De la poudre de merlinpinpin, c'est un peu cela et c'est grâce à cela que beaucoup de nos compatriotes ont pris l'habitude, la bonne ou la mauvaise, allez savoir, face aux résultats déclarés ou constatés quant au traitement d'un mal, voire d'une maladie… de recourir aux herbes médicinales. Une méthode de jadis chère à nos aïeux communément appelée «doua aarab» et requalifiée, par la suite, par les nouvelles générations de médecine phytothérapique. La sémantique ne semblant pas, toutefois, avoir apporté un grand changement aux attitudes des malades…réels ou imaginaires. Loin s'en faut, de l'antre d'un herboriste traditionnel plus proche du druide et de ses potions magiques et de l'apothicaire qui a imprimé la mémoire des anciens, c'est plutôt à l'hyperdiplômé et son officine ayant pignon sur rue que peuvent avoir droit ceux qui, après avoir usé et abusé de toutes les médications officielles mais semblerait-il en vain, se résolvent à aller voir un phytothérapeute agréé. Il faut tout de même rappeler que la vocation d'herboriste a été interdite dans certains pays. Le métier semblant trop se coltiner une réputation directement liée à «l'herbe» et, par voie de conséquence, avec tout ce qui peut rappeler les drogues…qu'elles soient douces ou dures. Si les artères commerciales des grandes villes ont depuis quelques années leurs herboristeries modernes, les souks hebdomadaires traditionnels tout autant sont peuplés de personnages presque médiévaux eu égard, d'abord, à leur gouaille et, ensuite, à la nature des produits proposés et des miracles qu'ils sont supposés faire obtenir. Chute de cheveux, calvitie, lumbago, hernie discale, hépatite, rhumatismes, dysfonctionnement érectile, impuissance, mal de dents, insomnie, ronflements…tous les moyens et produits existent pour mettre en échec ces petites difficultés de tous les jours et aussi des pathologies lourdes chez des patients qui y croient plus qu'ils ne croient en ce que leur prodiguerait un médecin…Ils n'ont, parfois, pas tort… mais vraiment à titre exceptionnel… comme pour un mal de tête passager. Le fait que ces consommateurs convaincus se transforment à leur tour en prescripteurs de produits ayant des vertus médicinales incite, néanmoins, à l'inquiétude. A. L.