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Club-des-Pins, un été pas comme les autres
VIVANT AU RYTHME DES DEMENAGEMENTS ET DES PERQUISITIONS
Publié dans Le Soir d'Algérie le 22 - 07 - 2019

Les températures caniculaires ne sont pas retombées à Alger en cette fin d'après-midi de mercredi et mal en prit à ce groupe de jeunes qui a tenté maintes manœuvres pour accéder à la célèbre plage de Club-des-Pins. La «forteresse» demeure hermétiquement fermée à quiconque ne détient pas le précieux badge dûment établi par l'administration en charge des lieux.
Abla Chérif - Alger (Le Soir) - «Autrefois, on parvenait quand même à se glisser, pour peu qu'un agent nous connaisse, car nous sommes tous des environs, il fermait les yeux et nous laissait entrer, on ne courait aucun risque, les personnalités et leurs enfants ne nageaient pas ici, ils allaient à l'étranger. Ici, les plages ont toujours été quasiment vides. Les personnes qui y nagent sont des employés des lieux, quelques rares membres de leur famille ou amis ou proches des résidents signalés au préalable à la gendarmerie. A présent, tout est fini, depuis l'arrestation de Melzi, les lieux sont totalement fermés.»
Le jeune qui s'exprime ainsi parle en connaissance des choses. Il évolue dans ces lieux depuis près de six ans en qualité de technicien. «Quand l'un de ces résidents a un problème de parabole, d'antenne ou un autre problème technique avec ses appareils, il fait appel à moi ou à mon équipe.»
Aujourd'hui, et bien qu'étant connu des éléments de la gendarmerie qui montent la garde à l'entrée du complexe, il n'est pas autorisé à passer. «Même les agents qui se trouvent à l'intérieur, et beaucoup sont mes amis, n'y peuvent rien, désormais», ajoute-t-il. À Club-des-Pins, la surveillance est passée à un niveau supérieur, dicté par les évènements en cours dans le pays. «Sans badge, ni un gendarme, ni un policier, ni un journaliste ou autre ne passera», lance un gendarme de faction après nous avoir toutefois interrogé sur la section de gendarmerie à laquelle nous voulions nous adresser : «Qui voulez-vous voir, l'équipe chargée des enquêtes judiciaires, des recherches scientifiques, ou celle en charge de la sécurité des lieux ?» Quelle que soit la réponse fournie, elle se heurte au même refus. La zone est sous haut contrôle.
Des déménagements en série
Ici, nous apprennent des personnes bien au fait de la situation, près d'une cinquantaine de résidents ont déménagé il y a quelques semaines. Parmi eux, de hautes personnalités, d'anciens ministres, Ouyahia, sa famille, Sellal et les siens, les enfants Melzi, des proches logés grâce aux liens de famille avec l'ancien directeur général du complexe, des amis à ses enfants, Djamel Ould Abbès, des cadres recommandés par les deux anciens Premiers ministres, des connaissances avec lesquelles les hauts responsables traitaient en affaire…
Sur les six ministres, aujourd'hui incarcérés à la prison d'El-Harrach, quatre ont été sommés de quitter les lieux au courant du mois de juin dernier. Amar Ghoul, Djamel Ould Abbès, Youcef Yousfi et Ahmed Ouyahia ont déménagé après près de vingt ans de vie à Club-des-Pins. «Ils ont, cependant, eu la chance de ne pas subir les humiliations qu'ont connues les anciens ministres du temps de Melzi, raconte un locataire. Lorsque l'un d'eux tombait en disgrâce et qu'il quittait le gouvernement, la première réaction de l'administration était de lui couper l'électricité et le gaz, ainsi il n'avait d'autre choix que de quitter dans un temps record. Les autres, ceux qui n'occupaient aucun poste au sein du gouvernement et qui s'entêtaient à ne pas quitter les lieux, trouvaient la porte de leur maison sous scellés en revenant chez eux le soir et leurs meubles les attendaient aussi dehors.
Parfois, et alors même qu'un ministre ne faisant plus partie du gouvernement se trouvait chez lui, il recevait la visite de son successeur ou d'une personnalité qui venait voir si les lieux lui convenaient pour emménager. Des scènes incroyables se sont déroulées ici.»
Les ministres cités et ayant eu à déménager logeaient dans une partie réservée aux hauts membres de l'exécutif. Ici, Ouyahia avait fait mettre en place des balises près de sa villa, le périmètre était ainsi clos sur plusieurs mètres. Bien qu'interdite par la loi, il avait fait aussi construire une extension (en hauteur) pour éviter toute possibilité d'avoir un regard de l'extérieur sur son logis. La situation alimentait, et aujourd'hui encore plus, toutes les rumeurs, tous les phantasmes des employés qui susurrent aujourd'hui encore : «Il avait fait construire une niche de cinq mètres de hauteur à son chien et le nourrissait des viandes les plus délicates.»
Ces employés ont peur : «Ça nous fait vingt ans de travail ici, mais si on parle aujourd'hui, c'est parce que tout le pays sait que ces gens ne vivaient pas comme nous, certains ont amassé des trésors.»
Les anecdotes sur le mode de vie des privilégiés d'hier se ramassent à la pelle : «Du pain blanc acheminé de l'étranger, des caisses de bouteilles d'eau Perrier que ces employés ont eu à ranger dans les arrière-cours des villas, des approvisionnements en tous genres, ces repas spéciaux que Melzi faisait acheminer aux épouses des personnalités les plus en vue…» Mais aujourd'hui, il ne reste plus rien de cela.
Les villas des concernés sont vides. Une liste d'autres noms sur le point du départ est prête. Pour les besoins des enquêtes anti-corruption qui se mènent, la zone restera sous haute surveillance, jusqu'à nouvel ordre. Les demeures vidées de leurs occupants ont été, nous dit-on, passées au crible par des équipes des services de sécurité. Certaines ont fait l'objet de perquisitions, alors même que les concernés et leur famille se trouvaient sur place.
Plusieurs villas de Moretti perquisitionnées
De nombreux départs ont également été enregistrés au niveau de Moretti. «Environ une trentaine, et une autre vague s'apprête à quitter les lieux dans les prochaines semaines. Ici, la situation est beaucoup plus compliquée qu'à Club-des-Pins, beaucoup de résidents ont des actes de propriété, mais l'Etat tente de trouver une solution car ces maisons ont été acquises pour une bouchée de pain», nous fait-on savoir sur place. Impossible d'entrer là aussi, la tension est très perceptible. Un gendarme, qui monte la garde, rattrape de justesse deux jeunes filles qui passent l'entrée et les interroge avant de s'apercevoir que ce sont des locataires. Un gros scandale a eu lieu quelques jours auparavant ici.
Après perquisition, une équipe de la gendarmerie a découvert d'importantes sommes d'argent, en dinars, euros et en dollars, ainsi que 17 kilos de bijoux. La découverte annoncée par la justice a mis en avant les noms de Abdelghani Hamel, Abdelghani Zaâlane et de Mohamed Ghazi, ancien ministre du Travail. Autour de ces lieux, les langues se sont déliées : «La maison était connue comme étant celle du fils de Zaâlane, mais plusieurs fils de personnalités passaient aussi. On voyait surtout le fils de Hamel, il venait en compagnie d'amis puis repartait souvent dîner dans une pizzéria cotée aux alentours.»
Des sources sûres affirment que la découverte a été faite suite aux enquêtes menées avec Hamel. D'autres noms pourraient apparaître au fil de l'enquête qui se mène, «mais il ne s'agit pas de la seule demeure perquisitionnée. Pas moins de cinq maisons ont été fouillées ces dernières semaines, ici les gens ont peur à présent».
Le nom d'El Ouafi, le fils cadet de Djamel Ould Abbès, revient naturellement. «Il y a un mois, les enquêteurs ont trouvé seize milliards chez lui, mais le concerné s'était déjà envolé.»
Sur place, ne subsistaient que des affaires appartenant à sa famille. «Il faisait partie du groupe des fils de personnalités qui se retrouvaient aussi souvent le soir dans des maisons, puis allaient ensuite dîner dans cette fameuse pizzéria.»
Les fils de… se sont volatilisés et le commerce des alentours retombé
Sur les lieux, des serveurs témoignent : «Oui, j'ai moi-même servi Ould Abbès de mes mains il y a quelques semaines, il venait de déménager de Club-des-Pins, ils venaient tous ici, mais il y a bien d'autres endroits aussi, mais depuis tous ces évènements, tous ceux qui ont échappé à la prison se font très discrets, on ne les voit plus, on ne voit plus de belles voitures et même leurs jet-ski ont disparu.
En été, et durant une courte période, ils débarquaient tous, et les gendarmes les laissaient passer avec leur engin parce qu'ils les connaissaient de visage ou de nom, maintenant rien n'est pareil. Du coup, tout le commerce qui s'était organisé autour de ces gens-là et de leurs fils en particulier a disparu, que ce soit à Staouéli, à Sidi Fredj ou ailleurs, ça allait des montres de marque aux appareils électroménagers, sans compter les commandes intéressantes qu'ils passaient, des méchouis à longueur d'année, de la volaille fine et de grosses pièces de poisson… Allez voir le marchand de moules, il vous racontera.»
Le marchand de moules, situé entre Sidi Fredj et Moretti, est cependant peu prolixe. «Je ne reçois plus personne depuis un peu plus d'un mois, d'ailleurs, je viens de rouvrir, mais auparavant, ça marchait fort, bien sûr», consent seulement à dire ce dernier.
La peur se fait ressentir partout autour de ces lieux. A voix basse, plusieurs personnes avouent avoir été témoins d'arrestations «subites» de «jeunes bien nés qui circulaient vers Staouéli ou Sidi Fredj», tout ce qui entre ou sort de Club-des-Pins et Moretti est sous l'œil de la gendarmerie…
A. C.


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