Les deux campagnes de vaccination contre la rougeole et la rubéole lancées en 2017 et en 2018 ont apparemment échoué. Selon le ministère de la Santé, le taux de réponse à ces campagnes a été «faible». L'apparition de nouveaux cas de ces deux maladies dernièrement dans certaines wilayas en est la preuve. Ces nouvelles données vont-elles inciter les parents à vacciner leurs enfants ? Rym Nasri - Alger (Le Soir) – L'apparition de nouveaux cas de rougeole et de rubéole dans certaines wilayas suscite l'inquiétude du ministère de la Santé qui appelle les parents n'ayant pas vacciné leurs enfants contre ces maladies à le faire le plus rapidement possible. Pour le directeur de la prévention et de la promotion de la santé au ministère, Djamel Fourar, cité par l'APS, ces cas sont le résultat de la «réticence» des parents à vacciner leurs enfants lors des deux campagnes organisées en mars 2017 et du 25 décembre 2017 au 7 janvier 2018. Elles n'ont touché finalement, précise-t-il, que 40% des enfants ciblés dont l'âge est compris entre 6 et 14 ans. Qualifiant l'échec de ces campagnes de vaccination d'«alarmant», il affirme que cette abstention pourrait entraîner la résurgence de ces deux virus mortels pour les enfants et les adultes. Il cite ainsi l'exemple de la wilaya d'El-Oued où 18 cas ont été confirmés et un enfant de quatre ans décédé, contaminé par des écoliers n'ayant pas été vaccinés. Organisée en mars dernier dans les établissements scolaires, la campagne de vaccination contre la rougeole et la rubéole, qui devait cibler près de 7 millions d'élèves, a pourtant connu un faible taux de réponse de la part des parents. Idem pour la campagne de rattrapage dans les établissements scolaires lancée du 25 décembre 2017 au 7 janvier 2018. Le président du Conseil national de l'Ordre des médecins, Dr Mohamed Berkani Bekkat, impute cet échec en premier lieu à l'absence d'une campagne de médiatisation. «Il faut une médiatisation très accrue pour convaincre le public», dit-il. Il remet en cause également la programmation de la campagne de rattrapage durant les vacances scolaires. «Nous devons consacrer une demi-journée ouvrable uniquement pour la vaccination des écoliers et les accompagner dans un établissement de santé publique de proximité (EPSP)», poursuit-il. Pour lui, la vaccination ne doit pas se faire dans les établissements scolaires. «Elle doit se faire dans un milieu médicalisé», précise-t-il. Le Dr Bekkat souligne, en outre, l'obligation de la vaccination. «Le caractère facultatif de la vaccination n'existe pas. Nous ne demandons pas l'autorisation des parents quand il s'agit de maladies transmissibles. Il faut de l'autoritarisme !» dit-il. Mettant en garde contre les conséquences du «boycott» de la vaccination contre ces deux maladies, il précise que la rougeole contractée à l'âge adulte peut être mortelle. Quant à la rubéole, elle cause des malformations congénitales chez les femmes enceintes. «Il faut prendre des décisions souveraines afin de ne pas laisser la place à la rumeur», dit-il encore.Le président du Conseil national de l'Ordre des médecins plaide, par ailleurs, pour la mise en place d'un office de veille qui sera chargé d'évaluer la réalité des maladies transmissibles et la situation épidémiologique en Algérie. Ry. N.
