». Toutefois, ajoutera-t-il, «la lutte contre la corruption n'est pas uniquement du seul ressort du gouvernement, mais relève aussi de la responsabilité de tous, notamment la presse». Si la volonté de lutte ne fait pas défaut au FLN avec une réaffirmation récurrente de Belkhadem, quelques élus veulent aller plus loin que les déclarations de principe. Ainsi pour le député Cherrar, «il faut beaucoup plus que de simples lois pour combattre ce fléau».Au PT, on veut aller également au-delà de la simple dénonciation et du combat qui relèvent de l'appareil judiciaire. Il existe aussi une corruption politique qu'il faut combattre en tenant éloignés des appareils de représentation des milieux d'affaires. Pour Mme Hanoun, il faut aussi rendre comptables tous ceux qui ont pillé les biens publics du peuple que ce soit dans le cadre de la privatisation ou du partenariat». Au FNA, M. Moussa Touati nous a de nouveau confirmé son désir de voir «la mise en place des cours de justice spécialisées dans la lutte anticorruption». Les procureurs de la République doivent également, ajoute-t-il, jouir de larges prérogatives afin de pouvoir prendre en charge «le terrorisme économique». Enfin, le député Hakim Saheb du RCD qui avait interpellé le ministre de la Justice sur les retards de la mise en place de l'Organe de lutte en application de la convention des Nations unies de lutte contre la corruption ratifiée par notre pays en 2006 estime insuffisants les textes. « Certes, nous dit-il, il faut des instruments mais à la base, il faut que s'exprime fortement et sans ambiguïté une volonté politique pour prévenir ce fléau devenu ces dernières années une véritable gangrène».