Contraintes - Une course en taxi commence par l'appréhension de ne pas en trouver un et se termine, toujours, par un petit suspense : combien vais-je payer ? Les taxis sont l'un des premiers moyens de transport utilisés par les Algériens, notamment dans les grandes villes, toutefois ils demeurent les plus pénibles. L'Etat algérien parviendra-t-il à mettre un terme à l'anarchie qui règne dans la réglementation des taxis ? Peut-être mais en attendant les taxis font la loi ! Pour y remédier, le gouvernement avait opté, l'an dernier, pour une nouvelle législation en promulguant un décret visant à appliquer «le respect des règles régissant l'activité des voitures taxis.» Au titre de ce nouveau texte de loi, le ministère des Transports s'est fait un point d'honneur d'imposer l'application d'une tarification sur la base du taximètre et la nécessité d'assurer le transport pendant les jours fériés et la nuit. Pourtant les «taxieurs», notamment dans les grandes villes comme Alger et Oran, continuent à conduire et à facturer suivant leur humeur ou à la tête du client. «Les taxieurs ne connaissent que la place Audin et celle du 1er-Mai !», entend-on souvent dans les rues d'Alger. Il est vrai que la plupart du temps les chauffeurs refusent de déposer les passagers dans les quartiers peu fréquentés. Ils leur préfèrent les grandes artères et les lieux de rencontre pour rentabiliser leur course. Ils tolèrent éventuellement les trajets payés à la course, mais en imposant le prix fort alors que la réglementation en vigueur interdit ce genre de pratiques qui consiste à imposer des itinéraires ou encore à les surtaxer. Et pourtant, la valse des prix est fréquente dans les grandes villes. En effet, une course peut coûter de 50 à 500 DA, sur un même trajet, si on ne sait pas négocier. Aussi, tous les moyens sont bons pour gonfler le montant de la course : compteurs trafiqués, détours non justifiés et surfacturations demeurent des pratiques courantes. Par ailleurs, les horaires et les jours influent sur les tarifs. A Alger, par exemple, dès 18h les taxis se font rares et les tarifs grimpent en flèche. De même pour les jours fériés ou les vendredis, jours durant lesquels prendre un taxi relève du parcours du combattant. Et là, la réglementation ne semble pas, vraiment, faire ses preuves. Tant du côté des clients que des chauffeurs. Ces derniers expriment également, leurs doléances et estiment qu'ils sont lésés et qu'ils font face, de leur côté, à des difficultés financières, mais aussi en relation avec l'accès à leur licence de taxis. En janvier dernier, un vaste mouvement social avait été lancé, à Alger, par les taxis collectifs pour signifier leur mécontentement face à l'augmentation de la tarification des taxis compteurs mais qui ne les a pas concernés, d'une part, et pour mettre un terme aux sanctions qu'ils subissent pour leur non-application de la loi, d'autre part. Enfin ces derniers jours, des chauffeurs de taxi se sont élevés pour dénoncer les conditions d'attribution des licences. A l'ouest du pays, ces mêmes taxieurs ont observé une grève pour faire valoir leurs «droits». Passager ou derrière le volant, le taxi est source de mécontentement. Il semblerait qu'une loi ne suffise pas à simplifier ce moyen de transport.