Encore plus importante que le vendredi précédent, la mobilisation populaire contre le système organisée hier a drainé près de 200 000 personnes à Annaba. Le cours de la Révolution, lieu de ralliement habituel des protestataires au même titre que les rues adjacentes, avait accueilli, dès la matinée, plusieurs centaines de citoyens. La masse grossissait au fur et à mesure dans l'attente de la fin de la prière hebdomadaire. La foule était constituée de jeunes et moins jeunes, hommes et femmes accompagnés de leur progéniture. «Pour, disent-ils, leur assurer un avenir meilleur dans une Algérie libre, démocratique et fraternelle dont nous avons été privés durant des décennies». La foule immense reprenait en chœur les slogans habituels insistant sur le départ de tout le système incarné en premier lieu par le Président mais aussi par le parti FLN. «FLN dégage. Le FLN au musée», criaient les manifestants pour signifier à ceux qui ont fait d'un symbole appartenant à tous les Algériens un fonds de commerce ainsi qu'à son clone et aux autres partis du pouvoir qui veulent prendre le train en marche. «L'Histoire vous a condamnés. Vous devez quitter la scène le plus tôt serait le mieux» leur réclamaient les citoyens. A Bouchareb, le parachuté à la tête de l'ex-parti unique, ils soulignent : «A celui qui nous souhaitait de faire de beaux rêves au début de notre mouvement, nous disons que la volonté du peuple triomphera toujours. C'est lui qui rêve aujourd'hui de prendre le train en marche. Voulant ainsi se refaire une virginité.» «Croyant maîtriser toujours la situation alors que le mouvement populaire ne cesse de réclamer leur départ sans tarder, les tenants du pouvoir vacillant se trompent car ils n'ont pas mesuré à sa juste valeur la lame de fond qui grossissait d'un vendredi à l'autre. Le souhait du peuple est de construire un Etat de droit qui donne sa chance à chaque citoyen et où il fait bon vivre. Un Etat où le sous-développement avec son corollaire la misère et l'ignorance sera l'ennemi à combattre», insistait un vieux Bônois ayant quitté le FLN au début de l'indépendance, estimant son devoir accompli. Les protestataires, drapés de l'emblème national et munis de banderoles et pancartes, n'ont pas cessé d'exprimer leur colère contre le pouvoir actuel et ses sbires. La protesta s'est poursuivie aussi pacifique que joyeuse, comme chaque vendredi, durant plusieurs heures avant de commencer à se disperser vers la fin de la journée dans un calme total, sans aucune intervention des forces de l'ordre. A. Bouacha
