Le président du Front de la justice et du développement (El-Adala), Abdallah Djaballah, qui ne sera pas candidat à l'élection présidentielle du 12 décembre 2019, a affirmé que la position de sa formation quant à la participation ou non à ce rendez-vous n'a pas été encore tranchée. Ilhem Tir - Constantine (Le Soir) - Présidant, hier, une conférence au centre culturel Bouhroum de la nouvelle ville Ali-Mendjeli à Constantine, pour commenter la situation politique du pays, le président du Front de la justice et du développement (El-Adala), Abdallah Djaballah, s'est longuement attardé, face à ses militants, sur l'explication de la conjoncture actuelle, étape par étape. Depuis le début du mouvement du 22 février dernier, jusqu'à présent, « il y a toujours une opacité après 36 vendredis, et nous sommes dans une période où les tentations ont abondé », précise-t-il en revenant sur ce qu'il qualifie de « révolution ». « Il est vrai qu'il y a eu une régression durant les derniers mois, comparativement au début et c'est parce que la situation a beaucoup évolué .» Selon lui, il y a actuellement trois courants sur la scène politique, dont le premier favorable à la tenue d'une élection présidentielle qui constitue, pour ce courant, la seule solution de sortie de la crise, un deuxième courant, celui de ceux qui « voient que c'est une occasion pour apporter un changement catégorique avec l'appel à une période de transition et une nouvelle Constitution » et le troisième courant, dont il est adepte, celui qui consacre la seule légitimité du peuple comme étant « seul source de tout pouvoir ». Le responsable politique a également plaidé pour l'application de l'article 7 de la Constitution estimant que « l'application de l'article 102 de la Constitution à elle seule ne peut faire sortir le pays de la crise qui le secoue », affirmant, par la même occasion, que « la légitimité populaire annule toute autre légitimité ». Le « cheikh », qui a pris le temps d'expliquer à ses fans les raisons de sa renonciation à la candidature pour l'élection présidentielle du 12 décembre, lui qui avait participé à toutes les élections par le passé malgré le contexte qui régnait, choisissait ses mots en marquant une halte à chaque fois, pour demander si l'assistance le suivait dans son raisonnement ou pas. Si la décision de ne pas présenter de candidat est déjà actée, la question du boycott général du scrutin devra être tranchée dans les jours à venir. Pour cela, Abdallah Djaballah a ajouté que le parti El-Adala, à travers ses différentes instances, étudiera bientôt la position vis-à-vis de ce rendez-vous électoral en soulignant : « Ce sont les instances du parti, notamment le conseil consultatif, qui trancheront ultérieurement la position du parti vis-vis des élections, si nous allons appeler au boycott, à la participation des citoyens ou à la liberté du choix individuel des personnes », a-t-il précisé, sans, toutefois, donner de date précise pour annoncer le bon verdict. Commentant le climat dans lequel va se dérouler l'élection présidentielle, le leader islamiste a reconnu qu' il est certain que cette, fois-ci, il y aura moins de fraude. « Ces élections seront les moins truquées », a-t-il avoué, rappelant que le retrait de la préparation des élections des mains des ministères de l'Intérieur et de la Justice constituait une revendication de son parti par le passé. Enfin, faut-il rappeler, comme il l'a fait hier, que depuis le début du mouvement populaire, Abdallah Djaballah a milité au sein de plusieurs initiatives conjointes d'une partie de l'opposition politique. La plus notable est celle des « Forces pour le changement », qui avaient tenu une vingtaine de réunions entre le 20 février et le 3 juillet avant de se retirer et faire cavalier seul. I. T.