C'est quoi la différence entre une université d'été d'un parti au pouvoir et une université d'été de l'opposition ? La première se tient en été. La seconde, elle… … ne se tient pas ! Eureka ! Je savais qu'il manquait quelque chose à notre bonheur démocratique, un p'tit truc pour compléter le tableau, et le régime de bananes à 500 dinars qui nous non-gouverne vient de me donner raison en comblant ce manque. Merci Hadharat ! L'arabisation obligatoire des enseignes commerciales ! Ya bouguelb ! Je sentais un malaise toutes ces 60 dernières années en me promenant dans les rues de ma Dézédie. Je me doutais qu'un machin tordu, méchant, pervers et tout plein de dents acérées dans sa bouche me pourrissait la vie. Là, enfin, je sais ce que c'est : les perfides enseignes en français accrochées sur les devantures des commerces. Non ! Ne me demandez surtout pas un exemplaire de « Enseignes en folie I » et « Enseignes en folie II », ils sont épuisés depuis fort longtemps ! C'était donc ça ! Il suffisait juste d'y penser, et les Frères, les Frères ultra-balèzes du Palais y ont pensé ! Arabiser de gré ou de force les enseignes. En matière de riposte à la crise économique, c'est du costaud que cette option-là de l'arabisation « bla yemmak » des enseignes. Ça va booster les chiffres de la balance commerciale. Ça va relancer la consommation, et donc la croissance, et en retour, les revenus par des augmentations de salaire et une diminution ou du moins une stabilisation de la fourchette des prélèvements de l'impôt ! Juste en changeant « Le Roi de la Dinde » par « Malik El Dindou » ! Apprécions, au passage, la suite dans les idées de ceux qui nous dirigent droit dans le mur. Cette campagne d'arabisation forcée des enseignes succède à cette autre lumineuse idée de remplacer le français par l'anglais à l'université. My god ! Je suis en pâmoison devant autant de cohérence ! Pendant ce temps-là, dans le domaine marginal des questions qui n'ont aucune importance stratégique, des faits sans conséquence sur nos constantes, la calligraphie, les arabesques et les moucharabieh, il y a Samira Messouci ! Samira Messouci, détenue politique, détenue d'opinion, je répète Hadharat, détenue politique, détenue d'opinion qui est contrainte de porter un hidjab pour se faire soigner en prison ! Sa famille le confirme. Son collectif d'avocats le confirme. Et la prison n'a toujours pas démenti. Ni en français, ni en anglais, ni en arabe, ni même dans la seule langue que je comprenne au final : celle du thé que je fume pour rester éveillé à mon cauchemar qui continue. H. L.