Littérature - Après avoir été couronné par le Prix de l'Association France-Algérie en février dernier, le dernier ouvrage de Samir Toumi «L'effacement, publié au éditions Barzakh, a été sélectionné pour le Prix de la littérature arabe 2017. Le roman, une fiction, est l'histoire d'un quadragénaire au comportement maladif et anxieux suscité par la présence invisible mais palpable du paternel décédé une année auparavant. Le «Commandant Hacène», haut gradé durant la guerre de Libération, personnalité incontournable à l'Indépendance, va de par son caractère trempé et autoritaire littéralement «écraser» son fils. L'attitude absolue du géniteur va engendrer chez le personnage principal du récit «le syndrome de l'effacement». Des symptômes d'ordre psychologique apparaissent lorsque le narrateur ne distingue plus, le jour de ses 44 ans, son image dans le miroir. Signes et questionnements vont le pousser à consulter un psychiatre. Les séances de thérapie, qui au lieu d'apporter une aide salutaire, vont davantage plonger le héros (anti-héros) dans une voie sans issue de renoncement et de dépression. S'installe alors ce «mal étrange qui semble frapper exclusivement les fils d'anciens combattants de la guerre de Libération». Samir Toumi, qui en est à son deuxième ouvrage, a d'emblée conquis le lecteur avec son premier ouvrage «Le cri». L'auteur, venu tard à l'écriture, a investi sans conteste le champ littéraire algérien. A noter que sept autres titres ont été sélectionnés pour le prix de la littérature arabe 2017. Il s'agit de «Mourir est un enchantement» de Yasmine Chami (Actes Sud), «La fille de Souslov» de Habib Abdulrab Sarori (Actes Sud), «Seul le Grenadier» de Sinan Antoon (Actes Sud), «Un oiseau bleu et rare vole avec moi» de Youssef Fadel (Actes Sud), «Une femme sans écriture» de Saber Mansouri (Seuil), «Cinquante grammes de paradis» d'Imane Humaydan (Verticales). A la rentrée prochaine, sous la présidence de Pierre Leroy, numéro trois du groupe Lagardère, leader mondial de l'édition, le jury définira le nom du lauréat. Le 18 octobre prochain, une cérémonie de remise du prix se déroulera à l'Institut du monde arabe à Paris en présence de Jack Lang président de l'IMA. Créé en 2013 par la Fondation Jean-Luc-Lagardère et l'Institut du monde arabe, le Prix de la littérature arabe est décerné à un écrivain, ressortissant d'un pays membre de la Ligue arabe et auteur d'un ouvrage publié - roman, recueil de nouvelles ou de poèmes -, écrit en français ou traduit de l'arabe vers le français. Seule récompense française distinguant la création littéraire arabe, ce prix est doté d'un montant de 10 000 euros. Lors de son installation en 2013, le prix à été attribué au Libanais Jabbour Douaihy pour son roman «Saint Georges regardait ailleurs» (Actes Sud). En 2014, 2015, 2016, il a été décerné successivement à l'Egyptien Mohamed al-Fakahrany pour son roman «La traversée du K.-O.» (Seuil), au Saoudien Mohammed Hasan Alwan pour son roman «Le Castor» (Seuil) et à l'Irakienne Inaam Kachachi pour son roman «Dispersés» (Gallimard).