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Grèce : le gouvernement Tsipras en crise ouverte
Signe d'une tension extrême
Publié dans La Tribune le 17 - 03 - 2016

Le ministre de la Défense et leader des alliés de droite de Syriza, Panos Kammenos, a demandé la démission du ministre de l'Immigration Yannis Mouzalas. Sa faute, avoir appelé l'ARYM «Macédoine»...
Le gouvernement grec, déjà embourbé dans la crise migratoire et dans d'interminables négociations avec les créanciers sur la réforme des retraites, n'avait certainement pas besoin d'une crise politique. Elle s'est pourtant produite ce mardi 15 mars. Le ministre de la Défense, Panos Kammenos, Vice-Premier ministre et leader du parti des Grecs Indépendants (ANEL), allié de Syriza, le parti d'Alexis Tsipras, a demandé la démission de son collègue de l'immigration, Yannis Mouzalas. Alexis Tsipras a refusé cette démission et une tentative de conciliation est en cours, mais la crise politique est clairement ouverte.
L'importance de la question macédonienne
Pourquoi cette demande ? La raison peut sembler dérisoire. Dans une interview sur la chaîne Skaï TV sur les événements qui se produisent à la frontière nord du pays, Yannis Mouzalas a commis «l'erreur» d'appeler l'Ancienne République Yougoslave de Macédoine (ARYM) simplement «Macédoine.» Or, officiellement en Grèce, «Macédoine» est un terme qui appartient au patrimoine national hellénique. La Macédoine est donc une région grecque et non un pays étranger. Après l'éclatement de l'ex-Yougoslavie, la Grèce avait ainsi bloqué la reconnaissance de ce pays par l'ONU sous le nom de «Macédoine.» Elle a donc pour nom officiel, l'acronyme «ARYM», en anglais «FYROM.» En Grèce, prononcer le nom de Macédoine en public pour désigner ce pays est donc jugé comme une injure au patrimoine national et à l'intégrité territoriale de l'Etat.
ANEL, un parti nationaliste, emboîte le pas de Nouvelle Démocratie
Yannis Mouzalas s'est excusé pour cette « gaffe » qui, par ailleurs, est régulièrement commise par les officiels grecs en privé. Mais Panos Kammenos n'a pas voulu enterrer l'affaire. Il est vrai qu'il est le leader du parti de droite nationaliste des «Grecs Indépendants» (ANEL), alliés du parti de la gauche radicale Syriza d'Alexis Tsipras. ANEL est un parti issu de la scission du parti conservateur Nouvelle Démocratie de ceux qui refusaient l'austérité. C'est un parti à la rhétorique très nationaliste, mais qui, jusqu'ici avait été plutôt un allié discret et peu exigeant de Syriza. Du reste, la «question macédonienne» n'est pas le seul apanage d'ANEL. Panos Kammenos a d'ailleurs rebondi sur un communiqué de Nouvelle Démocratie qui demandait déjà cette démission. Dans les années 1990, le champion de la cause hellénique sur ce dossier était d'ailleurs Antonis Samaras, devenu en 2012, Premier ministre «pro-européen».
Panos Kammenos ouvre les hostilités
Ce que cette affaire met à jour, c'est bien la crise interne qui couvait depuis plusieurs semaines du gouvernement. Que Panos Kammenos décide de reprendre publiquement les arguments de Nouvelle Démocratie et ainsi d'ouvrir une crise au sein de la coalition est un fait nouveau et grave. ANEL avait montré une souplesse (certains diraient un opportunisme) remarquable cet été. Refusant d'abord le compromis avec les créanciers, il avait finalement accepté l'austérité dont le refus était à l'origine de sa naissance. Il avait même accepté la fin des avantages fiscaux accordés aux îles de la mer Egée, dont il avait fait longtemps un casus belli. Au soir des élections du 20 septembre, où ANEL avait perdu 3 sièges, Panos Kammenos avait rejoint Alexis Tsipras et annoncé la reconduction de l'alliance avec Syriza pour appliquer le troisième mémorandum. Les 10 députés d'ANEL permettent à cette coalition de disposer d'une courte majorité absolue de 5 sièges au Parlement grec, la Vouli.
La stratégie perdante du gouvernement
Mais, en six mois, la situation du gouvernement grec s'est dégradée. La stratégie du gouvernement consistant à négocier des aménagements pour les plus fragiles avec les créanciers sur les «réformes» exigées par ces derniers n'a pas porté ses fruits politiquement. Alexis Tsipras a dû faire face à une grève générale très suivie le 4 février dernier, puis à un mouvement de mécontentement des agriculteurs. Contrairement aux espoirs du gouvernement, les créanciers ne cessent de repousser l'ouverture de négociations sur la restructuration de la dette. Cette restructuration sera, du reste, assez décevante : il n'est pas question de réduire le stock de dettes.
L'épine de la réforme des retraites
Mais l'essentiel du problème provient de la réforme des retraites. Le projet proposé par le gouvernement Tsipras prévoit la sauvegarde des pensions actuelles, un nouveau mode de calcul des pensions futures et un financement partiel de la réforme par une hausse des cotisations. Les discussions sur ce sujet s'éternisent avec les créanciers qui réclament une «amélioration» du plan, avec notamment des coupes dans les pensions. Le ministre des affaires sociales, Giorgos Katrougalos, a, le 10 mars, admis implicitement que les pensions de plus de 1 300 euros pourraient être réduites. Mais la marge de manœuvre du gouvernement est faible sur ce sujet : les pensions sont une «ligne rouge» pour le gouvernement. En cas d'alignement, même partiel, sur les demandes des créanciers, la majorité parlementaire pourrait tanguer. La nervosité de Panos Kammenos pourrait traduire cette inquiétude de la majorité sur de nouvelles concessions aux créanciers qui, semble-t-il, ne se sont pas contentés de l'acceptation par Alexis Tsipras du troisième mémorandum.
La crise migratoire
A cela s'ajoute la grave crise migratoire qui touche la Grèce de plein fouet, notamment depuis que l'Autriche, le 16 février, a annoncé la fermeture partielle de sa frontière. Les autorités de l'ARYM ont fermé la frontière avec la Grèce et ont montré lundi dernier, par l'usage des forces de l'ordre et le renvoi de réfugiés en Grèce, leur détermination à ne plus laisser ouverte la «route des Balkans.» Sous les applaudissements autrichiens, du reste, qui ont félicité Skopje et ont promis une aide au pays. La Grèce, où les réfugiés continuent d'affluer par la Turquie, est donc menacée de devenir un immense camp de réfugiés. Une perspective que redoute avec raison la population, d'autant que l'Union européenne semble devoir s'en contenter. L'aide promise viendra permettre d'accueillir ces réfugiés, tandis qu'Angela Merkel, qui appelle à la solidarité avec Athènes refuse d'accepter des réfugiés bloqués à la frontière avec l'ARYM. Cette situation pourrait aussi être à l'origine de la nervosité de l'ANEL qui risque d'avoir du mal à la justifier devant ses électeurs.
La survie du gouvernement en question ?
La question est désormais de savoir si ANEL entend ou non quitter le gouvernement. Si c'est le cas, de nouvelles élections seraient inévitables et Syriza a, selon les sondages, de grandes chances de les perdre. Mais il n'est pas sûr que ce scénario soit le plus probable. L'actuelle majorité peut être inquiète et divisée, mais on la voit mal aller ainsi à un suicide certain. D'autant que la Grèce risque d'être encore ingouvernable au lendemain d'un nouveau scrutin qui serait le troisième en moins de deux ans. Les partis anti-système - parti communiste (KKE), néo-nazis d'Aube Dorée et Union du Centre - pourraient gagner beaucoup de terrain. Au final, la survie de la coalition dépend beaucoup de la certitude qu'aurait encore Alexis Tsipras à réussir le pari qu'il a lancé le 13 juillet dernier : parvenir à faire revenir la croissance et sortir du mémorandum avant les prochaines élections. S'il ne croit plus à cette possibilité, il pourrait effectivement jeter l'éponge pour reprendre un discours sur «l'erreur de l'austérité» qu'il a d'ailleurs développé ce week-end lors d'un passage à Paris. Il mettrait fin ainsi à une forme de schizophrénie où Syriza semble de plus en plus mal à l'aise.
R. G.


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