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La guilde des papas gamers
Jeux vidéo
Publié dans La Tribune le 28 - 12 - 2011

En 2009, Nadine Morano, alors secrétaire d'Etat à la famille en France, a suscité une polémique après la diffusion dans le magazine Paris Match de photos la montrant au milieu de ses enfants en pleine partie de GTA IV, jeu vidéo que la secrétaire d'Etat avait auparavant qualifié de «violent», «amoral» et de «potentiellement dangereux». Elle avait répliqué qu'il s'agissait d'expliquer à ses enfants pourquoi GTA IV était «un jeu violent, addictif, avec des images inacceptables» avant de conclure: «Je déplore simplement que vous en fassiez une caricature en disant que je joue avec mes enfants.» Jouer avec ses enfants. L'idée semble ubuesque puisque pour une majorité de parents l'univers vidéo ludique rime avec dangers et addictions. Des craintes souvent sans fondement mais qui éloignent durablement les parents des jeux vidéo.

Un nouveau terrain d'apprentissage
Mais c'était sans compter sur les papas gamers, issus de la première génération initiée aux jeux vidéo, qui, étant toujours des joueurs réguliers à la naissance de leurs enfants, ont naturellement décidé d'intégrer le jeu vidéo à l'éducation de leur progéniture. Des jeux éducatifs, de stratégies ou de réflexion dans un premier temps, pour stimuler les petits et leur apprendre à se servir d'un ordinateur. Se pose alors la question de la présence d'un enfant en bas âge face à un écran. Vanessa Lalo, psychologue clinicienne, spécialiste des médias numériques, explique:«C'est à partir de 3 ans qu'un enfant peut être mis en présence d'écran mais pas plus d'1h par jour. Avant 3 ans, un enfant a besoin de développer ses capacités visuo-spatiales (3D) donc en utilisant des écrans de jeu trop tôt, l'enfant développe un monde en 2D, sans capacité à manipuler un objet ni à le visualiser dans l'espace.»C'est véritablement à l'adolescence que le mélange éducation et jeux vidéo semble trouver son plein emploi, grâce notamment au jeu PC massivement multi-joueurs, World of Warcraft. Lancé en 2004 par Blizzard Entertainment, WoW s'est imposé comme un véritable phénomène tant chez les adolescents que chez les joueurs plus âgés. Le jeu a servi un peu par hasard de dénominateur commun à de nombreux papas gamers, à l'image de Jérôme Bohbot, père d'un adolescent de 15 ans, qui a participé à la phase test du jeu, ou à l'inverse qui a d'abord séduit le fils avant le père, comme pour Christophe, 20 ans, fils de Jean-Marc, papa gamer de 50 ans: «En ce qui concerne la découverte de WoW, c'est plutôt moi qui ai initié mon père au jeu. Un ami me l'a montré et j'ai accroché tout de suite. Mon père regardait l'écran par-dessus mon épaule, et m'a rejoint par la suite.»

Progrès en orthographe
Très vite, les aspects positifs de ce choix atypique se sont fait sentir, comme en témoigne Jérôme Bohbot: «Au début, nous avions créé une petite guilde de joueurs constituée uniquement d'amis dans World of Warcraft, mon fils était donc bien encadré. Je pense qu'il a fait énormément de progrès en orthographe grâce au chat [présent sur WoW pour permettre aux joueurs de communiquer entre eux].»
Des propos confirmés par Jean-Marc: «Parce qu'il avait une très forte envie de se faire accepter par les joueurs plus âgés qui fréquentent WoW, Christophe a fait de gros efforts au niveau de la rédaction et de l'orthographe. Pour pouvoir jouer à d'autres jeux regroupant des gens de toutes nationalités, il a également dû améliorer de façon importante son niveau d'anglais.»L'encadrement au sein même du jeu n'est pas la seule préoccupation de ces papas gamers, qui veillent également à la bonne utilisation des consoles ou écrans. Le tout, sans tomber dans l'autoritarisme, comme l'explique Jean-Marc: «Nous n'avons jamais été obligés de mettre en place des règles de façon officielle. Durant son plus jeune âge, on joue aux jeux vidéo avec papa ou maman. Cette pratique n'a jamais été contestée et c'est seulement vers 13/14 ans que notre fils nous a demandé de façon très posée si nous accepterions qu'il joue de temps en temps seul à ses propres jeux.»Quant au temps passé à jouer, Jérôme Bohbot reste vigilant: «Son temps de jeu sur PC, tous jeux confondus, était très limité: 1h le mercredi, le samedi et le dimanche. On le laissait par contre jouer un peu plus sur sa console portable. En grandissant, notre fils s'est beaucoup plus impliqué dans World of Warcraft et à mesure qu'il se sentait plus à l'aise pour écrire et s'exprimer en ligne, nous avons progressivement augmenté son temps de jeu, en fonction évidemment de sa conduite et de ses résultats scolaires.»

Ecole WoW VS Kikou LoL
Savoir s'exprimer en ligne. Il s'agit certainement du prochain défi pour les éducateurs, quel qu'il soit. A l'heure où 71% de la population possède une connexion Internet, les règles à appliquer sur le Web, comme rendre une information publique ou non, s'exprimer correctement sur un chat, un blog ou dans un commentaire, devient un savoir incontournable. Des codes souvent méconnus par des parents peu au fait des activités de leurs enfants sur Internet, même si des structures existent maintenant pour les guider. Là encore, les papas gamers semblent avoir une longueur d'avance. Jérôme Bohbot explique: «WoW m'a servi un peu par hasard à aborder les codes d'Internet. Comme au début mon fils n'avait pas de compte MSN, ses premières expériences de chat se sont faites dans World of Warcraft. Il n'y a pas de meilleur exemple qu'un jeu de rôles en ligne pour expliquer que le personnage qui se trouve en face de soi à l'écran n'a en général rien à voir avec le joueur qui l'incarne. Moi-même j'incarnais un personnage féminin.»Pour Christophe, si le jeu l'a aidé à bien définir virtuel et réel, il ne lui a, néanmoins, pas appris les règles à appliquer sur le net: «Je surfais déjà avant de jouer à World of Warcraft. J'avais conscience des risques, j'étais donc prudent et je faisais attention à ce que je disais. Sur WoW on incarne un avatar. Sur Facebook et MSN, c'est totalement différent puisqu'il s'agit de moi, et non pas d'un tas de pixels, ma façon d'agir et de m'exprimer reste la même.»Malgré l'enthousiasme des intéressés, les bienfaits de la méthode ne sont pas réellement mesurables. Vanessa Lalo souligne qu'il n'existe pas de «solution miracle»: «On est soit dans la promotion et le laxisme, soit dans la censure et l'interdit mais, pour l'instant, le juste milieu n'existe pas. Attention à ne pas tomber dans la surprotection ou le contrôle absolu cependant. On ne peut pas attendre des experts et des médias une réponse ou une vérité générale destinée à tous les parents, seulement leur proposer d'expérimenter eux-mêmes les outils technologiques et de trouver leurs propres réponses éducatives». D'ailleurs les moments de jeu restent avant tout des instants privilégiés où père et fils entretiennent des rapports différents, comme l'explique Jean-Marc: «Lorsque nous jouions ensemble, j'ai volontairement laissé passer des écarts de langage ou de comportement que je n'aurais pas acceptés en temps normal, créant ainsi des moments de complicité durant lesquels mon fils s'est confié à moi sur des sujets qu'il n'aurait d'ordinaire pas abordés. Je pense également que ces moments privilégiés m'ont permis d'éviter beaucoup de difficultés durant son adolescence car je ne représentais pas uniquement l'autorité paternelle.»Même si les papas gamers restent un microphénomène dont quelques-uns partagent leurs expériences sur un blog, tous ont introduit les jeux vidéo dans le quotidien de leurs enfants avec l'accord entier de leurs épouses, et chacun s'accorde à dire que le résultat est plutôt positif. Quant aux craintes que suscitent Internet ou les jeux vidéo, elles semblent bien loin des préoccupations de Christophe, qui compte bien prolonger l'expérience: «Nous jouions ensemble il y a quelques années sur Baldur's Gate, sur PS3. Aujourd'hui, nous pensons sérieusement nous mettre tous les deux au prochain MMORPG [Jeux de rôles en ligne massivement multi-joueurs] Star Wars : The Old Republic.»
D. LP
In slate.fr


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