Le seul référent de l'Instance de dialogue et de médiation reste la démocratie, une démocratie ouverte qui ne soit ni bancale ni incomplète, un débat politique fondé sur les réalités, les revendications justes et légitimes du peuple dans la finalité d'incruster le principe que le pouvoir à venir doit émaner du peuple. Selon le coordinateur de l'Instance, M. Karim Younes " le dialogue demeurerait le moyen le plus sûr " pour aboutir à une solution consensuelle à la crise politique. "La crise politique que traverse le pays, depuis la fin du quatrième mandat de l'ex-président de la République, a érigé le dialogue en un moyen le plus sûr pour aboutir à une solution consensuelle permettant une sortie de l'impasse actuelle " , a-t-il précisé jeudi dernier lors d'une conférence de presse, réaffirmant que les membres de l'Instance " n'ont aucune qualité représentative du citoyen ni du pouvoir et n'est, de ce fait, le porte-parole d'aucun parti, ni instance ou association, elle n'est pas représentative du Hirak non plus". L'instance partage pourtant "les mêmes revendications du mouvement populaire relatives aux droits et libertés individuelles et collectives, ainsi qu'aux garanties d'organiser une présidentielle intègre", a-t-il souligné. Il a expliqué que "la mission de cette Instance est limitée à la médiation entre les acteurs politiques dans le but de mener un dialogue permettant l'élaboration d'une feuille de route consensuelle pour une sortie de crise". Pour ce faire, a-t-il poursuivi, l'Instance préconise la tenue d'une Conférence nationale dont la mission est de convoquer une commission chargée de préparer, d'organiser et de contrôler la présidentielle ". Elle se chargera également " d'élaborer une feuille de route pour la prochaine période présidentielle qui ne saura être qu'une autre période de transition durant laquelle se fera une profonde révision de la Constitution". Quand les membres de l'Instance de dialogue et de médiation planifient les rencontres avec la classe politique, les personnalités, la société civile et les représentants du Hirak, c'est évidemment la recherche de solutions à la crise politique, qu'il est question. Le Panel de dialogue invite avec conviction ses interlocuteurs, il entend assumer un rôle qui est le sien dans la concrétisation des revendications du mouvement populaire pour le changement radical et profond du système politique, il en discute avec tout le monde avec comme première nécessité incontournable d'unifier la vision que les uns et les autres doivent avoir des solutions à cette impasse politique grave, les propositions ne manquent pas, qu'il s'agira pour l'Instance de dialogue et de médiation d'affiner. Mais l'important, comme l'a fermement affirmé M. Karim Younes, c'est d'être à l'écoute de tout le monde politique et social, la jeunesse, le peuple au lieu d'aller vers eux avec des discours stratifiés, ignorant la réalité profonde et, en définitive, anesthésiant beaucoup plus que mobilisateurs autour d'une sortie de crise consensuelle, doit-on comprendre de sa volonté. Il est clair, en effet, que la " bataille politique " actuelle consiste à gagner et à conserver, la confiance du mouvement populaire par tous les acteurs, y compris le pouvoir actuel. Or, contrairement à ce que pensent quelques opposants, le dialogue est moins l'affaire d'individus mais de l'ensemble de la collectivité nationale. Déjà les premiers contacts du Panel qui ont eu lieu avec un très grand nombre d'acteurs politiques et de la société civile ont montré combien de représentants et d'acteurs, dont beaucoup il faut le dire, appréhendaient ou continuent d'appréhender le contact avec l'Instance de dialogue et de médiation, gagneraient à ancrer la démarche, le processus et l'acte dans le vécu du peuple qui reste, quoi qu'on puisse penser, la plus riche réserve de la démocratie et celle qui se laisse le moins subjuguer par les menées de la politique politicienne, la nostalgie du statu-quo. Cela étant, si l'écoute du peuple, ses revendications sont le meilleur moyen d'arriver à parler d'une même voix et un même langage, il reste que la complémentarité entre le Panel de dialogue, la classe politique, les personnalités, la société civile et les représentants du Hirak est tout de même nécessaire afin qu'aucune partie prenante du dialogue n'évolue littéralement en vase clos. D'où certaines incohérences, certaines contradictions et, en définitive, certaines dénaturations du rôle et la mission de l'Instance de dialogue et de médiation. Des équivoques bien réelles et qu'il ne sert à rien d'occulter. Le moyen de lever ces équivoques, pour M. Karim Younes, passe par le dialogue et la coordination et donc au service exclusif de la sortie de crise, non pas comme un simple élément, mais comme une incontournable nécessité de l'univers politique assaini qui, sans être encore tout à fait sédimenté, se dessine progressivement. Dans cette âme profonde du changement, M. Karim Younes est bien placé pour dire que " le dialogue national et la concertation sont des conditions pour parvenir à entamer le processus de réformes politiques et constitutionnelles, dont le pays a besoin ". Il a par ailleurs averti quant aux conséquences politiques dangereuses du refus de dialogue. "Le dialogue comme unique voie pour rapprocher les uns et les autres". C'est dire à peu près que le dialogue n'est pas la seule voie. D'autres canaux restent à prospecter et à utiliser pour arriver entièrement et réellement à une vision correcte des questions fondamentales politiques de sortie de crise. Mais ceci, encore une fois, ne doit pas être conçu comme un chantier sans architecture. Il s'agit, en fait , de voir dans cette approche une méthode, une stratégie de travail à inscrire dans la pratique quotidienne de tout un chacun et de tous pour formuler des propositions sérieuses, d'aller vers une Conférence nationale qui fixera la date de l'élection présidentielle dans les plus brefs délais, de garantir en même temps les conditions nécessaires de la tenue de ce scrutin présidentiel régulier et transparent.