Risque n Même si nous évitions l'amalgame de mots et que nous faisions la différence entre le nucléaire civil et le nucléaire militaire, le résultat serait toujours le même. Avec la catastrophe de Fukushima, qui n'est pas encore tout à fait jugulée, l'opinion publique des pays développés se rend compte aujourd'hui de trois choses, à savoir qu'une centrale nucléaire moyenne, qui coûte 450 millions d'euros pour être construite, coûte autant pour être détruite ou délocalisée. Elle se rend compte que ses ingénieurs qui ont tout prévu dans leurs calculs pour monter ces complexes ont oublié le plus important, que les populations n'étaient pas à l'abri du danger, entre autres les séismes, surtout lorsqu'ils sont de très forte magnitude ou des tsunamis. Enfin, cette opinion publique, aujourd'hui particulièrement critique, estime qu'avec le coût d'une seule centrale, on pourrait installer des milliers d'éoliennes et autant de plaques photovoltaïques qui produiraient une électricité tout aussi abondante et pas chère sans le risque de pollution nucléaire. À l'évidence, le tout nucléaire a vécu. Même si des pays aussi développés que la France proclament par la bouche du Premier ministre : «Nous sommes dans le nucléaire et nous comptons y rester.» Ces professions de foi sont malheureusement démenties par la dure réalité du terrain. Le même François Fillon vient d'ailleurs d'octroyer au nom de son pays une aide de 47 millions d'euros aux Ukrainiens à Kiev pour payer le sarcophage de leur centrale de Tchernobyl. Pour avoir une idée du travail titanesque qui va être réalisé pour monter cet immense coffrage près de 200 mètres de béton spécial en longueur comme en largeur seront nécessaires pour y arriver. Ainsi qu'un dôme dans le même matériau trois fois plus haut que la tour Eiffel qui sera monté sur rails. Et pourtant la catastrophe a eu lieu il y a plus de 25 ans, en 1986 exactement. Des études médicales très poussées ont montré que non seulement la population de Tchernobyl a été affectée directement ou indirectement par de graves lésions mais également les enfants qui sont nés après l'arrêt de la centrale. Des analyses ont également montré que beaucoup d'entre eux étaient atteints du cancer de la thyroïde et que certains mêmes portaient des traces de celtium dans leurs os. Après Tchernobyl et Fukushima, des pays se posent très sérieusement la question aujourd' hui de savoir si le nucléaire a un avenir. L'Italie s'apprête à le demander à la population par référendum. Certaines régions du Sud comme les Pouilles n'ont pas attendu le choix des urnes pour se mettre directement aux énergies renouvelables, comme les éoliennes. Mais au-delà des polémiques des uns et des procès des autres, une chose est certaine, le nucléaire n'est pas sans risque. Même si nous évitions l'amalgame des mots et que nous fassions la différence entre le nucléaire civil et le nucléaire militaire, le résultat serait toujours le même. Avec tous les missiles qui sont entreposés un peu partout aujourd'hui, on pourrait détruire sept fois la planète. Avec toutes les centrales civiles actuellement en production dans le monde, les risques d'accident sont loin d'être écartés et personne n'est à l'abri.