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La guerre civile du Liban sur les tréteaux
Le quatrième mur de Sorj Chalandon
Publié dans Le Midi Libre le 15 - 09 - 2013

Dans son roman Le quatrième mur (Grasset), Sorj Chalandon, ancien reporter de guerre, revient par le biais d'une fiction sur la guerre civile qui a déchiré le Liban dans les années 80.
Dans son roman Le quatrième mur (Grasset), Sorj Chalandon, ancien reporter de guerre, revient par le biais d'une fiction sur la guerre civile qui a déchiré le Liban dans les années 80.
Un des romans-phares de la rentrée littéraire
Georges, éternel étudiant à la Sorbonne, a longtemps milité dans l'extrême gauche pour la défense des Palestiniens et fait de la mise en scène de théâtre à ses heures perdues. Il n'est jamais sorti des frontières de la France.
Parce qu'il a promis à Sam, metteur en scène grec, son frère, son ami mourrant, de monter à sa place la pièce de théâtre Antigone à Beyrouth en pleine guerre civile, Georges prend l'avion et s'immerge naïvement dans l'horreur du conflit qui a déchiré le Liban de 1975 à 1990. Voilà le point de départ de l'un des romans-phares de la rentrée littéraire, sélectionné pour le prix Goncourt,
Le Quatrième Mur (Grasset), dernier roman de Sorj Chalandon, ancien reporter de guerre pour le journal Libération. Georges - le double de Sorj - arrive donc à Beyrouth, un exemplaire de l'"Antigone" de Jean Anouilh dans la poche, avec la conviction que les massacres au Liban pourraient s'arrêter le temps d'une pièce de théâtre.
Son ami Sam avait recruté un acteur venu de chaque communauté religieuse - une Antigone palestinienne, un Créon chrétien, un Hermon druze, des gardes chiites... Pour Georges, une seule représentation d'Antigone serait déjà une victoire qui sèmerait le doute dans la logique meurtrière de chaque camp. Le temps d'un acte, les fusils se tairaient. Sur scène, la tragédie prendrait corps sans subir les conséquences irréversibles de la guerre : les morts se relèveraient à la fin de la représentation pour saluer le public.
Antigone, un texte à tiroirs
Autant le dire tout de suite, ce rêve se prendra les pieds dans la guerre civile et tombera dans les escarcelles du massacre de Chatila, en septembre 1982. Mais le roman poursuit cette utopie et laisse entrevoir, le temps de quelques répétitions, comment le théâtre accomplit l'impossible : réunir des ennemis autour d'un projet commun.
Les acteurs - Imane, la Palestinienne sunnite qui joue Antigone, Charbel, le chrétien maronite qui endosse le rôle de Créon - sont appelés à oublier leur identité personnelle pour prendre le masque de la tragédie, laisser des nouvelles relations s'installer. Toute la complexité d'Antigone saute alors aux yeux : la pièce se révèle comme un texte ouvert à de multiples interprétations, suffisamment pour permettre à chacun des protagonistes d'en tirer son miel. Charbel a ainsi obtenu l'autorisation de son frère, phalangiste chrétien, de jouer dans la pièce d'Anouilh, car son personnage, le roi Créon, garantira l'ordre et écrasera Antigone l'insensée.
Celle-ci trouve un écho favorable chez les Palestiniens, dont Imane devient le porte-parole, pour son combat obstiné à défendre ses valeurs, envers et contre toute raison humaine. Ce n'est pas la première fois qu'Antigone d'Anouilh trouble les notions de bien et de mal, de bon camp et de mauvais camp. C'est ce même malentendu qui s'était produit à la première représentation de la pièce, pendant la Seconde Guerre mondiale, quand les nazis et la résistance avaient chacun applaudi la pièce.
"La guerre était en train de me dévorer"
Par le théâtre, Sorj Chalandon veut surtout mettre en scène la guerre. Et il envoie son narrateur, Georges, au casse-pipe, s'engouffrer dans les bombardements du siège de Beyrouth, durant l'été 1982, et assister au massacre du camp palestinien de Chatila en septembre de la même année. Le roman touche alors du doigt l'enfer.
Le rêve d'instaurer la paix entre les communautés vire au massacre. Récit perturbant, écrit par touches de malaise et de démence, que l'écrivain a couché sur le papier, guidé par sa propre expérience. Car avant d'être romancier, Sorj Chalandon a été reporté de guerre. Il a couvert le conflit libanais pour le quotidien Libération, mais aussi l'Irak, l'Afghanistan et la Somalie, et a reçu le prestigieux prix Albert-Londres en 1988. Quand il écrivait ses reportages, Sorj Chalandon mettait ses émotions de côté pour décrire le conflit libanais de façon clinique.
Mais "le reportage de guerre, et la guerre elle-même, étaient en train de me dévorer", confiait-il récemment sur France 24. Le journaliste décide alors de rentrer vivre "en paix", alors même que cette paix lui était devenue ennuyeuse. Beaucoup plus tard, il décide d'écrire un roman. "Je me disais qu'un jour, il faudrait que mes larmes sortent. Je prête à Georges, mon narrateur, les sentiments que je n'ai pas pu avoir à l'époque. Je l'ai envoyé plus loin, là où je m'étais arrêté". C'est là que, traumatisé d'avoir vu le règne de la mort, titubant dans la folie guerrière, Georges amène au plus près de l'âme humaine.
Un des romans-phares de la rentrée littéraire
Georges, éternel étudiant à la Sorbonne, a longtemps milité dans l'extrême gauche pour la défense des Palestiniens et fait de la mise en scène de théâtre à ses heures perdues. Il n'est jamais sorti des frontières de la France.
Parce qu'il a promis à Sam, metteur en scène grec, son frère, son ami mourrant, de monter à sa place la pièce de théâtre Antigone à Beyrouth en pleine guerre civile, Georges prend l'avion et s'immerge naïvement dans l'horreur du conflit qui a déchiré le Liban de 1975 à 1990. Voilà le point de départ de l'un des romans-phares de la rentrée littéraire, sélectionné pour le prix Goncourt,
Le Quatrième Mur (Grasset), dernier roman de Sorj Chalandon, ancien reporter de guerre pour le journal Libération. Georges - le double de Sorj - arrive donc à Beyrouth, un exemplaire de l'"Antigone" de Jean Anouilh dans la poche, avec la conviction que les massacres au Liban pourraient s'arrêter le temps d'une pièce de théâtre.
Son ami Sam avait recruté un acteur venu de chaque communauté religieuse - une Antigone palestinienne, un Créon chrétien, un Hermon druze, des gardes chiites... Pour Georges, une seule représentation d'Antigone serait déjà une victoire qui sèmerait le doute dans la logique meurtrière de chaque camp. Le temps d'un acte, les fusils se tairaient. Sur scène, la tragédie prendrait corps sans subir les conséquences irréversibles de la guerre : les morts se relèveraient à la fin de la représentation pour saluer le public.
Antigone, un texte à tiroirs
Autant le dire tout de suite, ce rêve se prendra les pieds dans la guerre civile et tombera dans les escarcelles du massacre de Chatila, en septembre 1982. Mais le roman poursuit cette utopie et laisse entrevoir, le temps de quelques répétitions, comment le théâtre accomplit l'impossible : réunir des ennemis autour d'un projet commun.
Les acteurs - Imane, la Palestinienne sunnite qui joue Antigone, Charbel, le chrétien maronite qui endosse le rôle de Créon - sont appelés à oublier leur identité personnelle pour prendre le masque de la tragédie, laisser des nouvelles relations s'installer. Toute la complexité d'Antigone saute alors aux yeux : la pièce se révèle comme un texte ouvert à de multiples interprétations, suffisamment pour permettre à chacun des protagonistes d'en tirer son miel. Charbel a ainsi obtenu l'autorisation de son frère, phalangiste chrétien, de jouer dans la pièce d'Anouilh, car son personnage, le roi Créon, garantira l'ordre et écrasera Antigone l'insensée.
Celle-ci trouve un écho favorable chez les Palestiniens, dont Imane devient le porte-parole, pour son combat obstiné à défendre ses valeurs, envers et contre toute raison humaine. Ce n'est pas la première fois qu'Antigone d'Anouilh trouble les notions de bien et de mal, de bon camp et de mauvais camp. C'est ce même malentendu qui s'était produit à la première représentation de la pièce, pendant la Seconde Guerre mondiale, quand les nazis et la résistance avaient chacun applaudi la pièce.
"La guerre était en train de me dévorer"
Par le théâtre, Sorj Chalandon veut surtout mettre en scène la guerre. Et il envoie son narrateur, Georges, au casse-pipe, s'engouffrer dans les bombardements du siège de Beyrouth, durant l'été 1982, et assister au massacre du camp palestinien de Chatila en septembre de la même année. Le roman touche alors du doigt l'enfer.
Le rêve d'instaurer la paix entre les communautés vire au massacre. Récit perturbant, écrit par touches de malaise et de démence, que l'écrivain a couché sur le papier, guidé par sa propre expérience. Car avant d'être romancier, Sorj Chalandon a été reporté de guerre. Il a couvert le conflit libanais pour le quotidien Libération, mais aussi l'Irak, l'Afghanistan et la Somalie, et a reçu le prestigieux prix Albert-Londres en 1988. Quand il écrivait ses reportages, Sorj Chalandon mettait ses émotions de côté pour décrire le conflit libanais de façon clinique.
Mais "le reportage de guerre, et la guerre elle-même, étaient en train de me dévorer", confiait-il récemment sur France 24. Le journaliste décide alors de rentrer vivre "en paix", alors même que cette paix lui était devenue ennuyeuse. Beaucoup plus tard, il décide d'écrire un roman. "Je me disais qu'un jour, il faudrait que mes larmes sortent. Je prête à Georges, mon narrateur, les sentiments que je n'ai pas pu avoir à l'époque. Je l'ai envoyé plus loin, là où je m'étais arrêté". C'est là que, traumatisé d'avoir vu le règne de la mort, titubant dans la folie guerrière, Georges amène au plus près de l'âme humaine.


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