Des centaines de programmes culturels pullulent un peu partout dans le pays. Certains attirent les foules, d'autres les initiés, tandis que d'autres servent beaucoup plus des intérêts qu'elles ne produisent l'effet escompté, c'est-à-dire la socialisation de la culture assortie d'une ouverture chassant la médiocrité et imposant la créativité. Des centaines de programmes culturels pullulent un peu partout dans le pays. Certains attirent les foules, d'autres les initiés, tandis que d'autres servent beaucoup plus des intérêts qu'elles ne produisent l'effet escompté, c'est-à-dire la socialisation de la culture assortie d'une ouverture chassant la médiocrité et imposant la créativité. Chasser le naturel, il revient au galop, dit le proverbe. Les orientations édictées sur le renouveau culturel battent de l'aile. Seules quelques esquisses continuent de s'imposer malgré leur déphasage visible et le faible audimat qu'elles enregistrent. D'autres se frayent des passages pour quelques espaces d'expression pour tenter vaille que vaille de coller à un tel évènement. La complicité des uns (responsables ou gestionnaires des offices) ou leur incompétence à discerner les réelles initiatives méritoires à briller sous les feux des projecteurs, a permis à des productions quelconques dépourvues d'aspects artistiques ou créatifs de s'imposer, imprégnant le secteur du sceau de la médiocrité, qui, de plus, est chèrement payée. Le visa accordé à certaines productions de mauvaise facture et la voie ouverte à des pseudos artistes révoltent les muses et contribue à transformer la culture en «accessoire» facultatif. Et ces prétendues réalisations ne satisfont que ceux qui les ont produites, financées et le public non exigeant, car ignorant la vraie culture, le vrai art. Pourtant, même si le baromètre d'audience est loin d'être favorable à toutes les affiches proposées au large public, on continue à les promouvoir. La manifestation «Constantine capitale de la culture arabe 2015» a ouvert la voix à cette frénésie, qui s'est incrustée dans certaines expressions pour le moins intenses et riches en représentations, et l'ayant entachée. L'éducation artistique, rempart indispensable aux banalités, peine à s'imposer dans le milieu pour une meilleure digestion des œuvres suggérées et financées par l'Etat, en l'absence d'un mécénat toujours sceptique. En dehors du basic apprentissage prodigué dans les centres, l'appréciation des productions quoique subjective, elle requiert un minimum de normes pour ne pas illusionner les cinq sens et engendrer un plateau indigeste. Pour ce faire, le recours à des professionnels spécialisés dans chaque discipline, de l'avis des observateurs, semble la piste la plus appropriée à l'évaluation et la perception des tableaux, des musiques, des reproductions théâtrales… «A condition que l'on se plie à l'âme de l'art sans connivence avec les concepteurs», devaient-ils préciser ? En amont les ligues et les établissements scolaires sont appelés à inculquer aux élèves les bonnes traditions de lire, de dessiner, d'écouter de la musique, de contempler une toile. Bref de déguster, sans se faire leurrer, une œuvre d'un quelconque chapitre. La scène régionale reflète aujourd'hui un diaporama culturel hétéroclite. Des programmes intenses moyennant les frais du trésor public, mais l'adhésion demeure en deçà des aspirations des organisateurs sans que ces derniers ne provoquent une analyse sur les ratages conçus et dénombrés dans les caisses. Et du coup, les expressions utiles répondant vraiment aux mutations sont banalisées ou éclipsés «sciemment», car originales et dérangeantes. Cette consommation irréfléchie ne devra pas durer. La donne a changé, estime un membre d'association locale. «Avec le net recul des sponsorings étatiques en raison de la crise financière, la culture se doit un effort supplémentaire pour intéresser les citoyens et adeptes. Je pense que le bricolage n'aura pas droit d'exister sous toutes ses formes», a-t-il émis. Désormais, chacun (acteur surtout gestionnaire) aura sa part de responsabilité dans la diffusion ou la promotion de la culture. Détenteurs de décisions et fondateurs (étatiques), leur mission ne s'attardera-t-elle pas à injecter des bagatelles dans des esquisses souvent demeurant loin des regards et affectant les réelles initiatives. Le rôle des médias et les réseaux sociaux n'est pas à exclure dans la décantation. Amplifier et impulser un projet culturel relève d'un traitement de fond sans aucune complaisance. Les interlocuteurs restent les seuls marqueurs aptes à faire bercer ou stagner l'altimètre des audiences, toujours avec cette appréciation basée sur la culture artistique préalablement «façonnée». Les artistes, avertis écartent l'amalgame généré par le brouhaha «pêle-mêle» des programmes et ce pour garantir à leurs inventions longévité, fut ce devant un public réduit, l'important c'est qu'il soit initié. C'est la projection qui fait défaut dans la plupart des plateaux et pour laquelle l'éducation artistique est vivement recommandée par les spécialistes. N. H.