Quand le jeune footballeur Youcef Belaïli qui évoluait alors à l'USM Alger avait été contrôlé positif à la cocaïne, beaucoup d'Algériens découvraient que la prise des drogues «dures» n'était finalement pas une vue de l'esprit. Il ne manquait pourtant pas d'arguments à leur naïveté. Ils ont l'habitude de voir des jeunes et moins jeunes «fumer un joint», ils ont vu des gamins laissés sur le carreau inhaler de suicidaires saloperies, ils ont découvert les psychotropes mais la «coque», c'est tout de même autre chose. C'est la citadelle imprenable de la discrétion, c'est le nec plus ultra du shoot à délires, la mort délicieuse de ceux qui ont tout pour vivre. Autant dire un caprice de riches que l'Algérien ordinaire n'a même pas le «privilège» de voir l'œil nu. Pourtant, dans les centres urbains du moins, tout le monde a sa petite ou grande histoire sur la question. La cocaïne pour ceux, nombreux, à qui on ne peut pas cacher grand-chose, d'une banalité à glacer d'épouvante. Des gens qui vont vous raconter que tous les enfants de riches s'en envoient à la cuiller, ceux qui soutiennent qu'on peut acheter de la «poudre» comme on achète des œufs, ceux qui jurent leurs grands dieux que tel enfant de nabab politique est le plus grand dealer sur la place d'Alger, tel autre qui promet de vous indiquer un salon de sniff ou une «supérette spécialisée» qui a pignon sur rue, vous pouvez en entendre et des meilleures. Il y a de l'exagération, c'est sûr mais ces histoires ne tiennent pas toutes du mensonge de frimeurs ou du fantasme scénarisé. De l'étrangeté à la révélation, en passant par le voile de pudeur ou le tabou, la cocaïne est devenue une réalité qu'on ne peut plus cacher. Les sept quintaux saisis au port d'Oran déverseront leurs flots dans tous les moulins, qui ne brassent pas forcément du vent. Encore heureux qu'elle soit si chère, vous diront les moins avertis, qui ne doivent pas savoir que seules les premières expériences sont… chères, s'agissant d'effet dissuasif. L'addiction, rapide, ouvrira toutes les portes de la débrouille qui conduit droit dans l'enfer de la folie ou pire : le crime. Trois quintaux viennent d'être récupérés en mer, dans la périphérie de la zone industrielle de Skikda. D'ouest en est, la quantité a décliné en volume. «Revue à la baisse», diront les cyniques les plus fins. Eh oui, on ne peut plus mettre ces choses à l'abri de ses implications. Oran et Skikda, c'est le même pays. C'est aussi vrai que la cocaïne est toujours blanche. Allez réduire la part du fantasme dans ces conditions. On a beau dire, on sait déjà la direction du regard. On ne peut rien contre les certitudes quand rien ne vient en ébranler la ténacité. Pendant ce temps, le petit Chérif El Ouazani, un autre footballeur, s'est fait contrôler positif à la même substance. La situation n'est pas drôle, les débats en plateaux TV, si : ça parle de… dopage quand il est question de cocaïne. Et de LSD ! S. L.