«En réaction aux préoccupations des parents d'élèves de l'école primaire Benmokadem-Dziri, nous précise la fédération des parents d'élèves de la wilaya de Tipasa, une réunion urgente s'est tenue récemment». M. Rahmoune, secrétaire général de la fédération, M. Dekhli, président de la Fédération des parents d'élèves de Tipasa, ainsi que M. Tabouda, membre fédéral des parents d'élèves, nous ont précisé que c'est la seconde expertise de cette école, menée par un bureau de contrôle technique , qui a conclu à l'urgence d'évacuer l'établissement. Mais à la question de savoir pourquoi cette expertise est intervenue aujourd'hui en pleine année scolaire, M. Rahmoune, qui confie que cela intrigue, nous relatera la genèse de cette affaire. M. Rahmoune affirmera que ce sont « les conséquences directes ou indirectes des séismes du 10 octobre 1980 et de Nadhor (Tipasa) du 29 octobre 1989 et enfin de Cherchell et Tipasa, qui sont à l'origine du délabrement et de la fissuration progressive et inquiétante des constructions existantes notamment celles coloniales de la ville de Cherchell, à l'instar des collèges affectés durement par ces tremblements de terre ». Notre source nous indique que « c'est à la suite de ces sinistres qu'est intervenu le CTC, (bureau de contrôle technique des constructions), tout en poursuivant ses explications : « Le CTC avait été chargé en 2016, à la suite du séisme du 12 juin 2016 qui a eu lieu dans la région de Cherchell et Tipasa , en vue d'effectuer une inspection dans le cadre de l'expertise menée à travers les zones et les structures touchées. » Toujours selon notre interlocuteur, « l'ancienne expertise qui avait eu lieu déjà en 2016 avait pourtant initié des mesures et avait recommandé des initiatives préventives, sans évoquer la délocalisation ni la démolition des infrastructures menaçant ruine ». Un directeur d'école à la retraite révèle : « C'est ainsi, que forts de cette ancienne expertise, plusieurs établissements scolaires et des bâtiments publics et cités furent réhabilités avec le renforcement de leur base en béton, à l'instar de la cité Tizirine, celle des 102 logements, de l'école des filles du boulevard Benmokadem, du collège Yamina-Oudai, de celui de Bendifallah, et de l'école Benmokadem. » Tout allait bien, nous confie M. Rahmoune, en précisant qu'« une portion de béton s'était détachée récemment du haut de l'école Benmokadem en s'abattant sur le sol de la cour et avait failli tuer une élève. C'est ce qui a déclenché l'élaboration d'une seconde expertise qui conclut à l'urgence de délocaliser l'école, devenue un danger ». Pour M. Dekhli, président de la Fédération des parents d'élèves de Tipasa , « la suite est connue, c'est la prise de décision de délocaliser en urgence cette école et de la transférer en double vacation au niveau d'une école mitoyenne ,l'école Guechi, située à proximité de l'école Benmokadem ». Cette décision de transfert de l'école ne plut à personne, ni aux parents d'élèves, ni aux enseignants, ni aux résidents des appartements de fonction érigés au dernier étage. A la suite de ce mécontentement, M. Dekhli et le staff de la Fédération des parents d'élèves se sont présentés, successivement, chez le chef de daïra de Cherchell, à la Direction de l'éducation de la wilaya de Tipasa et en dernier ressort auprès du wali de Tipasa. M. Dekhli, pour sa part , nous informe que « le wali, sensibilisé aux dangers encourus par les 200 écoliers de l'école Benmokadem, aurait verbalement promis de prendre en charge le problème en répondant favorablement à la proposition des parents d'élèves de transférer l'école vers le nouveau centre culturel de la ville, qui serait inutilisé, sous réserve de l'accord des ministères de tutelle». M. Tabouda, un membre fédéral des parents d'élèves, nous a confirmé, quant à lui, ces démarches, en nous indiquant que «la proposition des parents d'élèves d'ériger des chalets en préfabriqué dans un site mitoyen de l'école et qui fait office de parking de véhicules n'a pas été retenue par la daïra , ni par la wilaya». Pourtant, plusieurs parents s'interrogent à ce sujet : «Cela n'explique pas pourquoi les travaux de réhabilitation et de consolidation de ces établissements réalisés à coups de centaines de millions de dinars, souffrent d'inadéquation, malgré les contrôles de réception définitive des travaux entrepris .» Pour ces derniers, « l'expertise initiale du CTC n'avait, pourtant, pas recommandé d'évacuer l'école Benmokadem, et ce faisant , cette expertise vient d'être mise à mal par une seconde et nouvelle expertise effectuée récemment ,avec des délais d'évacuation selon un programme d'urgence» . «Pourquoi un tel quiproquo et une telle urgence ?», s'insurgent les parents d'élèves auprès de M. Rahmoune, à qui une autre raison vient d'être invoquée et qui serait liée à la dégradation de ces établissements en évoquant « l'existence de logements de fonction au dernier étage de l'établissement, qui l'auraient mis à mal ». Selon des enseignants, « ces allégations ne tiennent pas la route, sachant que la quasi-totalité de ces établissements et de quelques bâtiments auraient près d'un siècle d'âge ». Houari Larbi