Au temps des postures équivoques dénoncées ces derniers jours, existerait-il réellement des raisons de s'étonner de ce qui est qualifié par un confrère de profil bas affiché par les pays arabes à la conférence ministérielle qui s'est tenue mardi dernier à Londres ? Exception faite de l'Algérie et de l'Egypte, dont les positions ont été clairement énoncées et assumées avant et après l'adoption de la résolution 1973 et, par voie de conséquence, absentes à la rencontre, la quasi-majorité du reste du monde arabe a plutôt choisi de se faire représenter par des diplomates d'envergure modeste contrairement aux pays de la coalition qui y ont délégué leurs ministres des Affaires étrangères. Les contours très flous d'une mission ponctuelle, qui n'en est plus du fait de sa durée, ne peuvent qu'inciter un pays comme le nôtre à ne pas s'embarquer dans une opération militaire plus proche de l'agression en raison de l'escalade intense constatée que du fallacieux argument d'assistance à peuple en danger claironné par les pays membres de la coalition. Quoi qu'il se passe en Libye, la position de l'Algérie, consistant à l'avènement d'un système démocratique chez son voisin, est irréversible, mais l'instauration d'un tel système ne saurait se faire selon les desiderata d'une partie des dirigeants européens dont le jusqu'auboutisme et l'acharnement à avoir la tête de Kadhafi paraissent pour le moins des plus suspects.Et pour ce faire, l'Angleterre et la France restent les plus enclines, dans le meilleur des cas, à éliminer le président libyen qui demeurerait quand même un personnage des plus encombrants même s'il devait répondre de «ses crimes» devant un tribunal international. Une alternative que s'épargneraient volontiers, si tant est que l'éventualité se présente, l'establishment français et plus particulièrement Sarkozy, voire certains de ses plus proches collaborateurs. C'est dire donc la raison des raids ininterrompus de l'aviation des deux pays concernés sur le sol libyen, des bombardements qualifiés de précision chirurgicale qui aideraient, semblerait-il, les insurgés à progresser.Tous ces doutes font grincer des dents des pays membres de la coalition, laissant place à des critiques selon lesquelles, parce que piétinées, les dispositions de la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies les éloigneraient de l'objectif initial. Or, comme ce qui s'apparente au jeu du chat et de la souris, les villes prises, consécutivement à des bombardements intensifs de la coalition, par les insurgés sont régulièrement récupérées par les loyalistes dans les heures qui suivent comme cela est le cas pour Ras Lanouf, réinvestie hier par les loyalistes qui avancent encore sur Brega «libérée» il y a moins d'une semaine, indiquant donc clairement que le colonel Kadhafi écarte toute idée de partir et, ce faisant, fournit toutes les raisons à deux ou trois «agités» de la coalition de perpétuer leur folie agressive.Alors, que peuvent bien peser des pays arabes dans tout cet embrouillamini qu'ils ont cautionné en ne prenant pas leurs responsabilités en premier ? Et question de responsabilité, David Cameron exige également depuis hier «des pays arabes de se déterminer, voire de s'impliquer» dans l'effort de guerre actuel. A. L.