Performance ■ «Je suis artiste et designer et sur le fil entre les deux». Cette frontière entre les deux vocations donne à l'exposition de princesse Zazou, alias Hania Zazoua, un nouveau parler dans l'art contemporain dans le paysage artistique algérien. Elle a osé des créations en synchronisation avec le monde qui l'entoure, jusqu'à l'insolite. Un monde moderne tonitruant de bruit, envahisseur par ses couleurs et ayant un besoin vital de rêves. Ce sont ces rêveries, des fantasmes, tout juste ce qu'il faut d'utopie, de saut dans le fantastique qu'elle a matérialisés dans ses créations. Au fait «chadi madi qali rassi», un jeu auquel nous jouions enfants, sans interposition de genre, laissait au hasard de choisir la main dans laquelle est caché l'objet. Là, également, il y a une sorte de jeu où «qali rassi» n'est autre que la pensée domestiquée de l'artiste, le libre arbitre, confirmant les images, les bruits et les teintes à qui l'artiste a donné une parole inaccoutumée. Huit toiles de grande dimension accompagnant ou faisant amitié avec des chaises et canapés, des tambourins utiles au travail du fil et de l'aiguille, des tapis, des coussins, tout est insolite, inaccoutumé à ce que l'on a l'habitude de voir. Hania Zazoua l'explique comme étant une création à l'image de ce 21e siècle, où tout bouge, se bouscule, se précipite, nous surprend tout en nous entraînant à sa suite. La plasticienne le veut ainsi et l'explique également, de cette manière, avec exubérance en parlant de son art exubérant. A l'aise quant à son travail, où les formes, les objets, le mariage des thèmes s'entrechoquent, pour donner une expo presque hors norme dont elle dit : «J'ai eu envie de combiner mes objets design avec mes créations artistiques.» Des représentations invraisemblables viennent s'incruster dans les toiles, comme la mouche, le ballon de football, des lapins, des têtes de cerfs, des coupures de journaux...Tout cela employé en un discours réticent à une poursuite contre la montre. Calligraphie, céramique ancienne, merharmet leftoul, karako, dames à l'ancienne interviennent dans l'univers créateur de Hanna Zazoua comme étant des rappels, des réminiscences. Une approche artistique largement inspirée par le mix'art où la technique mixte s'alliant à différents produits et supports entre la broderie, apports numériques, photographie, devient un art entier auquel se réfère la designer. L'exposition se déroule jusqu'au 15 mars au sein de la galerie Ezzou'Art sise au centre Commercial de Bab Ezzouar. Princesse Zazou, est une plasticienne designer. Elle est diplômée de l'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger et de l'Ecole supérieure d'art d'Aix-en-Provence.