Regrets n A chaque fois, au lieu d'agir concrètement, on s'attarde – lors des colloques et autres séminaires ou forums – sur des théories qui, au final, ne veulent rien dire et n'apportent rien de nouveau au 7e art algérien. La relance de l'activité cinématographique piétine encore. Elle s'enlise dans des considérations stériles et des discours inopérants. Depuis près de vingt ans, les instances concernées promettent de se pencher sur la question et d'aboutir à un résultat concret. Mais rien n'y est fait. Que des promesses. Au lieu d'agir de façon pratique et durable en vue de donner une impulsion nouvelle favorable à instaurer une dynamique cinématographique efficace et rentable, on continue à se fourvoyer dans les méandres des ébats qui n'en finissent plus et qui bloquent toute procédure en mesure de hisser le cinéma au plus haut degré de son expressivité. A chaque fois, au lieu d'agir concrètement, on s'attarde – lors des colloques et autres séminaires ou forums – sur des théories qui, au final, ne veulent rien dire et n'apportent rien de nouveau au 7e art algérien. Et le dernier en date est le colloque international sur «les conditions et les contraintes de la production cinématographique en Algérie», organisé récemment à Constantine (5 et 6 mars). Et une fois encore, voire pour la énième fois, les professionnels du cinéma se sont réunis, non pas pour apporter des solutions et mettre en œuvre les mesures prises pour relancer sérieusement l'activité cinématographique, mais pour raconter leurs difficultés à trouver des montages financiers pour réaliser leurs films. Pour la énième fois, et ce, depuis le début des années 2000, les responsables utilisent le même discours, et les organisateurs du récent colloque à Constantine ont repris le même discours déjà porté dans le passé. En effet, les instances concernées se limitent à reproduire le même schéma tracé avant eux par leurs prédécesseurs, elles se contentent de dire : «Nous avons constaté que beaucoup de producteurs algériens trouvent des difficultés à faire des montages financiers pour la réalisation de films. Certains ont du mal à trouver de bons scénarios pour lancer des projets ou à recruter des techniciens qualifiés pour les tournages. Aussi, avons-nous décidé de regrouper plusieurs intervenants dans le domaine cinématographique pour en débattre et ouvrir des pistes de réflexion», a expliqué, lors du colloque, Mourad Chouihi, directeur général du Centre national de la cinématographie et de l'audiovisuel (CNCA) – notons que ces propos ont été rapportés par le quotidien El Watan. Les pouvoirs publics résument leurs actes ou leurs initiatives à de simples constats pour justifier l'organisation d'un tel ou d'un tel autre colloque. Et si on ne se perd pas dans de pareils propos, on stagne dans d'autres, dans le genre où on rappelle simplement la volonté de l'Etat de relancer le cinéma algérien, une volonté qui, cependant, tarde à se concrétiser. On est encore là à dire que la volonté politique est primordiale pour la renaissance du cinéma en Algérie. On est encore là à se rappeler avec nostalgie de l'apport de l'Etat, dans les années 1970 et 1980, à l'activité cinématographique, apport qui a permis de produire, selon les professionnels, «des films intéressants et compétitifs sur la scène internationale». On est encore toujours là dans «nous déplorons…», «nous essayerons de…», «nous allons faire…», «il est important que l'Etat…» et bien d'autres formules apprises depuis par cœur. A quoi servent les colloques si, à chaque fois, rien n'est fait. Assez de parlote. Il faut agir concrètement, sur le terrain et sans plus tarder.