Dans une intervention sur les ondes de la chaîne III, le ministre de l'Intérieur esquive une question sur le marché parallèle de la devise et jette la balle aux autorités monétaires. Ould Kablia a déclaré «je dis et je répète que le problème du change des devises, qu'il soit officiel ou parallèle, relève des autorités monétaires qui doivent trouver une solution pour que les Algériens puissent disposer, à l'avenir, de moyens leur permettant de se déplacer à l'étranger pour des soins ou autre. C'est quelque chose de tout à fait normal». Manifestement le ministre en charge de «l'ordre» et de l'application des lois de la République continue à noyer le poisson dans l'eau. La question qui lui a été posée ne vise pas à définir l'autorité dont relève le marché de change, mais de savoir quel sort sera réservé au marché de change parallèle.Il est évident que c'est l'autorité monétaire qui autorise cette activité, mais cette même autorité n'a jamais permis aux cambistes illégaux d'activer, autrement, Port Saïd et tous les marchés souterrains de la devise étrangère auraient été légaux et la question ne se serait jamais posée. Ainsi, le ministre de l'Intérieur récidive et suggère que le marché parallèle de la devise qui est illégal n'est pas son problème mais celui du ministère des Finances et de la Banque d'Algérie. En d'autres termes, c'est à ces deux institutions de combattre ce marché. Donc la question qui se pose est : quel est le rôle du ministère de l'Intérieur ? Qui lutte contre les activités illégales dans tous les secteurs ? On imagine mal l'autorité monétaire mobiliser des agents relevant de son secteur pour traquer les cambistes de Port Saïd et d'ailleurs. N'est-il pas du rôle constitutionnel du ministère de l'Intérieur d'agir contre toutes les formes de trafic et de fraude dès lors qu'il s'agit d'activités illégales qui menacent l'économie nationale ? Comment le marché informel de la devise peut-il relever des autorités monétaires ? La devise qui est échangée dans le circuit parallèle entre en Algérie illégalement. Toute transaction monétaire qui se fait en dehors du circuit officiel représenté par les banques, est un crime économique que les services d'Ould Kablia doivent traquer et combattre. Les commerçants à la sauvette seraient-ils plus dangereux pour l'économie que les trafiquants de devises. Pourtant, le marché de la devise permet le blanchiment d'argent, le trafic de drogue, provoque une hémorragie des réserves de changes… Les déclarations du ministre de l'Intérieur sont d'autant plus étranges et ambigües qu'il est difficile d'en saisir le sens et la portée. À moins que le marché parallèle de la devise soit la chasse gardée d'un lobby plus puissant que le ministère de l'Intérieur et par ricochet, plus puissant que l'Etat. Dans ce cas, c'est un aveu d'échec déguisé sous de faux fuyants. A. G.