«Depuis pratiquement deux années, les parents et leurs enfants souffrent de la prolifération des poux», c'est le constat fait par les spécialistes qui tirent la sonnette d'alarme. La primauté de la santé scolaire doit être largement revue avec plus de soutien et de contrôle pour plus d'efficacité. «Nous avons constaté une prolifération très importante de poux depuis deux années déjà. Nous sommes maintenant dans l'obligation de garder les enfants et d'appliquer les traitements nous-mêmes. Les parents disent ne plus pouvoir s'absenter ou bien le motif n'est pas adéquat pour ne pas garder l'enfant», c'est le constat amer et alarmant d'une gérante de crèche privée. Et d'ajouter : «Voyez par vous-même, les enfants ayant des poux portent des bonnets. Cela peut être choquant et démoralisant pour les autres enfants. Mais, nous n'avons pas d'autres choix, si ce n'est fermer l'établissement pendant quinze jours». Une maman ajoute : «Les parents sont devenus égoïstes, ils savent que leurs enfants ont des poux et ils ne le signalent même pas. C'est pour cela qu'il y a autant de prolifération. Il faut des mesures drastiques». A ce sujet, Dr Abdelouahed Khaled, membre de la Société algérienne de Parasitologie et Mycologie médicales, explique que les établissements scolaires sont les lieux de prédilection de la contagion. Ces parasites se transmettent essentiellement par contact direct de cheveux à cheveux et parfois par l'intermédiaire d'objets ayant été en contact avec les cheveux : brosses, literie, bonnets, casquettes, écharpes, manteaux. D'une manière générale ce phénomène est favorisé par la proximité, que ce soit à l'école, à la maison ou en vacances (piscines, aire de jeux, etc.). «Les poux ne sautent pas et ne volent pas, ils ne se transmettent pas non plus par les mains», rappelle-t-il. S'agissant des préjugés entourant les poux, comme le fait que ce soit les pauvres ou les sales qui les attrapent, Dr. Abdelouahed Khaled répond : «Aux Etats-Unis, les infestations de poux de tête affectent près de 6 à 12 millions d'enfants âgés de 3 à 11 ans chaque année. Il est important de savoir que l'hygiène personnelle ou la propreté corporelle n'a aucune relation avec la transmission des poux, c'est une maladie due à un ectoparasite hématophage (se nourrissant de sang). Le sang est donc le seul centre d'intérêt quel que soit le degré d'hygiène ou le niveau social. L'expression, «têtes à poux» sans une réelle explication scientifique, peut être attribuée au fait que les poux sont plus fréquents chez les enfants avec des cheveux lisses, denses, gras et fins. Ceci explique que les filles soient plus touchées. La température et l'humidité favorisent l'éclosion des lentes (œufs des poux), le foulard lui-même devient un objet de transmission indirect sachant que les poux adultes peuvent survivre environ 36 heures en dehors du cuir chevelu et en plus, empêche le contrôle des enseignants dans les établissements scolaires.» «Les Algériens n'ont pas la culture de prévention» Myriam Aissiouane, pharmacienne au niveau de Chrarba note que les personnes qui se présentent achètent énormément de produits de lutte contre les poux et lentes. «Dans certains produits, notamment d'importation, il y a carrément une rupture de stock. Heureusement, qu'il y a les produits locaux qui sont très demandés. En plus, leur prix est à la portée de tous. Ils sont cédés à 250 dinars le flacon», souligne cette gérante. Elle ajoute : «A travers notre page facebook et directement auprès de nos patients, nous prodiguons des conseils pour la prévention en acquérant des huiles essentielles à base de lavande à mettre derrière les oreilles ou encore à frictionner les cheveux avec de l'eau de toilette. Mais cela ne marche quasiment pas si ce n'est que rarement. Les parents n'agissent que lorsqu'ils constatent que leurs enfants ont des poux, ce qui ne devrait pas être le cas. Je pense que mieux vaut prévenir que guérir et être vigilant». Les adeptes du hammam et des recettes de grand-mère «Quand j'étais petite, ma mère nous emmenait systématiquement au hammam la veille de la rentrée scolaire. Nous devions être resplendissants ce jour-là. Avec le recul et maintenant que j'ai deux enfants, je me dis que c'est la solution idoine pour lutter contre les poux. Avec l'humidité et la vapeur, aucun pou ou lente ne peuvent résister. Et c'est ce que je fais avec mes filles aujourd'hui», relève Nawel, cadre dans une entreprise étatique. Sa collègue, Rafika, maman d'une fille et d'un garçon ajoute : «Il y a beaucoup de préjugés autour des poux. Tout le monde pense que les garçons n'en ont pas, par exemple, mais c'est faux. Et que les blonds n'en attrapent pas. Et c'est faux aussi. J'ai un garçon blond et il a eu pendant longtemps des poux que je traite de façon régulière. Aujourd'hui, il a des cheveux plus courts et je fais encore plus attention. A chaque fin de bain, j'utilise du vinaigre mélangé avec un peu d'eau que je verse sur leurs petites têtes. Cela picote un peu les yeux mais cela désinfecte tout et tue les éventuels lentes ou poux s'il en a. Je considère le vinaigre comme étant une arme secrète et préventive. Je sais que lorsqu'il y a des poux, on peut utiliser le vinaigre à l'étouffé. Cela veut dire qu'on met du vinaigre et on couvre la tête avec un linge pendant une demi-heure. En tout cas, le vinaigre est un produit naturel et efficace.» Sarah Raymouche
