C'est devenu une vraie tradition nationale, en période de pénurie ou d'abondance, les prix évoluent et grimpent d'une manière qui met à mal les petites bourses. Cette fois-ci c'est au tour du marché des articles scolaires, notamment les cahiers de subir une flambée des prix de 100% à 150% sur certains genres de cahier. Ainsi, l'industrie du papier en Algérie traverse une crise jamais vue, conséquence de la crise mondiale qui se traduit par une augmentation des prix, mais à cette période, l'augmentation du prix du papier a été jugée abordable vu le climat mondial et les contraintes que le secteur subit. Effectivement, la virée qui nous a conduit chez les professionnels du secteur dans la capitale nous a permis de ressentir cette tendance haussière. Depuis quatre à cinq mois les prix de tous les produits issus du papier affichent une flambée ; une rame de papier extra blanc et qui contient 500 feuilles, passe de 280 dinars à 370 dinars prix de gros, et clôture avec 420 dinars chez les détaillants. Même chose pour les cahiers qui se vendent à double prix. Un cahier de 15 dinars passe à 30 dinars, le registre dit deux mains passe de 90 dinars à 180 dinars. La hausse n'a rien épargné du fait que les produits d'emballage ont connu une hausse spectaculaire. L'industrie algérienne du papier dans l'œil du cyclone Les prix grimpent en flèche dans toute la filière, sur la scène mondiale, suite à la forte demande chinoise qui a propulsé le cours de la pâte à près de 1.000 dollars la tonne, une flambée jamais ressentie depuis plus de quinze ans. Sans oublier la crise économique qui a conduit les grands producteurs d'Amérique du Nord et de Finlande à fermer plusieurs usines. Ces arrêts se sont aggravés par le tremblement de terre du Chili (7% de la production mondiale) et qui a entraîné la fermeture de plusieurs installations. Ces données ont influencé directement les marchés des pays émergents, à l'image de l'Algérie, où le marché local est totalement dépendant des importations qui avoisinent 600 millions de dollars par an, et ne tarde pas à franchir le milliard de dollars dans les deux années à venir. A cet égard, la hausse des prix au niveau mondial a poussé les artisans locaux à suivre les cours des marchés mondiaux d'une façon prudente, ce qui les a poussé à limiter les importations, dans l'attente que les prix baissent. Le marché algérien traverse une insuffisance en la matière face à une forte demande. Le crédit documentaire pointé du doigt Les grossistes et les fournisseurs assurent que le dispositif du crédit documentaire, introduit par le gouvernement comme seul mode de paiement, a beaucoup affaibli l'industrie du papier en Algérie, surtout les petits fabricants, les imprimeries, les papeteries. Sous l'influence de ce dispositif, un fabricant dévoile que "depuis que le gouvernement a adopté le crédit documentaire, les grands importateurs nous obligent à payer cash et sur place, ce qui nous a obligés de diminuer notre production", ajouté à cela "les importateurs algériens subissent plusieurs obstacles au niveau des services portuaires, l'entrée définitive de la marchandise prend jusqu'à deux mois et le durcissement de l'Etat a remis en cause nos relations et le mode de traitement avec les importateurs" ajoute-t-il. Une industrie nationale absente Même si cette industrie est présente depuis la colonisation de notre pays, vu le vaste potentiel en matière première de l'Algérie, les chaînes de production nationales ont connu une régression dans la production, au fil du temps, à cause de la fermeture ou de l'échec de la privatisation des unités étatiques. Actuellement, la capacité de production est de 109 000 tonnes pour la pâte à papier. Elle est de 67 500 tonnes pour le papier impression écriture et de 21 500 tonnes pour le carton compact. La production de papier d'emballage est estimée à 66 500 tonnes. La majeure partie de la production nationale est l'œuvre du secteur public. Et sur les besoins du marché algérien en papier et carton, les estimations indiquent un chiffre de 500 000 tonnes, satisfaits en grande partie par l'importation. Devant ce constat amer, l'industrie traverse une vraie crise sur tous les fronts, ce qui va influencer essentiellement sur l'activité de transformation et la fabrication à base de papier, ainsi que sur la fonction des petites entreprises, à l'instar des imprimeries, papeteries, généralement qui se constituent en PME. Tout de même, si le gouvernement ne prévoit pas des mesures concrètes, ils seront des milliers de travailleurs à être licenciés à cause de l'arrêt des unités de production, et les prix continueront à grimper, ce qui va toucher d'autres secteurs en relation. Pour l'illustration, un pays voisin comme le Maroc a procédé dernièrement à la baisse des droits douaniers pour l'importation du papier pour préserver l'activité locale.
