Quelles leçons à tirer de la crise que l'Algérie a traversée ? L'enseignant universitaire Ammar Belhimer en tire deux leçons principales, à savoir la disqualification des partis politiques dans notre pays et la distribution de la rente, aux fins d'avoir la paix sociale, et le mode de démocratie représentative «placés sous haute surveillance policière». Invité pour s'exprimer à l'émission «L'invité de la rédaction» sur les ondes de la Chaîne 3, le professeur a estimé que le modèle de représentation politique « totalitaire » est voué à disparaître. Pour ce qui est de la disqualification des partis politiques et la crise du modèle de régulation, il constate que l'Algérie s'inscrit dans une trame universelle, car nombre de pays font face actuellement à des crises de confiance vis-à-vis des gouvernements, des médias et des ONG. Il citera le sondage effectué par le Rassemblement action jeunesse (RAJ) dans 41 wilayas et qui remonte à 2017 avant les élections législatives. Les résultats de ce sondage effectué auprès de 1 500 jeunes relèvent «la désaffection des jeunes par rapport à la classe politique, associative et syndicale». Ils sont 40% à avoir une idée négative des partis politiques et «leur opinion est plutôt positive s'agissant des associations et des syndicats», a-t-il noté. Poursuivant ses explications, l'invité soulignera que jusqu'à présent, la médiation politique dans notre pays et le système qui a prévalu dans le cadre d'un système de représentation politique «totalitaire» sont amenés à disparaître inévitablement. Donc, une reconfiguration de la scène politique dans notre pays est très proche, selon lui. Relevant l'existence de trois blocs présents sur la scène politique entre démocrates, nationalistes et islamistes, M. Belhimer pronostique des alliances entre le courant nationaliste et les islamistes modérés. La tendance à travers le monde serait la disqualification des partis politiques et pour M. Belhimer, il existe toujours une multitude de partis «de façade» avant de conclure qu'il y a eu trop de «manipulation» pour que l'on puisse encore parler de «matrice de société politique» en Algérie. Selon lui, il faut passer par la création d'associations libres, par la formation d'un mouvement associatif puissant et l'aboutissement sur l'émergence d'une société civile. Revenant sur la deuxième leçon tirée de la crise, celle de l'absence de la démocratie représentative, il soulignera que le taux de participation aux élections est relativement faible mais reste dans la moyenne des normes européennes car «selon les statistiques, depuis 2014, seuls 40% des Européens ont voté». Et de poursuivre : «En Tunisie, 43% ont voté lors de la dernière présidentielle.» Cette crise de représentation à travers le monde des partis politiques s'illustre bien en Algérie et pour preuve, «le Président Abdelmajid Tebboune a été élu sans étiquette partisane, alors que les autres candidats des partis n'ont pas dépassé les 17%», a-t-il indiqué. Le professeur jugera qu'il faut d'abord mettre un terme à la crise de la « démocratie participative » et combler l'absence des espaces et des institutions de médiation politique et sociale par des associations et des syndicats libres de leurs mouvements. Abordant la révision de la Constitution prônée par le nouveau Président, M. Belhimer a expliqué que depuis l'indépendance, «pas moins de huit Constitutions ont été produites, dont 4 sont formelles (1963, 1976, 1989, 1996) et 4 Constitutions matérielles (1962, 1965, 1992 et 1994)». La nouvelle Constitution doit, selon l'invité de la Chaîne 3, garantir certains points à ne pas franchir mais «il faut adopter un nouveau paradigme de rupture avec la rente pétrolière, le commerce informel et l'Etat de non-droit». Ilhem Tir