C'est aujourd'hui jeudi 16 juillet que débute le festival Raconte-Arts qui propose, depuis une quinzaine d'années, des spectacles qui investissent les ruelles et les travées des villages de Kabylie. Pour l'édition de cette année, le festival a choisi Tiferdoud, lauréat de la dernière édition du concours du village le plus propre de la wilaya organisé par l'APW de Tizi Ouzou, pour installer ses tréteaux, promener son carnaval, donner libre cours à ses déambulations nocturnes et transformer les murs du village en cimaises pour accrocher les peintures, les tags et créations graphiques. Huit jours durant, Tiferdoud deviendra une scène à ciel ouvert pour des spectacles en tous genres : cinéma, théâtre, art graphique et peinture se disputeront l'espace aux conteurs, musiciens et aux chanteurs. «Un programme riche et éclectique qui s'étalera sur tout le long du village, sur une allée de plus de deux kilomètres», se plaisent à dire les organisateurs lors d'une conférence de presse organisée en compagnie du représentant du village hôte du festival, mardi, au siège de Radio Tizi-Ouzou. «Au total, ce sont une cinquantaine de spectacles de rue qui seront proposés quotidiennement. De ce point de vue, Raconte-Arts est l'un des plus grands festivals d'art de rue au niveau de l'Afrique du Nord», expliquera Hacène Metref qui met l'accent sur la singularité de ce rendez-vous artistique annuel qui, selon lui, «allie modernité, ouverture sur le monde et ancrage dans la tradition et le local». Un concept, un esprit qui a permis à Raconte-Arts de monter en notoriété, en une quinzaine d'années et font qu'il soit couru par de nombreux artistes et attire des flux importants de visiteurs qui investissent les villages d'accueil. A partir d'aujourd'hui, ce sont quatre cents participants qui seront au rendez-vous de Tiferdoud dont une centaine d'artistes qui viendront de France, Tunisie, Maroc, Portugal, Russie, Allemagne, Sénégal...«Raconte-Arts constitue un puisant levier pour la libération des énergies artistiques et la création d'une dynamique culturelle dans la région», enchaînera Mbarek, membre du comité d'organisation. Il sera rejoint en cela par Salem Sadali du comité du village Tiferdoud qui voit dans ce rendez-vous que s'apprête à accueillir son village, «un projet fédérateur», une opportunité pour l'éveil des gens pour la culture. Ce représentant du comité du village témoigne de l'engagement des citoyens de Tiferdoud pour la réussite de cet événement. Une expérience qui donne des idées aux membres du comité du village, puisque les maisons d'hôte qui seront proposées à accueillir les festivaliers serviront, à l'avenir, à l'accueil d'autres visiteurs dans le cadre du tourisme solidaire. Et les atouts pour le soutien d'une telle initiative ne manquent pas à Tiferdoud. En plus de son charme pittoresque, ce village, le plus haut de Kabylie, offre des opportunités pour des randonnées en montagne et des visites dans des lieux chargés d'histoire, à l'instar de la demeure de Fadhma N'Soumeur et du lieu où cette résistante a livré l'ultime bataille contre les troupes du maréchal Randon. Programme varié Juste après l'ouverture officielle qui aura lieu à 18h, l'artiste Denis Martinez entamera l'esquisse de sa fresque «Iqarmouden ou une histoire de tuiles», une intervention graphique sur 35 vieilles tuiles du village qui seront installées sur l'un des murs de l'ancienne tajemaât du village. Carnaval fi dechra de Mohamed Oukassi, Jusqu'à la fin des temps, de Yasmina Chouikh, Décharge interdite de Tahar Yami sont au programme des projections cinématographiques. Il y aura du théâtre, du conte, des conférences-débats, des rencontres au tour du livre et de l'édition. Une activité quotidienne durant toute la durée du festival. Samira Bendris, Farida Safiddine et Lazhari Labter animeront une table ronde sous le thème «La femme, un combat éternel pour l'amour et la liberté». La poésie sera à l'honneur avec un récital poétique animé par Benmohamed, Kaci Oussadoun, Ahcène Mariche, Hadjira Oubachir, Fouzia Laradi et ponctué des chants de Mohsa, Djamel Kaloun et des Amis du chant berbère de Montpellier. L'Odyssée poétique méditerranéenne est un montage poétique proposé par Yacine Si Ahmed avec Leïla Boukli, Rabea Djelti, Malika Boussouf, Amin Zaoui, Abddelkrim Tazarout, Abdelkader Bensalah, Noureddine Saoudi, accompagnés par la farandole du compositeur Bazou du théâtre de Béjaïa. Musique et chants avec Akli D et Arezki Ameziane, Baâziz, récital de musique andalouse avec Beihdja Rahal. Une soirée sera consacrée à plusieurs chanteurs de la jeune scène algérienne comme Malek Bachi, Malik Kezoui, Abdelhaq Sahel, Djillali Toumert, Billal Mohri. Au programme, le genre gnawi avec Diwan Gnawa de Blida et Ghardaïa et des chants liturgiques interprétés par Lekhwan Nath Yahia. Comme chaque année, les arts plastiques et la photographie seront à l'honneur. Le village sera transformé en une galerie à ciel ouvert et accueillera un grand nombre d'expositions. Des ateliers d'initiation artistique (dessin, peinture, écriture créative...) et des activités en off (hors sélection) sont au menu de ce festival qui prendra fin le 26 juillet. S. A. M.
