L'Aïd devrait être célébré ce vendredi, selon l'Association d'astronomie Sirius. Et selon Sizekri ? Ah, les sujets marronniers ! D'une fidélité absolue. Jamais en retard. Toujours à l'heure. En début de Ramadhan, nous avons eu droit à la fameuse promesse du ministre du Commerce «les prix vont baisser», et au bout ou presque de ce mois de «piété, de générosité et de solidarité», nous savons ce qu'il en a été de cette baisse, et nous nous sommes résignés à faire la sieste sous le marronnier ! Et là, le premier policier du pays, le ministre Bedoui vient de rajouter une branche à l'arbre saisonnier déjà bien branchu ! Dans une belle et tonitruante déclaration, faite la bave de colère aux lèvres, il a annoncé, face à une caméra blasée, fatiguée d'écouter la même rengaine depuis aussi longtemps : «Cette année, je le dis et le répète, l'accès aux plages sera totalement gratuit ! » Je pense très sincèrement, par expérience, que c'est ce genre de déclarations qui est totalement et désespérément... gratuit ! Ça ne mange pas de pain, à la mi-juin, de venir comme ça, taper du poing sur une table qui n'en demandait pas autant et de décider à blanc que le racket aux plages, c'est fini ! Lorsque la saison aura vraiment débuté, dans quelques jours, une fois les derniers rots du Ramadhan et des gâteaux de l'Aïd expurgés, j'irai à la plage. Du moins, je vais essayer d'y aller. Et là l'entrée, un «parkingueur gourdinisé» m'attendra, vêtu d'un gilet jaune fluo acheté chez le quincaillier ou carrément volé dans une voiture ou un chantier, me dira avec son plus beau sourire carnassier, rehaussé d'une raf'aâ chemma : «C'est 100 dinars, el hadj.» El hadj emmouk ! Mais je ne lui dirai pas el hadj emmouk, parce que j'aurai peur du gourdin. J'aurai beau chercher des yeux Bedoui pour qu'il vienne à ma rescousse, je n'aurai pas d'aide à proximité, dans ma quête de gratuité. Bien au contraire, je devrai ensuite affronter le plagiste. Qui se sera levé aux aurores pour planter toutes les premières lignes, en prise directe avec l'eau, de ses «beaux parasols, chaises et tables». Alors, Si Bedoui ? Lemen nech'ki ? A qui je dois me plaindre ? Je vais dire quoi au plagiste qui m'enverra en dernière ligne et m'obligera moi, ma femme et mes enfants soit à payer 3 000 dinars de location de matériel, soit à parcourir 500 mètres à chaque fois que nous voudrons nous rafraîchir dans la mare ? On lui dira à lui et au reste du gang des racketteurs que nous fumons du thé pour rester éveillés jusqu'au prochain sujet marronnier, car le cauchemar saisonnier continue. H. L.