La wilaya de Aïn Defla a une vocation agricole par excellence, notamment dans le domaine de la production de la pomme de terre avec une production pour la saison 2019 de 3 250 000 quintaux de céréales qui a permis d'engranger, à la fin de la dernière campagne de moissons-battages, 2 millions de quintaux et une collecte qui a frôlé un million de quintaux de tomate industrielle avec une production record de 2 500 000 quintaux à l'issue de la récolte de 2019. Ces derniers temps, c'est l'aquaculture et la pêche continentale qui émergent pour se frayer une place dans le domaine de la production de poissons d'eau douce et des produits qui en découlent. En effet, si l'élevage de poissons d'eau douce a débuté timidement en 2015, avec une production de 37 tonnes réalisées par un seul titulaire d'une concession, quatre années après, en 2019, au 5 septembre dernier plus exactement, la production a atteint les 716 tonnes de carpe argentée, de carpe royale, de poisson chat et de sandre, avec une perspective d'élever cette production à 1 000 tonnes d'ici la fin de l'année en cours, et ce, à partir des barrages ensemencés de Ghrib (Oued Chorfa) et de Sidi-Ahmed-Bentaïba de Arrib. Jusqu'à présent, seule la ferme aquacole au niveau de la commune de Aïn-Soltane est opérationnelle et a atteint une production de 300 tonnes/an, et ce, pendant que sept autres fermes de ce genre sont en cours de réalisation dans les communes de Tarik-Ibn-Ziad, Arrib, Djendel et El-Amra. Que devient cette production de poissons d'eau douce ? Déjà il y a lieu de citer l'élevage du sandre, une variété très recherchée car il s'agit d'un poisson de mer qui a été adapté pour vivre et se développer en eau douce. On indique aussi que l'exportation du sandre a déjà commencé avec une quantité de 30 quintaux et ce n'est qu'un début. On indique que sur le marché mondial, sont commercialisées 9 millions de tonnes par an de poissons d'eau douce, carpes et tilapia, entre autres. Toujours selon la même source, un programme de recherche est en cours, en collaboration avec l'Université Djilali-Bounaâma de Khemis-Miliana, dans les domaines du développement scientifique de l'aquaculture pour dresser une nomenclature des valeurs nutritives de ces types de poissons. Par ailleurs, l'aquaculture n'a pas pour seul effet bénéfique la consommation mais aussi la production liée à l'élevage du poisson d'eau douce, notamment les fientes de ces poissons, bien plus bénéfiques, de par les expériences menées par différents laboratoires. On indique que cette eau contenant ces fientes permet de se passer des engrais chimiques et réduit les coûts d'engraissement des sols jusqu'à hauteur de 40% et permet également des rendements trois fois supérieurs. C'est dans ce sens et à cet effet aussi que 76% de ces 500 bassins d'irrigation implantés dans les 36 communes de la wilaya sont déjà ensemencés de poissons, et l'opération d'ensemencement continue. Cependant, il y a lieu de signaler qu'en 2004, un projet de réalisation d'une écloserie a été entamé sur le territoire de la commune non loin du barrage de Kherraza. Sa réalisation a traîné et a accusé un retard immense, puisque 10 ans après le début des travaux, cette structure n'a pas été achevée et, pire encore, après que d'importantes sommes ont été consenties et dépensées, ce projet est à l'arrêt depuis 5 années maintenant. En plus, sa superficie a été réduite de 25 à 9 ha. Une grosse perte pour le développement de cette filière. Pour ce qui est du poisson de mer, les contraintes sont différentes, nous a-t-on expliqué. On note d'abord que la mer Méditerranée est une mer semi-fermée où ne pénètrent pas les grands courants porteurs de gros de poissons. De plus, les flottes de pas moins de 12 pays pêchent en Méditerranée. Pire encore, on indique que de nombreux pêcheurs utilisent des explosifs au lieu de filets sélectifs qui respectent les critères descriptifs des poissons à pêcher. Or, quand on utilise les explosifs, c'est tout l'écosystème qui prend parfois des coups irrémédiables. De même, les périodes de fraie pour la reproduction ne sont pas respectées par les chalutiers, et on voit souvent sur les étals des poissonneries, des alevins qui sont commercialisés à des prix inabordables. Certes, une armada de textes régissant les modalités et la réglementation de la pêche en mer existent, malheureusement le contrôle des produits pêchés échappe totalement au ministère de la Pêche et relève des organismes portuaires et maritimes. Au regard de toutes ces contraintes et de ces dysfonctionnements, le chemin vers une disponibilité du poisson à la portée de tous est encore très long et beaucoup reste à faire. Karim O.