Le département de l'Aménagement du territoire, du Tourisme et de l'Artisanat s'apprête à lancer une vaste enquête sur le détournement du foncier touristique à travers les quatorze wilayas côtières du pays. Un épineux dossier aux relents scandaleux que la presse nationale ne cesse de soulever pour expliquer le sous-développement d'un créneau qui, pourtant, recèle un énorme potentiel. L'annonce a été faite par le ministre du secteur en marge de sa récente visite d'inspection dans la wilaya de Jijel. «Nous sommes déterminés à assainir ce dossier au cas par cas et une commission va faire le constat au niveau des quatorze wilayas côtières du pays», a déclaré Abdelouahab Nouri visiblement irrité par l'ampleur catastrophique du fléau. A l'Est comme à l'Ouest du pays, des dizaines de zones d'expansion touristique (ZET), totalisant des milliers d'hectares de terrains au bord de la mer, ont été dévoyées de leur vocation première avec la complicité des autorités locales. En réaffirmant la ferme volonté du gouvernement à développer et à promouvoir le tourisme, en tant que vecteur du développement économique, le ministre n'a pas caché sa résolution à récupérer toutes les parcelles arbitrairement attribuées à des personnes (morales ou physiques) étrangères au secteur du tourisme. Des propriétés privées, de petits commerces, des salles de fêtes et des dépôts divers ont poussé comme des champignons sur ces espaces «stratégiques», censés être réservés exclusivement à des projets hôteliers, des complexes touristiques, et des centres de détente et de loisirs. Les citoyens, qui n'ont pas cessé de dénoncer ce pillage criminel des ressources locales, se réjouissent à cette nouvelle et croisent, d'ores et déjà, les doigts pour que le département de Nouri aille jusqu'au bout de sa logique, en procédant à l'exclusion immédiate de tous les «intrus», la destruction systématique de toutes les constructions illicites et la poursuites des responsables de ce gigantesque pillage devant les juridictions compétentes. Plusieurs administrations publiques et autres organismes étatiques sont logiquement impliqués dans ce dossier; à commencer par les conditions d'attribution, la délivrance du permis de construire, la réception des projets, le raccordement aux réseaux d'éléctricité, de gaz, d'eau potable et d'assainissement. Tout le monde le sait et le constate au grand jour, ce type de malversations ne touche pas uniquement les zones d'expansion touristique. Les zones dites industrielles (ZI) et d'activités (ZAC) ont été également accaparées par de «faux» opérateurs qui ont profité de «passivités complices» au sein de l'administration locale afin d'y ériger des maisons et des petits commerces. Là encore, le ministère de tutelle se doit de faire le ménage pour remettre ces espaces aux véritables investisseurs et autres porteurs de projets. Idem pour le foncier agricole, partout gangrenné par le béton et les constructions anarchiques. Ce n'est un secret pour personne, les exploitants des domaines agricoles de l'Etat (EAC et EAI) s'en servent comme s'il s'agissait de leurs propres biens. Certains ont même vendu ces terres arables à prix d'or à des promoteurs immobiliers indélicats qui, à leur tour, ont compromis des dizaines de souscripteurs au logement. Dans ce niveau précis, le problème est de loin plus complexe et plus difficile à résoudre. Cependant, les autorités ne peuvent indéfiniment se dérober à leur devoir élémentaire qui consiste à protéger les ressources vitales du pays et à veiller à l'application stricte de la loi. Autant prendre le taureau par les cornes, avant que la situation ne se corse encore davantage. C'est en cela que la démarche du ministre du Tourisme est à saluer et doit, coûte que coûte, aboutir dans la transparence et la justice. K. A.