Hier, après une longue attente, que ce soit du personnel médical ou encore des milliers de patients à travers tous les hôpitaux et centres médicaux d'Oran, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière s'est enfin rendu dans la wilaya pour une visite des plus brèves à chacune de ses haltes. Avec à chaque fois les mêmes constatations : des retards et des avenants encore des avenants pour ces mêmes projets qui finiront par coûter le double du prix initial. Amel Bentolba - Oran (Le Soir) - Le centre hospitalier spécialisé dans le cancer à El Hassi était l'une des principales haltes du ministre que beaucoup attendaient tant ce centre accueille de malades du cancer qui y affluent de toutes parts pour subir des radiothérapies. Connu surtout pour ses pannes récurrentes qui laissent le patient livré à lui-même et surtout à compter ses jours, la venue du ministre devait leur donner un espoir de le voir sévir et agir ou du moins les écouter, les rassurer. Sans détour, le médecin chargé de l'exposé de la situation que traverse l'hôpital, dira au ministre qu'«au cours de ces deux dernières années, nous avons eu beaucoup de soucis avec ces deux machines dit d'accélérateurs ». Le ministre se tourne alors vers le directeur des lieux pour tenter de comprendre pourquoi jusqu'à présent le problème n'est pas réglé et où en est l'acquisition de nouveaux équipements. On lui explique que c'est une question de lancement d'un avis d'appel d'offre. Le ministre s'offusque «on va passer outre l'avis d'appel d'offre. Je vais demander l'autorisation au Premier ministre parce que nous avons une installation de type Varian et nous avons déjà un accélérateur Varian. On ne va pas amener autre chose, il faut qu'on déroge c'est tout». Le médecin poursuit son exposé toujours avec autant de franchise et fera remarquer : «Si on ne remet pas à niveau les équipements qu'on a, en plus de l'acquisition d'autres équipements, ça ne peut pas fonctionner». Sa remarque ne soulèvera aucune réaction. Dehors, les patients sont tenus à l'écart du ministre et n'ont pas pu s'en approcher pour lui soumettre leurs difficultés, leurs souffrances au quotidien en raison justement de ces pannes en radiothérapie. Ils ont été déçus puisqu'aussitôt l'exposé sur la situation terminé, le ministre a quitté les lieux se refusant à tout commentaire. Au niveau du projet en cours de réalisation de l'hôpital des grands brûlés, là encore, le ministre a été surpris de constater le retard qu'enregistre le projet. Il saisira l'occasion d'une remarque faite par le représentant du maître d'ouvrage Khenchali, qui dira que le retard est dû à l'attente de réception des avenants. le ministre lui fait remarquer que «si on en vient à entrer dans le détail, vous avez reçu déjà des avenants et vous accusez un retard de 12 mois. Un projet qui devait coûter 1 milliard de dinars si on vient comptabiliser le coût final… !». Pour l'instant, le coût atteint le double et la réception provisoire de l'hôpital est prévue d'ici le début de la nouvelle année. La visite des lieux a réservé quelques surprises au ministre à commencer par la dalle de sol glissante, un choix insensé dit-il, et d'autres travaux non conformes aux normes, tels que la conception du bloc opératoire et les conduites d'aération. L'installation des circuits des blocs opératoires pour le traitement de l'air ne répond pas aux normes, alors que les blocs doivent être aseptisés. A cela le maître d'ouvrage dira qu'il n'a fait que respecter les plans. En évoquant les structures de santé déjà existantes, notamment le CHUO, le ministre dira que lors de la réunion qu'il tiendra dans l'après-midi même avec les responsables du secteur, l'accent sera mis sur la nécessité d'avantager la réhabilitation des structures existantes. «On ne peut pas construire indéfiniment et ne pas réhabiliter. Il y a quelques services très anciens, avec des structures qui ont 50 ans.». Une structure sanitaire où le ministre ne s'est pas rendu durant cette visite alors qu'il avait dépêché il y a quelque temps deux commissions d'inspection. A. B.