Orascom Construction Industries (OCI), propriété de l'homme d'affaires Nassef Sawiris, et le groupe industriel émirati Abu Dhabi National Oil Company (ADNOC) ont annoncé la fusion de leurs filiales spécialisées dans la production et la distribution de fertilisants. Sorfert, détenu à 51% par OCI et à 49% par la Sonatrach, tombe dans l'escarcelle de cette nouvelle entité présentée comme le nouveau leader mondial des engrais azotés. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - Jamais deux sans trois. Après la fusion Orascom Cement-Lafarge et Orascom Telecom Holding-Vimpelcom, la fratrie cairote refait parler d'elle avec la fusion OCI-ADNOC. Le 17 juin, les deux groupes ont rendu public un communiqué commun pour annoncer cette fusion visant à créer un géant mondial dans le secteur des fertilisants. « OCI NV et ADNOC vont former une coentreprise pour créer un nouveau leader mondial des engrais azotés La nouvelle coentreprise sera le plus grand exportateur d'engrais azoté au monde, ainsi que le plus grand producteur de la région Mena. Ce partenariat permettra à ADNOC de regrouper son activité engrais, ADNOC Fertilizers, au sein de la plateforme d'engrais azotés d'OCI pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord (Mena) afin de constituer une nouvelle entreprise commune. L'entreprise commune deviendra la plus grande plate-forme d'engrais azotés au monde, axée sur les exportations, et le plus grand producteur de la région Mena avec une capacité de production de 5 millions de tonnes d'urée et 1,5 million de tonnes d'ammoniac vendable (…) OCI et ADNOC détiendront respectivement 58% et 42% de cette joint-venture », peut-on lire également. Ahmed Al Jaber, ministre d'Etat émirati et chef de la direction du groupe ADNOC, présidera le conseil d'administration, Nassef Sawiris assumera le rôle de P-dg, parallèlement à son rôle actuel de P-dg d'OCI. Sorfert figure parmi les entreprises qui entrent dans le giron de cette nouvelle entité. « Les actifs d'OCI dans la région Mena comprennent l'Egyptian Fertilizer Company (EFC), une participation de 60% dans Egypt Basic Industries Corporation (EBIC), une participation de 51% dans Sorfert en Algérie et une plate-forme de négociation mondiale basée aux EAU », souligne le communiqué. Situé à Arzew, Sorfert est détenu à 51% par OCI NV et à 49% par la Sonatrach. Il est un des principaux producteurs intégrés d'engrais d'Afrique du Nord. Si l'on s'en tient à l'article 30 de la loi relative à la promotion de l'investissement, la Sonatrach est en mesure de faire valoir le droit de préemption : « Nonobstant les dispositions de l'article 29 ci‐dessus, l'Etat dispose d'un droit de préemption sur toutes les cessions d'actions ou de parts sociales réalisées par ou au profit d'étrangers .» L'accord OCI-ADNOC, qui s'avère être un cas de « cession indirecte », tombe sous le coup de l'article 31. «Constitue une cession indirecte de société de droit algérien, la cession à hauteur de 10% ou plus, des actions ou parts sociales d'entreprise étrangère détenant des participations dans la première citée. La cession indirecte de société de droit algérien ayant bénéficié d'avantages ou de facilités lors de son implantation, donne lieu à l'information du Conseil des participations de l'Etat .» L'éventualité d'une application de ces dispositions légales par la Sonatrach se pose. Nous avons tenté de joindre Fayçal Laraba, président du conseil d'administration de Sonatrach Al Kimya, holding de la compagnie nationale d'hydrocarbure qui gère le portefeuille d'entreprises activant dans la pétrochimie, afin de le faire réagir sur la démarche que compte adopter le groupe public. Ce responsable était cependant injoignable. De son côté, le P-dg de Sorfert a expliqué que cette « fusion concerne le rachat par OCI d'une usine d'ADNOC » et que cette opération n'a aucune conséquence sur Sorfert. « Les autorités algériennes ont été tenues au courant. Tout a été fait dans les règles », a insisté Massimo Laterno. Une source proche du ministère de l'Energie a confirmé qu'une délégation officielle du groupe pétrolier émirati a bien été reçue récemment par les responsables de la Sonatrach. T. H.
