C'est une Algérie profondément ancrée dans sa culture plurielle qui célèbre, demain, en grande pompe, le premier jour de la nouvelle année amazigh, Yennayer 2966. A travers les quatre coins du pays, des activités diverses accompagneront cette date incarnant l'un des piliers majeurs de l'identité algérienne et, dans une plus large mesure, maghrébine. Société et institutions sont fortement mobilisées pour la sauvegarde et la promotion de cette vieille et illustre civilisation amazigh qui tire son essence et ses racines des tréfonds de l'antiquité nord-africaine. Précisément, à l'an 950 av. J-C, correspondant à la date où le roi amazigh Chachnaq 1er fut intronisé pharaon d'Egypte après avoir fondé la XXIIe dynastie qui régna sur l'Egypte jusqu'à l'an 715 av. J-C. Ce roi berbère avait réussi à unifier l'Egypte pour ensuite envahir la Palestine. Plus de deux millénaires après, en 2016, la fête de Yennayer intervient dans un contexte particulièrement important, marqué par l'introduction, dans le cadre de l'avant-projet de révision constitutionnelle, de tamazight comme langue officielle. Yennayer est le premier jour de l'an du calendrier agraire utilisé depuis l'antiquité par les Berbères à travers l'Afrique du Nord. Il correspond au premier jour de janvier du calendrier julien qui, aujourd'hui, est décalé de 13 jours par rapport au calendrier grégorien, soit le 14 janvier de chaque année. Suite probablement à une erreur des premières associations culturelles qui ont prôné le retour à cette fête traditionnelle, menacée de disparition, l'opinion que la date traditionnelle est le 12 janvier est très répandue, surtout en Algérie. Dans certaines régions du pays, Yennayer coincide avec le 13 janvier et le 12 est « imensi gennayer », la veille de Yennayer. Les gens se réunissent et attendent la venue de la nouvelle année. C'est le 12 que « amghar ouchouqyaye » est chassé par les habitants qui l'accusent de tous les maux de l'année écoulée. Pour marquer l'évènement, un cours sur l'importance de la célébration du nouvel an amazigh Yennayer sera dispensé demain dans tous les établissements scolaires. Le cours organisé par le ministère de l'Education nationale en collaboration avec le Haut-Commissariat à l'amazighité concernera les trois cycles de l'éducation (primaire, moyen et secondaire) et portera sur les dimensions historique, socio-économique, culturelle, scientifique et environnementale de l'an amazigh. Il s'agira également de mettre en avant l'importance de cet évènement que les pays d'Afrique du Nord célèbrent selon des traditions et coutumes héritées des ancêtres. Ce cours programmé à l'occasion du nouvel an amazigh, célébré le 12 janvier de chaque année, « vise à réaffirmer l'engagement du ministère à renforcer la constitutionnalisation de la langue amazigh comme langue nationale et officielle ».