L'état de santé inquiète les Algériens en raison des rumeurs qui courent ici et là-bas, comme dirait un immigré installé à Sochaux. L'inquiétude grandissante en raison d'absence de communication ou du peu de crédit qu'ont ceux qui sont en charge d'annoncer les nouvelles. Le scepticisme et la paranoïa font dire beaucoup de choses au citoyen lambda. Elles font également dire beaucoup de choses aux chefs de partis politiques. Pourtant la situation n'est pas inédite. En 2005 déjà, le président Bouteflika avait refusé de communiquer sur l'état de sa santé arguant que cela relevait de sa vie intime. A l'époque également, les rumeurs les plus folles courraient ici et là-bas. Un fort courant disait qu'il était décédé comme s'il s'agissait d'un souhait. D'autres affichaient une inquiétude non feinte. Le même scénario se répète en 2013. Les leçons ne sont pas apprises et la volonté de préserver son intimité par l'homme n'est pas prise en compte par les hommes et les femmes «très intéressés» par le sujet. Les démentis arrivent les uns après les autres. La presse française qui en a fini avec le mariage pour tous, a trouvé de quoi alimenter la polémique. Le ministère français des Affaires étrangères fait un démenti indirect à ce qui a été publié par deux journaux algériens. Non, le Président algérien n'a pas été évacué mercredi passé. Oui, Abdelaziz Bouteflika est toujours en France. Conclusion de la communication diplomatique française : Abdelaziz Bouteflika est vivant et en France. Malgré cela, beaucoup continuent à voir dans le fait que l'on rafraichit le mur d'un cimetière, l'annonce prochaine d'un décès. Cette mauvaise pièce où la communication officielle ne peut concurrencer la rumeur est typique de la société algérienne. Il suffit de lancer une fausse information sur une personnalité pour qu'elle devienne vérité. Mais là où le bât blesse, c'est quand la classe politico-médiatique prend et assume des positions sur des «on dit». La politique en Algérie est déjà assez mise à mal pour que l'on y rajoute une couche. L'invocation de l'article 88 de la Constitution et de son application répond à des règles. Il ne s'agit pas d'un jeu. L'homme Bouteflika, le président du Conseil constitutionnel, le haut commandement de l'ANP et les présidents des deux Chambres ont conscience de leurs devoirs vis-à-vis de l'Etat et du peuple. Si empêchement, il devait y avoir, se serait d'empêcher les uns et les autres de dire n'importe quoi et de se comporter comme s'ils n'avaient aucune responsabilité et étaient chauffeur de taxi ou coiffeur. La direction d'une formation politique et de sa communication doit prendre en compte les intérêts de la nation avant de rechercher ceux partisans. En attendant d'avoir de vrais communicants crédibles, les Algériens continuent de bouder les élections et la classe politique. Ils continuent de faire grève pour améliorer leurs revenus. Ils réfléchissent plus à la scolarité de leurs enfants à l'approche des examens de fin d'année. Dans leur majorité, ils ne lisent plus les journaux et ne partent plus aux meetings. Trop de mensonges, de démentis, d'affaires de corruption ont assassiné la crédibilité des uns et des autres. Les mensonges des uns et les démentis des autres ne sont pas crus. Seule l'image et encore. Certains pourraient dire qu'il s'agit d'images d'archives. En attendant, l'Algérie peut s'enorgueillir d'avoir plus d'une centaine de quotidiens et approximativement le même nombre de partis politiques. Le seul hic c'est que les Algériens ne croient plus ni les uns ni les autres. A. E.