Résumé de la 30e partie n Sal suggère à Neeve de l'inviter à dîner chez elle. Cela lui permettrait de rencontrer Nick Sepetti qui venait de passer le week-end au commissariat. Avec des douzaines et des douzaines de formes, de motifs, chacun unique en son genre. Des bleus argentés ; du corail veiné de rouge. Je me souviens d'un poisson jaune, étincelant comme un soleil matinal, rayé de noir. Et la grâce des mouvements ! Je pensai, si seulement je pouvais reproduire ça sur du tissu ! Je me suis mis aussitôt à mes crayons. J'ai tout de suite su que c'était superbe. J'ai gagné le prix Coty cette année-là. Ce fut un tournant dans la mode. Les ventes furent fantastiques. Plus les licences pour la diffusion et les accessoires. Et tout ça parce que j'ai été assez malin pour copier Mère Nature.» Il suivit son regard. «Ce dessin ? Magnifique, hein? Gai. Elégant. Gracieux. Flatteur. C'est encore aujourd'hui ce que j'ai créé de mieux. Mais ne le dis à personne. Ils ne m'ont pas encore rattrapé. La semaine prochaine, tu auras droit à une avant-première de ma collection d'automne. Mon second coup de génie. Sensationnel. Comment va l'amour de ta vie ? — Il n'y en a pas. — Et ce type que tu avais invité à dîner il y a deux mois ? Il était fou de toi. — Le fait que tu aies oublié son nom est significatif. Il fait toujours fortune à Wall Street. Vient d'acheter un Cessna et un appartement à Vail. N'y pense plus. C'était sans le moindre intérêt. Je ne cesse de le répéter à Myles et je te le dis : lorsque I'homme de ma vie se présentera, je le saurai. — N'attends pas trop longtemps, Neeve. Tu as grandi au milieu d'un roman d'amour de conte de fées, I'histoire de ta mère et de ton père.» Sal avala d'un trait la dernière gorgée de son café. «Pour le commun des mortels, il en va autrement.» — Neeve eut un instant envie de rire à la pensée que dès qu'il se trouvait avec des proches et se laissait aller à l'éloquence, Sal perdait son accent italien raffiné et retrouvait son jargon natal. Sal continua : «La plupart d'entre nous se rencontrent. Se plaisent un peu. Puis un peu moins Mais continuent à se voir, et progressivement il se passe quelque chose. Rien de magique. — Peut-être seulement de l'amitié. Chacun s'en arrange. Nous n'aimons peut-être pas l'opéra, mais nous allons à l'opéra. Nous détestons courir ou prendre de l'exercice, mais nous nous mettons à jouer au tennis ou à faire du jogging. Puis l'amour s'installe. C'est comme ça pour quatre-vingt-dix pour cent des gens dans le monde, Neeve. Crois-moi. — Est-ce ainsi que c'est arrivé dans ton cas ? demanda doucement Neeve. — A quatre reprises.» Sal eut un large sourire. «Ne sois pas si impertinente. J'ai un tempérament optimiste.» Neeve termina son café et se leva, complètement réconfortée. «Moi aussi, je pense, et tu l'as réveillé. Veux-tu venir dîner mardi ? — Parfait. Et n'oublie pas, je ne suis pas le régime de Myles, et ne me dis pas que j'ai tort.» Neeve le quitta en l'embrassant, le laissa dans son bureau et traversa rapidement le showroom, examinant d'un œil exercé les modèles présentés sur les mannequins. Rien d'époustouflant, mais du bon travail. Une utilisation subtile de la couleur, des lignes pures, de l'innovation sans trop d'audace. Ils se vendraient très bien. Elle se demanda ce qu'était le collection d'automne de Sal. Etait-elle aussi bonne qu'il affirmait ? (à suivre...) D'après Mary Clark Higgins