Messaoud, assailli par les voix qui lui demandent de revenir, se dresse sur son séant. «Vous qui m'interpellez de la sorte, vous ne devez pas ignorer combien je désire très fort retourner dans mon pays ! Mais hélas, je suis retenu prisonnier sur cette île et je ne vois pas venir la délivrance !» Il se met à pleurer mais les voix continuent à l'appeler : «Viens, Messaoud, viens, quitte cette cellule !» Rêvait-il ou la porte de la prison s'est-elle réellement ouverte ? Quoi qu'il en soit, il se retrouve en face d'un vieillard qui le regarde en souriant. «Tu n'es pas un geôlier», dit Ba Messaoud… Le vieillard, toujours souriant, répond : — Comment le sais-tu ? — D'abord je ne te connais pas, ensuite les geôliers de cette prison ne sourient jamais aux captifs ! Le vieillard hoche la tête. — Comme tu as dû souffrir ! — Oui, dit Ba Messaoud. Cela fait vingt ans que je suis emprisonné sans l'espoir d'une délivrance ! — Aie confiance en Dieu, il entendra tes prières ! — Dis-moi, noble vieillard, qui es-tu ? — Je suis Sidi Brahim ! Ba Messaoud essaye de se rappeler où il a déjà entendu ce nom. «Sidi Brahim, Sidi Brahim…» Le vieillard s'offusque : « Tu ne me connais pas ! Tu as oublié mon nom !» Ba Messaoud s'excuse, humblement : — Pardonne-moi, vénérable vieillard !