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Cruyff s'offre au Buteur : «Il faut laisser Feghouli grandir. A 24 ans, il atteindra son meilleur niveau et pourra jouer au Real ou au Barça»
Publié dans Le Buteur le 24 - 12 - 2012

«La politique du PSG est la plus grossière erreur, la pire des choses qu'on puisse faire dans le football» «J'ai toujours aimé les joueurs atypiques et Madjer en était un, c'est pour cela que je voulais le prendre à l'Ajax puis au Barça»
Depuis que les lumières se sont éteintes, au lendemain du Ballon d'Or, nos lecteurs n'ont eu de cesse de nous demander quand ils pourront enfin se délecter de l'interview de Johan Cruyff. Très avisés, nos lecteurs et tous les amateurs de football savent que le Hollandais volant n'a pas la langue dans sa poche. Il n'a pas peur de secouer le cocotier pour défendre la philosophie du football qu'il a toujours prônée, celle qui fait de ce sport un spectacle, et d'un stade de football un théâtre. Dans cette interview, Cruyff est resté fidèle à ses convictions en transformant une défaite en victoire, celle de la finale du Mondial-74. «Nous avons perdu un match mais gagné la sympathie du monde entier», nous a-t-il dit. On vous a mis l'eau à la bouche ? Pas pour longtemps et vous allez l'apprécier dans cet échange qui a eu lieu dans la suite numéro 326 de Cruyff à l'hôtel El Aurassi avec comme arrière plan, l'imprenable vue sur la baie d'Alger. Une ambiance idéale pour discuter avec une légende du football mondial.
Merci M. Cruyff d'avoir accepté de venir en Algérie spécialement pour assister au Ballon d'Or algérien.
C'est un plaisir de venir partager avec vous cet événement, surtout que le lauréat joue en Espagne et qui, soit dit en passant, est un charmant garçon.
Tout le monde sait que vous êtes le pionnier, le père spirituel de l'actuel Barça. Vous ne voudriez pas nous donner la recette pour jouer aussi bien et gagner ? Que doit-on faire par exemple pour que la sélection algérienne joue comme le Barça ?
On ne peut quand même pas faire ça en deux jours... Il faut donc du temps. Pour revenir au Barça, il ne faut pas voir cette équipe quand elle est en possession du ballon, il faut la regarder quand elle n'a pas le ballon. Les joueurs du Barça pressent systématiquement le porteur du ballon adverse et récupèrent vite la balle. Dans le football, le plus difficile, c'est de réussir les gestes faciles et la qualité des joueurs de Barcelone, c'est qu'ils ne ratent jamais les gestes faciles. Ce n'est pas le cas des autres équipes et cela s'appelle la qualité individuelle.
Pensez-vous qu'avec uniquement de la qualité, on peut jouer comme le FC Barcelone à long terme ?
Oui, mais à condition d'imposer ces valeurs aux footballeurs dès leur jeune âge. L'Algérie a du potentiel, c'est l'une des meilleures nations de football en Afrique, mais si elle veut se hisser au niveau mondial, elle doit travailler en bas. Le FC Barcelone ne s'est pas fait du jour au lendemain. Plus on travaille en bas, plus on a des possibilités de réussir.
Voir jouer le Barça ne vous donne-t-il pas envie de revenir sur le banc ?
Nooooooon, j'ai 65 ans et je coule une retraite tranquille.
Mais ça fait longtemps que vous avez pris votre retraite. Vous ne vous ennuyez pas ?
Pas du tout. Avec la fondation Cruyff, je m'occupe des enfants handicapés. Je m'occupe aussi d'instruire les footballeurs pour permettre à ceux qui ne réussissent pas de faire carrière dans le management sportif ou dans l'administration.
Vous êtes aussi le sélectionneur de la Catalogne...
Mais c'est un seul jour par an que je dirige cette sélection dans un match gala.
C'est plutôt une relation sentimentale avec la Catalogne, non ?
Oui, car comme vous le savez, je suis arrivé en Catalogne il y a très longtemps. J'y vis encore, j'ai été joueur puis entraîneur du Barça. C'est donc un cheminement normal et une obligation personnelle envers les Catalans.
Y aura-t-il un jour un Catalogne-Algérie au Camp Nou ?
Bon ! A chaque fois, on essaye de trouver un adversaire fort, mais ce n'est pas évident à cette date, car souvent les équipes sont en vacances. Cette fois-ci, l'adversaire est africain parce qu'il prépare la Coupe d'Afrique (Ndlr, le Nigeria). Le stage commence le 2 janvier pour eux, on a donc accepté de jouer le 2 janvier. On cherche des adversaires libres à une date compliquée, ce n'est pas évident.
Nous savons tous que c'est vous qui avez presque imposé Guardiola au Barça. Qu'est-ce qui peut encore le motiver à retourner sur un banc après avoir tout gagné avec Barcelone ? Un autre club ? Une sélection peut-être ?
Déjà Guardiola est trop jeune pour arrêter. Il va reprendre le boulot, mais pour faire quelque-chose de différent. Quoi ? Personne ne le sait. Entraîner une sélection, ça a des avantages et des inconvénients. Pour imposer le jeu qu'il veut par exemple, Guardiola a besoin de beaucoup de séances d'entraînements. Chose qu'il ne pourra jamais avoir à la tête d'une sélection. L'avantage d'une sélection et qu'on peut choisir les joueurs. Pour les clubs, Pep devrait en chercher un où il pourra imposer ses idées et son système. Un club où on le laissera travailler et où les supporters apprécient ce type de jeu. C'est pour ça que je disais tout à l'heure qu'il y a plusieurs interrogations sur son avenir.
Plusieurs clubs lui courent après, à l'instar de Chelsea, Manchester United, le Milan AC et d'autres. Même le Brésil a voulu l'engager, il n'y a pas longtemps. Sincèrement M. Cruyff, vous le voyez entraîner quelle équipe ?
C'est un choix personnel. Totalement personnel. Quand on choisit une équipe, on doit aimer ses couleurs. L'ambiance est très importante aussi. La décision de choisir ce club lui appartient à lui seul. Toutefois, je pense que s'il veut rester quatre ou cinq ans dans son nouveau club, il lui faudra un président qui lui donne carte blanche pour manier les choses selon sa propre vision du football. Ce club, il faut le trouver.
En quoi a changé le Barça de Pep et celui de Tito ?
Je pense que la trajectoire de l'équipe est normale et logique. L'équipage qui était avec Pep est toujours là. Pep a tout orchestré et quand Tito est arrivé, beaucoup de gens ont douté en se demandant s'il pouvait ou pas tenir l'équipage. Finalement, le plus important ce sont les joueurs, car ce sont eux qui jouent et s'ils sont encore motivés, ils donneront le meilleur d'eux-mêmes. Pour l'instant, tout marche bien et c'est dans la logique des choses. Il faut donc attendre pour voir.
Vous n'avez jamais caché votre antipathie pour le football développé par le Real Madrid. Pourquoi ?
Non, je n'ai aucune antipathie pour le Real. Au contraire, le Real possède une équipe très forte. En Europe, il y a deux ou trois équipes qui émergent, parmi elles le Barça et le Real. Ce qui me dérange chez le Real Madrid d'aujourd'hui, c'est leur manière d'être, leur manière d'éduquer leurs jeunes. Je m'explique : un Messi, un Xavi ou un Iniesta, ce sont des gens normaux que tu peux croiser tous les jours dans la rue. Ils n'ont pas un comportement bizarre. Je crois que c'est la manière d'éduquer les jeunes qui est différente entre le Real et le Barça.
Comment expliquez-vous la présence de plus en plus nombreuse de joueurs algériens en Espagne ?
C'est dû aux derniers résultats de la sélection algérienne qui a participé au Mondial, entre autres. Les recruteurs et les agents s'intéressent un peu plus aux joueurs algériens. C'est le jeu de toujours et cela va sans doute provoquer l'arrivée d'autres joueurs algériens dans le championnat espagnol. Aujourd'hui, tout le monde en Algérie doit se dire : ‘Ce n'est plus si compliqué que ça de jouer en Espagne si on s'améliore tous les jours.' Je dis bien si on s'améliore, pas si on gagne tous les jours. Plus il y aura des Algériens en Espagne, mieux c'est pour la sélection.
Que pensez-vous du parcours de Feghouli à Valence ?
S'il est élu meilleur joueur algérien à 22 ans, cela veut tout dire, mais cela va lui donner plus de responsabilités. Je veux dire que la saison prochaine, il doit être au moins parmi les trois premiers. C'est un poids, une pression supplémentaire pour lui. A 22 ans, c'est bien d'avoir ce genre de pression parce que ça va l'obliger à aller de l'avant. Si un joueur de son âge ne pense pas à s'améliorer tous les jours, il n'avancera pas et celui qui n'avance pas, recule.
Comment le qualifiez-vous en tant que footballeur ?
Technique. Il suffit de voir son physique pour s'en rendre compte. Un type comme ça ne doit pas compter sur son physique. C'est un joueur très habile avec le ballon. Et quand je parle de technique, je ne parle pas forcément de dribble. La technique, c'est de réaliser une action en une touche de balle, pas en six touches de balle. Le technicien, c'est celui qui voit tous les adversaires et tous les coéquipiers en une fraction de seconde pour ensuite mettre le ballon là où il faut. C'est cela la plus grande qualité d'un footballeur.
Qu'est-ce qu'il lui manque pour faire le grand saut dans l'un des deux grands d'Espagne : le FC Barcelone ou le Real Madrid ?
Il faut le laisser grandir. Il n'a que 22 ans, ne l'oubliez pas ! Messi est une exception. En règle générale, un joueur doit atteindre la plénitude de ses moyens à 24, 25 ou 26 ans. Il a donc largement le temps de prouver encore ses qualités. Normalement, une carrière doit s'étaler jusqu'à l'âge de 35 voire 36 ans. Feghouli a tout l'avenir devant lui, il ne doit pas être impatient.
Vous le voyez dans un grand club à 24 ans ?
Oui, à condition qu'il soit à la fin de son apprentissage en Espagne, en pleine possession de ses moyens et avec une bonne dose d'expérience.
Le meilleur pour lui aujourd'hui, c'est donc de rester à Valence, où pensez-vous qu'il devrait changer d'air ?
Ce sont des décisions personnelles, mais le FC Valence est un club où il y a tout pour devenir un grand. C'est un club avec beaucoup de pression, un club exigeant. Il y a aussi de la qualité technique puisque là-bas, on essaye de jouer au football. C'est là des détails clés pour permettre à des joueurs comme Feghouli de grandir.
Nous sommes en train de parler du football algérien actuel et nous avons oublié que vous connaissez assez bien le football algérien des années 80. Quelle image en gardez-vous ?
Il y a eu des choses exceptionnelles dans cette équipe, avec des joueurs atypiques qui ne faisaient pas les choses comme tout le monde. Si on prend par exemple Madjer à cette époque et Zidane à une période pas lointaine, on se rend compte que ce sont deux joueurs différents des autres et qu'on a vite envie de prendre dans son équipe.
Est-il vrai que vous vouliez recruter Madjer lorsque vous étiez entraîneur du Barça ?
Oui, mais je ne sais pas pourquoi ça ne s'est pas fait. Madjer fait partie des joueurs atypiques qui font les choses différemment, ce genre de joueurs m'ont toujours intéressé.
Est-ce une erreur de parler toujours de cette équipe des années 80 ?
Vous savez, chaque époque a son état de grâce et le jeune joueur d'aujourd'hui a besoin de s'identifier à un héros. Ce héros, on ne peut le trouver que dans le passé. Ce n'est donc pas une erreur de parler de cette équipe qui a écrit une belle page de l'histoire du football algérien. Si d'autres footballeurs deviennent des héros eux aussi, tant mieux, mais il ne faut jamais oublier les héros d'antan. On ne peut pas effacer quelqu'un pour le remplacer par un autre, il y a de la place pour tout le monde pour écrire l'histoire.
On revient à l'actualité, comment vous apparaît l'écart entre le Barça et le Real ?
C'est beaucoup, c'est une différence épouvantable. Ce n'est pas bien pour la Liga. Il n'y a que les supporters du Barça qui sont contents. Un championnat est intéressant lorsqu'il y a de la compétition, du suspense.
Récemment, vous avez choisi le onze idéal de l'histoire du football. Paradoxalement, votre nom n'y figurait pas. Est-ce pas modestie ou pensez-vous sincèrement que vous n'avez pas votre place dans cette équipe de rêve ?
J'ai peut-être ma place, mais ce n'est pas à moi de me mettre dans l'équipe.
Il n'y avait même pas Maradona, Zidane, Messi, Cristiano...
Dans une équipe, il y a onze joueurs et tout le reste, c'est des mécontents. Quand on choisit, on fait toujours des mécontents. J'aurais pu faire deux ou trois équipes de rêve, mais on m'a demandé d'en faire une et j'ai fait mon choix.
Selon les spécialistes, il y a les grands joueurs et il y a les légendes du football, comme Di Stéfano, Pelé, vous-même, Maradona et Zidane. Pensez-vous que Messi a déjà dépassé tout ce beau monde ?
Déjà Messi a un avantage, il joue encore. Les autres, nous ne pouvons désormais plus rien faire. Il ne faut pas lui mettre la pression, il faut juste s'amuser en regardant jouer Messi qui a la particularité de marquer et de faire marquer les autres. En général, on a l'une ou l'autre qualité, lui il les a toutes les deux. Messi a la chance de jouer dans une équipe faite sur mesure pour lui, lui aussi il est fait pour le Barça. Ce qu'il nous reste à faire donc, c'est de profiter au maximum en le regardant jouer. Ça ne sert à rien de le comparer aux autres.
Va-t-il pouvoir battre d'autres records ?
J'imagine, oui ! Il a toutes les qualités pour le faire, même si je pense que l'année prochaine, il aura du mal à refaire le parcours de cette année. Ce sera à chaque fois plus difficile pour lui, mais comme je le connais, il va toujours essayer de faire mieux.
Qui sera Ballon d'Or FIFA cette année à votre avis ?
Normalement, quand on voit jouer le Barça, personne ne peut détrôner Messi.
L'organisation de la Coupe du monde-2022 par le Qatar a provoqué une grande polémique. Pensez-vous que ce pays mérite d'organiser un évènement aussi grand ? Sera-t-il capable de réussir ce pari ?
Quand on me parle de stades climatisés, je suis étonné, mais c'est normal, car si quelqu'un m'avait dit, il y a 50 ans, que l'homme pouvait aller à la lune, je l'aurais pris pour un fou. Toutefois et personnellement, je n'ai jamais compris pourquoi on a accordé l'organisation de la Coupe du monde au Qatar. Il y a tellement de choses contre ce pays au point de se dire pourquoi on va aller là-bas pour jouer un Mondial ? Il y a tellement d'autres endroits sur la planète terre pour jouer une Coupe du monde. Enfin, 2022, c'est encore loin et on va voir si d'ici quelques années, le Qatar aura avancé. Si c'est le cas, c'est bien, sinon, il faudra chercher un autre pays.
Qui sera le meilleur entraîneur de l'année à votre avis ?
Il y aura Guardiola, Mourinho et Del Bosque, c'est ça ? Del Bosque a réalisé un excellent parcours, pas seulement cette année, mais depuis longtemps déjà. Guardiola n'a pas terminé l'année, le Real Madrid n'a pas réalisé une grande année avec Mourinho. Je ne veux pas avoir de problèmes, mais j'avoue que j'ai une grande admiration pour Del Bosque, car en plus de gagner avec la manière, il transmet une grande sportivité et une grande sérénité. Pour moi, ce sont des détails très importants, en plus des victoires naturellement.
Le comportement de Del Bosque peut donc être un critère ?
Pour moi, oui ! Moi, je ne juge pas les gens seulement sur les résultats qu'ils réalisent, mais aussi sur leur comportement sur et en dehors des terrains. Il y a eu tellement de problèmes entre les joueurs du Barça et du Real, mais Del Bosque a toujours eu la même conduite, celle de prôner la paix. Pour toutes ces raisons, s'il faut que je choisisse le meilleur entraîneur de l'année, ça doit être Del Bosque.
Ces dernières années, les investissements des Cheikhs arabes dans les clubs européens sont à la mode. Ce que fait le PSG, Manchester City et Malaga entre autres constitue-t-il la meilleure recette pour avoir une grande équipe ?
C'est la pire chose qu'on puisse faire dans le football. C'est la plus grossière erreur qu'on puisse commettre. On a beau donner beaucoup d'argent à un joueur ou à des joueurs, cela ne garantit pas la réussite car finalement le football est un jeu à onze contre onze. Même si tu as tout l'argent de la planète, tu ne pourras jamais mettre un douzième joueur.
Revenons un peu à l'histoire du football. Quelles ont été les plus grandes équipes ?
Il y a eu le Bayern avec beaucoup d'Allemands, Ajax avec beaucoup de Hollandais, il y a eu aussi le Milan de Sacchi avec beaucoup d'Italiens et trois Hollandais. Aujourd'hui, le Barça est la meilleure équipe grâce à son école. Une équipe de football ne se crée pas avec de l'argent. Une équipe de football se construit. Si un émir veut investir dans le football, il doit d'abord penser aux jeunes. Au lieu de recruter plusieurs joueurs, il faut recruter une seule personne pour instaurer un système de production de joueurs. Je reviens à l'exemple de Barcelone, si les enfants du monde entier sont fiers de porter le maillot du Barça, c'est qu'ils s'identifient à la philosophie de ce club. Cela, on ne peut pas l'acheter avec de l'argent.
Il y a des facettes de votre vie qui sont restées ambigües, comme par exemple votre décision de ne pas jouer le Mondial-78 en Argentine. Pouvez-vous nous dire pourquoi vous n'êtes pas allé en Argentine ?
Pour jouer une Coupe du monde, il faut être convaincu et prêt à 100%. Ce n'était pas mon cas. A cette époque, j'ai été victime d'une attaque à main armée chez moi. Je n'avais plus envie de jouer au football, le football de fous, je n'en voulais plus.
L'agression dont vous parlez a-t-elle été commanditée pour vous menacer de ne pas jouer la Coupe du monde ?
Non, je ne pense pas. On m'a ligoté les mains et mis un rifle sur la tempe. C'est vrai que le football m'a tout donné, mais je suis arrivé à une conviction : il fallait tout laisser tomber.
Ça n'avait rien à voir avec la dictature en Argentine ?
Pas du tout. Cela s'est passé à Barcelone, à une période assez difficile avec le passage de la dictature de Franco à la démocratie. Tout le monde était un petit peu libre de faire ce qu'il voulait. Ce sont les conséquences du changement et j'ai failli le payer de ma personne. Je ne pouvais plus mettre la vie de ma famille en danger.
Vous avez donc abandonné le football ?
Oui, mais au bout de quelques mois, je me suis rendu compte que le football me manquait. J'ai donc pris la décision d'aller jouer aux Etats-Unis où j'ai retrouvé un peu de sérénité.
Vous n'avez jamais regretté votre décision ? Vous ne regrettez pas de ne pas avoir gagné la Coupe du monde, le seul titre qui manque à votre palmarès ?
Non parce que je ne regrette jamais mes décisions. En plus, c'était une décision sage. Il vous manque un titre lorsque vous n'avez rien gagné, mais lorsque vous gagné plusieurs titres, un seul titre ne peut pas vous manquer. En plus, et je vous le dis sincèrement, la finale de 74 perdue face à l'Allemagne nous a donné plus de prestige que si on l'avait gagnée. On a gagné la sympathie du monde entier. Des éloges plus grands que ça, on ne pouvait pas en avoir parce que nous avons été meilleurs que l'adversaire, même en perdant le match.
Lorsque j'ai cité Zidane parmi les légendes du football, vous n'avez rien dit...
Parce que c'est un immense joueur. Le premier joueur africain à avoir laissé une trace dans le football européen, parce que Zidane ce n'est pas seulement le Real, c'est aussi la Juve et même l'équipe de France. La plus grande victoire des Français en 98, c'est qu'ils ont réussi à transmettre la cohabitation sociale dans leur équipe nationale. Il y avait plusieurs couleurs, mais il y avait une seule équipe. Cela prouve qu'en France, la cohabitation est meilleure que par le passé.
Tout à l'heure lorsqu'on avait parlé de Madjer, vous n'avez pas parlé de sa fameuse talonnade. Pourtant, quand nous nous sommes rencontrés au consulat à Barcelone, vous ne parliez que de ça...
Il a réalisé un geste auquel le monde du football n'était pas habitué. Je pense que Madjer n'avait pas le temps nécessaire de penser à ce qu'il devait faire sur cette action. Vous savez, quand on a le temps, on peut faire plusieurs choses, mais quand on n'a pas le temps, on doit réaliser un truc imprévisible. Un truc qui sort comme ça et qui surprend tout le monde. C'était le cas de la talonnade de Madjer.
On parle souvent de la manita du Barça au Real, mais beaucoup ignorent que la première manita remonte à 74 lorsque vous étiez encore joueur et elle a eu lieu au Bernabeu. Vous vous en rappelez encore ?
Ça fait quand même un bon bout de temps. Mon fils devait naître le jour de ce match, cela m'aurait empêché de jouer. Pour pouvoir jouer, j'ai dû avancer la date de la venue au monde de mon fils sur conseil des médecins et ma femme a dû subir une césarienne. Quelques jours après, nous avons battu le Real par 5 buts à 0.
Depuis longtemps, vous avez misé sur Guardiola pour être le nouvel entraîneur du Barça. Aujourd'hui, on parle de Xavi comme futur entraîneur de l'équipe. Vous le voyez diriger le FC Barcelone dans un avenir proche ?
Xavi a de la qualité, ça c'est clair, mais être entraîneur dépend aussi d'autres paramètres. Comment manier le vestiaire, les supporters, les dirigeants. C'est ce qu'on appelle en anglais le people management. C'est-à-dire la gestion humaine. Comment être sympathique et en même temps dur ? Tout le monde n'a pas cette qualité, Guardiola si.
Nous arrivons à la fin de l'entretien et nous voudrions savoir quelle image allez-vous garder de votre passage en Algérie ?
L'image d'un peuple très aimable et l'image des enfants de la Casbah jouant au football. Ils n'avaient pas besoin de beaucoup de choses pour être heureux. Ils avaient juste besoin d'un petit espace et d'un ballon.


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