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Mokdadi : «Je conseille à Saâdane de quitter l'EN après le Mondial»
Publié dans Le Buteur le 13 - 04 - 2010


­­Il a été son adjoint en 86.
«Il y a encore d'excellents joueurs en Algérie. Voyez le jeune Djabou d'El Harrach, avec une bonne prise en charge, il sera le futur meneur de jeu de l'équipe nationale.»
Il fait partie de la première génération d'entraîneurs algériens à avoir dirigé plusieurs formations huppées de D1, à l'instar de l'USMA, du CRB, de l'USM Aïn Beïda, de l'O Médéa et du CAB, dernier club qu'il a entraîné en Algérie et mené jusqu'en finale de la Coupe d'Algérie perdue contre l'USMA en 1997. Belkacem Mokdadi, puisque c'est de lui qu'il s'agit, a été aussi entraîneur des U17 ans lors du premier mandat de Mohamed Raouraoua. Mais son plus haut fait d'armes reste sans conteste son passage dans le staff technique national entre 84 et 86 aux côtés d'un certain Rabah Saâdane. Témoin privilégié de cette époque dorée, mais non moins tumultueuse, Mokdadi nous a reçus chez lui à Cherchell pour nous en parler avec beaucoup d'émotion. Entretien.
Cela fait un moment que vous vous êtes retiré du monde du football ; qu'avez-vous fait durant toutes ces années ?
C'est vrai que cela fait longtemps que je me suis retiré du monde footballistique. D'ailleurs, le dernier club que j'ai entraîné en Algérie est le CAB avec lequel j'ai atteint la finale de Coupe d'Algérie en 1997 perdue contre mon ex-club l'USMA. J'ai travaillé par la suite en Arabie Saoudite et en Libye. C'est d'ailleurs là-bas que j'ai pu gagner un peu d'argent car comme vous pouvez l'imaginer, la période durant laquelle j'ai travaillé en Algérie n'a été fructueuse que sur le plan sportif. J'ai pris par la suite la sélection des U17 ans lors du premier mandat de Raouraoua, mais ça n'a pas duré longtemps, à cause des conditions de travail. J'ai préféré être observateur et spectateur de ce qui s'est passé et de ce qui se passe actuellement sur la scène footballistique en Algérie.
Avez-vous pris la décision de vous retirer définitivement ou bien songez-vous à revenir un jour dans le football ?
Je suis prêt à travailler à nouveau dans les clubs algériens, mais avec des conditions qui ne sont pas liées forcément à l'argent. Mais au vu de l'anarchie qui caractérise la gestion de nos clubs et le nombre d'intrus qui n'ont rien à voir avec le foot qui ont accaparé les clubs, je ne me vois pas de nouveau comme entraîneur en Algérie. Je coule donc des jours heureux avec ma nouvelle vie de retraité auprès de mes enfants que je n'ai pas vu grandir, à cause justement de mon métier d'entraîneur.
Est-ce à cause de votre mauvaise expérience avec les U17 que vous avez mis une croix sur le travail en Algérie ?
Absolument, cette expérience m'a confirmé que notre football souffre d'un énorme problème de gestion. Nous n'avons plus les mêmes compétences que nous avions dans le passé. Avec la sélection des U17, ça n'a pas marché à cause des responsables de la FAF de l'époque. On formait un seul groupe avec le DTN Hamid Zouba, Madjer, Cerbah, Bouarrata et Benyelles. On a commencé à récolter les fruits de notre labeur. Nous avons atteint avec la sélection des U17 la finale du tournoi de Paris, après avoir battu les meilleures équipes. Puis il y a eu le limogeage de M. Hamid Zouba et la mise à l'écart de Madjer qui ont tout remis en question. Cela nous a amenés à déposer notre démission par solidarité avec nos collègues. S'il y avait un règlement qui protégeait les entraîneurs, on aurait sans doute réalisé un excellent travail.
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Vous dites que le football algérien est malade, alors que l'Equipe nationale est qualifiée en Coupe du monde. N'est-ce pas contradictoire ?
Ecoutez, les bons résultats de l'Equipe nationale ne doivent pas constituer l'arbre qui cache la forêt. Certes, nous sommes qualifiés en Coupe du monde, mais la triste réalité est que ces résultats sont le fruit du travail des écoles de formation françaises. Le plus grand mérite revient aux Français puisque l'Algérie n'est même pas capable de former des joueurs du niveau de ceux qu'on nous ramène d'Europe. Je le dis haut et fort, si on n'est pas capable de former des joueurs, il vaut mieux arrêter le football en Algérie. L'Algérie s'est qualifiée deux fois en Coupe du monde grâce aux joueurs locaux.
Mais le contexte n'est plus le même et notre championnat est de plus en plus faible…
Non, je ne suis pas de votre avis, les données sont les mêmes. Il y a encore d'excellents joueurs en Algérie. Voyez le jeune Djabou d'El Harrach. Avec une bonne prise en charge, il sera le futur meneur de jeu de l'Equipe nationale. Par ailleurs, je ne comprends pas comment on a pu écarter un joueur comme Zaoui pour le remplacer par un joueur de L2. Je ne suis pas contre les joueurs issus de l'émigration, ce sont également des Algériens à part entière, mais il faut qu'ils soient meilleurs que les locaux pour prétendre à une place en sélection. Vous voulez ma vraie pensée ? L'ossature de l'Equipe nationale doit être composée de joueurs locaux qui seront renforcés par les pros de très haut niveau. C'est cette recette qui a permis à l'Algérie de se faire connaître sur la scène mondiale.
Si on suit ce raisonnement, Saâdane a commis une erreur en allant superviser des joueurs comme Fabre et Brahimi qui jouent à Clermont-Foot, en L 2 ?
Oui, Saâdane s'est trompé en allant superviser un gardien de deuxième division française, c'est inacceptable ! Je crois que l'Algérie possède des gardiens de bon niveau. Donc inutile d'aller les chercher dans des clubs comme Clermont-Foot.
Il s'est par ailleurs dit prêt à intégrer des joueurs qui ne sont pas Algériens à 100 %, comme le Franco-Tunisien Habib Bellaïd ou l'Algéro-Congolais Mbolhi…
Oui, j'ai entendu son discours qui traitait de la naturalisation des joueurs. Si on est incapables de former une équipe qui représente réellement notre pays, il vaut mieux se retirer définitivement. Je sais qu'on est à l'ère de la mondialisation, mais cela ne doit pas toucher à nos symboles. L'Algérie est dirigée par un président et un gouvernement algériens, elle doit être représentée par des joueurs algériens à 100 %.
A la place de Saâdane, auriez-vous adressé une convocation à Bellaïd ?
Jamais ! Je ne sais pas pourquoi aller cherche loin, alors qu'on a des défenseurs algériens du même niveau dans notre championnat. Cette tendance aveugle de prendre tout ce qui nous vient d'Europe ne fera qu'affaiblir le football algérien, car le joueur local perdra toute ambition et envie de travailler, sachant à l'avance qu'il n'a aucune chance de défendre les couleurs nationales et participer à des compétitions continentales et internationales. C'est du néo-colonialisme qui ne dit pas son nom. L'Algérien est systématiquement mis sur la touche et son seul rêve se limite à encourager l'Equipe nationale, sans pouvoir y jouer. La mise à l'écart des locaux, à leur tête Zaoui, en est la meilleure preuve.
Faut-il mettre 50 % de joueurs locaux et 50 % de joueurs émigrés ?
Mieux, je dirai que l'Equipe nationale doit être formée essentiellement de joueurs locaux. Sur une liste de 23 joueurs par exemple, il faut mettre 19 locaux et 4 émigrés de haut niveau.
Mais ce n'est pas ce que vous avez fait en 86 en incorporant plusieurs joueurs émigrés qui n'avaient même pas participé aux éliminatoires, à l'instar des Harkouk, Chebel, Benmabrouk et Medjadi…
Ce qui s'est passé en 1986 avec la mise à l'écart de quelques locaux et leur remplacement par des pros s'est également produit en 82, mais personne n'en avait parlé, parce que les résultats étaient meilleurs. En Espagne, des joueurs ayant participé aux éliminatoires se sont vu rayer de la liste des 22 à la dernière minute. A chaque fois, ce sont les politiques qui se sont immiscés dans la gestion de l'Equipe nationale. Ils voulaient une équipe qui représente l'Algérie, à l'intérieur et l'extérieur du pays. Pour eux, il fallait un quota pour les locaux et un autre pour les émigrés, au détriment des plus méritants. Aujourd'hui, ce quota dépasse l'entendement. En 1986, les politiques ne se sont pas contentés de nous imposer des joueurs et émigrés, ils ont même renforcé le staff par deux entraîneurs émigrés en nous imposant Dahleb et Djadaoui, qui ont été parachutés. Saâdane et moi étions les derniers à apprendre leur nomination. Moi par exemple, je l'ai appris de la bouche d'un journaliste français de L'Equipe, qui demandait de voir le directeur sportif Mustapha Dahleb. C'est après le match nul face à Eindhoven qu'on a commencé à nous chercher noise. Il faut mettre un terme à ce système de quotas. Nous avons besoin de dirigeants qui connaissent l'histoire de l'Algérie. Moi personnellement, j'étais démissionnaire avant le Mondial, je voulais me retirer après ce qui s'est passé à la CAN en Egypte lorsqu'on nous a imposé des choses que je n'ai pas acceptées.
Comme par exemple ?
Que les choses soient claires, je n'ai rien contre Ali Fergani qui reste un monument du football algérien. Mais lors de la CAN-86, il était en fin de carrière et il n'avait pas sa place dans le groupe. On nous l'a quand même imposé et j'ai dû m'accrocher avec le président de la fédération de l'époque à cause de ça. Les pressions que Saâdane et moi avions subies avaient commencé durant les éliminatoires. De hauts responsables de l'Etat voulaient s'immiscer dans nos choix tactiques. Une personnalité politique influente est même venue à l'hôtel du 5-Juillet, tard le soir, pour nous tirer de notre sommeil juste pour parler tactique. Cette personne, dont je préfère taire le nom, ne cherchait que ses intérêts.
Sincèrement M. Mokdadi, c'est le staff technique qui a choisi la liste des 22 lors du mondial-86 ?
Pas vraiment. Saâdane était plus au fait que moi de ce qui se passait. Mais tout ce que je peux vous dire est que je me suis opposé de toutes mes forces à la présence de joueurs émigrés qui ont été ajoutés grâce au système de quotas. Pour moi, ni Medjadi ni Harkouk encore moins Benmabrouk ne méritaient de jouer le Mondial, car il y avait mieux dans le championnat national. Le pire, c'est qu'ils ont foutu la pagaille en parlant sans cesse de primes, contrairement aux locaux y compris ceux qui ont rallié l'Europe par la suite et dont le souci majeur était d'honorer les couleurs nationales.
Quel est le joueur local qui méritait d'aller en Coupe du monde et qui a été lésé ?
Je dirai Hocine Yahi. Il méritait d'aller au Mondial. Mais comme je l'ai dit, on nous a imposé des joueurs émigrés pour représenter l'Algérie à l'intérieur et à l'extérieur.
Croyez-vous que Saâdane prendra les décisions seul ?
Tout ce que je peux vous dire, c'est que sa manière de voir les choses est complètement différente de celle du président de la fédération.
Comment pouvez-vous décrire Saâdane, vous qui avez travaillé avec lui pendant deux ans, de 1984 à 1986 ?
Saâdane est une personne généreuse au sens propre du terme, il est sensible et raisonnable. Sur le plan du travail, je suis bien placé pour le juger, car je le connais depuis qu'il était étudiant au CREPS. Il était déjà plus fort que tout le monde. Son point fort, c'est qu'il écoute toujours ses adjoints et ne prend pas de décision seul. Il a dû revoir plusieurs de ses décisions après m'avoir consulté, comme celle de ne pas faire jouer Sadmi à Tunis pour le dernier tour éliminatoire de la Coupe du monde. Certains lui reprochent sa gentillesse. Etre gentil n'est quand même pas un tort. On peut être gentil et diriger une Equipe nationale. Une sélection, ce n'est pas une jungle quand même ! Je ne dirais pas qu'il ne commet pas d'erreur, car l'erreur est humaine. Mais les erreurs commises contre lui étaient plus graves. Saâdane a été lésé avant et après le Mondial 86 et tout le monde se souvient de ce qu'il a enduré lui et sa famille après la Coupe du monde.
Croyez-vous qu'il a les coudées franches par rapport à l'année 1986 ?
C'est ce que je lui souhaite. C'est une mission trop lourde qu'il porte sur ses épaules.
Quel est le conseil que vous pouvez lui donner ?
Qu'il choisisse les meilleurs joueurs, et là je parle surtout des émigrés, puis de se retirer juste après le Mondial. C'est le moment idéal pour lui de tirer sa révérence.
Comment souhaiteriez-vous clore cet entretien ?
Je dois dire qu'il faudra accorder un plus grand intérêt au football local, et là j'ouvre une parenthèse pour parler des clubs qui ont disparu, en dépit des moyens qu'ils avaient. Je pense notamment à l'équipe de Aïn El Beïda que j'ai entraînée et menée en Coupe d'Afrique au milieu des années 90, avec Zeghdoud, Kherkhache et les autres. Une équipe qui possède tous les moyens humains et des infrastructures importantes, mais qui manque cruellement de dirigeants compétents, comme le défunt Benboudriou. Encore une fois, si on ne peut pas former des joueurs capables d'honorer les couleurs nationales, vaut mieux alors arrêter définitivement.


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