Désormais, dans le vocabulaire officiel de la politique économique, une expression explique tout : la solidarité nationale. Un développement dans l'égalité qui est considéré comme le fer de lance de la bataille économique, mais aussi comme phase d'accumulation permettant à son tour une croissance plus équilibrée selon une redistribution des revenus et des chances. Déjà sensible au niveau des régions, cette meilleure répartition des acquis voudrait à présent se concrétiser au niveau de la population. Avec l'avènement imprévu de la crise du baril de pétrole, le vocabulaire officiel de la politique économique adepte des paris permanents a exprimé un développement socio-économique dans l'égalité. Cette fois-ci, il semble bien que le processus engagé soit un pari des Algériens sur eux-mêmes. Extrapoler serait excessif : on assiste à une remise en cause fondamentale de la stratégie économique jusqu'ici appliquée. Mais il ne s'agit en aucune façon d'une marche arrière. Selon le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, c'est un réajustement économique répondant à la réalité économique tant nationale que mondiale, mais aussi la suite logique de la voie nationale de développement. On ne partage que ce qu'on a, aime-t-on à dire. Donc l'égalisation des chances ne pouvait se faire qu'après l'accumulation des richesses. L'objectif est d'inaugurer une expérience de responsabilité collective dans la création de richesses et de plus-value. Il s'agit là de données demeurées inconnues dans le portrait socio-économique traditionnel du pays. Réajustement inévitable ou processus logique de l'itinéraire du développement national ? Il est certain que la version théorique selon laquelle il ne s'agit là que du débouché normal de la stratégie économique du programme politique du président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika est encore séduisante : le principe de la répartition après l'accumulation revient comme un leitmotiv dans chaque déclaration officielle. Il est non moins certain également que l'Algérie ne pouvait indéfiniment vivre en déséquilibre : déséquilibre entre les régions, déséquilibre entre les populations, parce que déséquilibre entre les préoccupations. Il faut souhaiter, il faut croire que le complément apporté aujourd'hui à l'orientation économique du pays par le nouveau modèle de développement et de croissance dénote de la part du gouvernement, des partenaires sociaux et économiques et de tous les acteurs et intervenants sur le champ économique, une lucidité et un courage politiques certains. En effet, ce nouveau modèle de développement et de croissance sur lequel le gouvernement mise beaucoup, est un processus extraordinaire qui s'inscrit dans la voie d'une nouvelle stratégie économique elle-même : celle de l'aboutissement de la désarticulation d'une économie trop retardataire à une accélération de la condamnation à une meilleure justice sociale. Tous les efforts sont aujourd'hui axés sur la production et la productivité : extension spatiale des activités industrielles et d'exploration, modernisation intensive des techniques agricoles. Parallèlement à cette course, il reste à concrétiser les fondements de l'investissement et qui restent encore à parfaire. Le maître-mot soulevé par le gouvernement : produire ; un objectif : exporter ; un atout : richesses naturelles ne peut de fait atteindre sa finalité et ses impacts sans un climat des affaires sain, notamment que le potentiel algérien en matières premières est exceptionnel. Toute ressource locale est exploitable et rentable à plus d'un titre. De tout ce qui précède et en raison de la situation économique et financière difficile que traverse le pays engendrée par la baisse de ses revenus pétroliers, le mieux est d'abolir les discussions et les débats doctrinaux afin de transformer sans douleur, un modèle économique en un autre : de l'accumulation à la répartition.