La visite du Premier ministre français François Fillon sera mise à profit pour parapher un accord sur le nucléaire civil ébauché lors de la visite du président Nicolas Sarkozy en décembre 2007. Ce protocole, qui permettrait à l'Algérie de se doter de centrales nucléaires dans les vingt ans à venir, est une convention similaire ou presque à l'arrangement conclu avec les Etats-Unis en juin 2007. Une fois conclu, l'accord nécessitera, côté algérien, le respect d'un long processus de réalisation. Outre la signature d'un accord de prolifération, l'Algérie, qui a signé l'Accord de garantie généralisée de l'AIEA et le Traité de non-prolifération sans pour autant parapher le protocole additionnel au TNP, sera dans l'obligation de mettre en place une autorité de sûreté nucléaire. Le COMENA, le Commissariat national à l'énergie atomique, qui coiffe les centres de Draria (réacteur Nour), de Birine (Salem, région de Aïn Oussara) et de Tamanrasset chargé de l'extraction de l'uranium, n'est pas encore considéré comme l'autorité de sûreté idoine. La loi sur le nucléaire civil de mars 2008, qui attend ses décrets d'application, doit conférer au COMENA plus de prérogatives de contrôle et de sanction. Autre condition : la mise en place d'un cadre réglementaire strict et exhaustif. L'arsenal juridique algérien qui date de 1986 a été progressivement complété par une série de décrets et sera sans doute affiné pour mieux encadrer la politique d'usage du nucléaire civil (santé, eau, agriculture). Enfin, l'accord avec la France nécessitera un temps d'identification des sites d'accueil des futures centrales algériennes. Donc un processus long, qui pourrait prendre dix à vingt ans, selon les spécialistes. De plus, l'accord avec la France est soumis à l'approbation de l'Union européenne (UE). L'UE doit donner son avis sur la conformité du texte avec le traité EURATOM dont le but est de permettre le développement de l'énergie nucléaire tout en assurant la protection des populations contre les effets nocifs des rayons ionisants. L'accord avec la France dont le pivot sera le géant mondial Areva est l'expression même de la volonté de l'Algérie de diversifier son partenariat, la diversification de la coopération étant un axiome de la diplomatie algérienne. C'est ainsi que notre pays, qui avait déjà conclu un accord avec l'Argentine, a constamment recherché des accords de coopération avec la Chine, l'Afrique du Sud, l'Inde et l'Egypte. Le but étant de réaliser des centrales nucléaires destinées notamment à produire de l'électricité et à faire fonctionner le futur réseau d'usines de dessalement. Derrière l'accord sur le nucléaire civil avec la France se dessine, en toile de fond, l'intérêt indubitable d'Areva pour l'uranium du Hoggar. Areva, dont le président Nicolas Sarkozy est devenu un VRP de fait en proposant des centrales nucléaires à tout va, aura de plus en plus besoin de quantités croissantes d'uranium. Géopolitique oblige, Areva, qui est présent au Niger voisin depuis quarante ans, ne peut pas ne pas lorgner les réserves algériennes.