Les faux dévots de la morale islamique sont de retour. Ils se font remarquer un peu partout, et de plus en plus, en rappelant leur lot d'interdits au mauvais souvenir de la société. On se souvient tous du début des années 1990 où des hordes incultes se donnaient le luxe d'«éduquer» les gens dans la rue et dans les quartiers populaires, dictant à leur entourage ce qui est autorisé de faire et ce qui ne l'est pas. On les appelait alors les «layajouz», car tout ce qui symbolise le bonheur et la joie de vivre était systématiquement déclaré contraire à la charia. Il va sans dire que la religion musulmane, et principalement le texte coranique, ne contient absolument rien de tel. Bien au contraire, le Prophète lui-même (QSSSL) était en son temps un homme très élégant et très affectueux. Tous ses biographes sont unanimes à parler d'un être tout en finesse qui affectionnait les moments de liesse et pratiquait même l'humour pour esquisser le sourire sur le visage de ses interlocuteurs. Pas besoin de réciter ici toutes les sourates où l'esthétique, la beauté et le ravissement sont divinement célébrés. Pas besoin, non plus, de démontrer que nos faux apôtres font mauvaise route. Leur ignorance et leur inculture ont déjà causé suffisamment de malheur à ce pays. Aujourd'hui, ils reviennent encore à la charge pour interdire, intimider et semer le trouble dans les esprits. En Algérie, la saison estivale symbolise toujours la fête. On y célèbre les mariages, les circoncisions, la réussite aux examens de fin d'année… Les congés et les vacances scolaires offraient aux familles l'occasion de se réunir au grand complet autour de ces réjouissances. Gâteaux, boissons fraîches, festins bien garnis, musique et danses, la bonne tradition accordait un intérêt particulier à ce genre de retrouvailles heureuses. Les «layajouz», fidèles à eux-mêmes, se manifestent à chaque occasion pour décréter la musique haram (contraire à la religion). De nombreux citoyens se plaignent de ces énergumènes - qui d'un voisin poilu de la tête aux pieds qui d'un parent barbu - qui jouent les trouble-fêtes. Débordant du cadre strictement privé, ces ignares vont jusqu'à mépriser le chant de l'hymne national. Récemment, au cours d'un colloque religieux organisé à Alger, de pseudo-imams ont publiquement refusé de se lever pour saluer Qassaman, l'hymne algérien qui rend hommage aux martyrs de la révolution de Novembre. Ce comportement barbare a choqué tous les Algériens. Il est clair que de telles attitudes sont contraires aux valeurs fondamentales et à la fierté de cette nation. Que tous ceux qui se sentent et s'affichent afghans ou pakistanais veuillent bien «décamper» pour laisser ce peuple vivre pleinement son identité. L'Etat est directement interpellé par cette affaire. Il doit sévir contre ces agités qui ont ouvertement insulté la mémoire du peuple algérien. La sanction, aussi lourde soit-elle, ne suffit plus. Il faut aussi prendre des mesures extrêmement rigoureuses pour que de pareilles situations ne se reproduisent plus jamais. La tolérance a ses limites. Et dans le cas qui nous préoccupe, la ligne rouge a été sciemment franchie. K. A.