Comme d'autres grandes banques avant elle, Citi a abandonné sa prévision d'une baisse de l'euro qui le ramènerait à la parité avec le dollar mais la monnaie unique européenne reste vulnérable au risque politique en Europe. Deutsche Bank avait récemment repoussé le calendrier du passage de l'euro sous le seuil d'un dollar et dit s'attendre à ce qu'il s'échange à 1,08 dollar à la fin du deuxième trimestre et à 1,03 dollar à la fin du troisième contre des prévisions à un dollar et 98 cents respectivement auparavant. La cible de 95 cents ne serait pas atteinte avant la fin de l'année. L'historique des consensus de prévisions de Reuters montre que les dix banques les plus actives sur le marché des changes ont toutes sensiblement révisé leurs prévisions d'une baisse rapide de l'euro et de son passage sous la parité avec le dollar qui s'étaient généralisées à la faveur du mouvement haussier du billet vert amorcé à la fin 2014. Les prévisionnistes de Barclays et de Morgan Stanley ont relevé leur prévision à un an à 98 cents contre 95 cents tandis que d'autres équipes haussières sur le dollar, dont celles de Bank of America Merrill Lynch, BNP Paribas et Goldman Sachs, tablent sur un euro au mieux à un dollar voire au-dessus à cet horizon. JP Morgan s'attend à un euro à 1,15 dollar à la fin de l'année et David Bloom, le prévisionniste de HSBC, pense depuis des mois qu'il va rebondir jusqu'à 1,10 dollar voire au-delà. Dans une note adressée à ses clients vendredi soir, Citi, premier intermédiaire mondial sur le marché des devises, a relevé sa prévision sur l'euro à 1,04 dollar sur les six à 12 prochains mois, contre 0,98 auparavant. La monnaie unique européenne s'échangeait à 1,0755 dollar à 14h30 GMT lundi. Citi souligne que les signes montrant que le président américain Donald Trump pourrait retarder ses réformes budgétaires et fiscales en attendant de boucler celle de l'assurance santé remettent en cause le scénario de hausse du dollar. Les analystes de la banque ajoutent que leur scénario privilégié concernant l'élection présidentielle en France est celui d'une défaite de Marine Le Pen, la candidate du Front national favorable à l'abandon de la monnaie unique, ce qui ne justifierait plus une prime de risque politique en défaveur de l'euro.
Risque extrême Une surprise politique lors de l'un des scrutins à venir en Europe demeure le principal facteur de risque entourant les perspectives de l'euro. Le stratégiste change de JP Morgan, Paul Meggyesi, qui figure parmi les prévisionnistes les plus baissiers sur le dollar, souligne qu'une victoire de Marine Le Pen en France ou une percée d'autres dirigeants populistes ailleurs en Europe seraient les plus susceptibles de modifier son opinion. Le dollar a nettement reculé depuis que la Réserve fédérale a relevé ses taux comme attendu la semaine dernière mais sans annoncer une accélération du rythme de relèvement dans les mois à venir. "Nous sommes à l'aise avec la manière dont les choses se déroulent. La croissance en Europe occidentale semble s'améliorer, et sous réserve de l'incertitude politique, l'euro/dollar a probablement touché ses points bas", a-t-il dit. "L'évolution des cours confirme l'un des arguments clés de nos prévisions qui est que le relèvement (des taux) par la Fed n'est pas suffisant pour que le dollar se reprenne." Les interventions de banques centrales européennes comme celle de la Suisse ou de la République tchèque, qui ont acheté de l'euro au cours des dernières semaines pour freiner l'appréciation de leur devise, et l'excédent courant de la zone euro sont autant de facteurs supplémentaires invoqués par les analystes pour expliquer le raffermissement de la monnaie unique européenne. Selon les données de la CFTC, la commission américaine des marchés à terme, les positions sur les contrats à terme et d'options sur l'euro étaient encore vendeuses nettes à hauteur de 5.400 milliards de dollars à la fin de la semaine dernière mais il s'agit de leur plus bas niveau depuis mai 2016.
La livre sterling sous l'influence des conditions du Brexit Le climat des négociations sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne déterminera, au cours des 12 mois à venir, l'évolution de la livre sterling, qui pourrait tomber à 1,10 dollar ou s'envoler à 1,50 selon les prévisions les plus extrêmes, montre jeudi une enquête de Reuters auprès de professionnels du marché des changes. A 1,2465 dollar jeudi, la devise britannique accuse une baisse de plus de 10% par rapport à son niveau d'avant le référendum du 23 juin sur le Brexit. Et selon la médiane des estimations des responsables de stratégies devises interrogés, elle pourrait tomber à 1,17 dollar si les négociations sur le divorce avec l'UE tournaient à l'aigre. Plusieurs analystes la voient même plonger à 1,10 dollar, ce qui serait un niveau sans précédent depuis 1985. A l'opposé, dans l'hypothèse où les pourparlers évolueraient favorablement, la médiane des estimations donne la livre à 1,30 dollar, ce qui serait toutefois encore inférieur à son niveau d'avant le scrutin du 23 juin. L'un des analystes interrogés la voit même atteindre 1,50 dollar. "Le sterling n'est pas très étroitement lié aux anticipations de taux d'intérêt en ce moment: c'est vraiment de la question de savoir si le Brexit sera 'soft' ou 'hard' que dépend l'évolution du sterling et cela restera le cas pendant un an environ", estime Samuel Tombs, de Pantheon Macroeconomics. Les estimations de la soixantaine de responsables de stratégies devises interrogés sur la semaine écoulée donnent une livre sterling évoluant entre 1,22 et 1,24 dollar au cours des 12 prochains mois, une fourchette médiane sans grand changement depuis l'enquête de mars. L'euro devrait s'échanger à 86,0 pence dans un mois et à 88,0p dans six mois comme dans un an, des prévisions en légère hausse par rapport à mars. La monnaie unique européenne se traitait à 0,8541 pence jeudi.
Wall Street finit étale Wall Street a terminé vendredi quasi-inchangée sans céder à l'inquiétude en dépit de frappes aériennes américaines en Syrie et de chiffres de créations d'emplois aux Etats-Unis au mois de mars nettement inférieurs aux attentes. La séance a aussi été animée par des propos de l'influent président de la Réserve fédérale de New York, William Dudley, selon lesquels la réduction par la banque centrale américaine de la taille de son bilan de 4.500 milliards de dollars (4.250 milliards d'euros) n'entraînera qu'une "petite pause" dans la trajectoire de relèvement des taux directeurs. A la clôture, l'indice Dow Jones cède 6,85 points, soit 0,03%, à 20.656,10. Le S&P-500, plus large, perd 1,95 point, soit 0,08%, à 2.355,54. Le Nasdaq Composite recule de son côté de 1,14 point (-0,02%) à 5.877,81. Sur la semaine, le Dow Jones a fait du surplace tandis que le S&P 500 a perdu 0,3% et que le Nasdaq Composite a reculé de 0,57%. Les Etats-Unis ont bombardé une base aérienne en Syrie dans la nuit de jeudi à vendredi. Les investisseurs ont toutefois été rassurés par les déclarations de Washington selon lesquelles cette intervention n'ouvrait pas la voie à un engagement américain durable dans le conflit syrien. L'économie américaine n'a créé que 98.000 au mois de mars, le nombre le plus faible depuis 10 mois, selon des données publiées vendredi par le département du Travail. La baisse du taux de chômage à un plus bas de près de 10 ans a toutefois montré que le marché du travail reste tendu. Lees investisseurs ont aussi été rassérénés par les déclarations du président américain au cours de sa rencontre de deux jours avec son homologue chinois en Floride qui contrastaient avec la rhétorique anti-chinoise de sa campagne électorale. Donald Trump a déclaré vendredi qu'il avait avancé dans ces discussions avec Xi Jinping et qu'il espérait qu'ils pourraient surmonter de nombreux problèmes. "Ce n'est pas les sujets qui ont manqué aujourd'hui. En dehors de l'économie, il y a Chine, il y a la Syrie", a dit Sean Lynch, co-responsable de la stratégie sur les actions de Wells Fargo Investment Institute.
Wal-Mart stores en vedette Signe d'un regain d'aversion au risque, les secteurs défensifs comme les télécoms et les services aux collectivités ont terminé en hausse de 0,55% et 0,1% respectivement. Les biens de consommation non-cycliques, autre secteur défensif, ont été soutenus par la progression de 2,06% de Wal-Mart Stores, plus forte hausse du Dow Jones, après le relèvement de la recommandation de Telsey Advisors, qui estime que le numéro un mondial de la grande distribution est en train de retrouver sa position de force. Dans le compartiment de la défense, Raytheon, le fabricant des missiles Tomahawk utilisés par la Navy contre Damas, a terminé en hausse de 1,47%. Près 6 milliards de titres ont été échangés contre une moyenne de 6,75 milliards au cours des 20 dernières séances. L'or a bénéficié de son statut de valeur-refuge, atteignant un plus haut de cinq mois a 1.270,46 dollars l'once avant de céder une partie de ces gains pour revenir à 1.255,26 dollars l'once (+0,31%). Les rendements obligataires ont monté, effaçant leur recul provoqué par les chiffres de l'emploi, soutenus par les propos du président de la Fed de New York qui ont ravivé les anticipations de hausse de taux.