Le lycée Mahmoud-Ben-Mahmoud a été le tout premier à voir le jour dans la ville de Guelma. En 1963, les responsables du secteur de l'éducation fondent le premier établissement d'enseignement secondaire de la région. L'histoire de ce bâtiment se mêle intimement à celle de cette cité, bastion du nationalisme. Le lycée Ben-Mahmoud de la ville de Guelma, qui a, durant longtemps, formé une élite intellectuelle, avait sans conteste une influence marquante. Il était considéré comme un des principaux porte-étendards de l'enseignement en Algérie. Situé au cœur de Calama, il est né du projet porté par des personnes soucieuses de répondre au mieux aux attentes des élèves et leurs parents. Ils fondent, alors, le premier établissement d'enseignement secondaire mixte de la région avec le slogan « Etudier ensemble studieusement ». L'histoire de ce temple du savoir a été marquée par de grands hommes et de grandes femmes: messieurs Yache Mohamed, Schémama, Fecih Khaled, Shili Belgacem, Devillars, Lakhdar Meddour L., Chaumette, Benemouffok Abdelhak…, Mlle Makhlouf, le couple Kheloufi en passant par les demoiselles Vanmerbeck Merazga et Toubal. Mais comment parler de ceux qui ont laissé leur empreinte dans ce bâtiment sans parler de feu Saïd Filali qui a pris en 1966 les destinées de cet établissement scolaire ? Il a succédé au regretté Boubakeur Djoudi, qui avait été promu à la tête du lycée Embarek-El-Mili de Annaba. Le lycée Ben-Mahmoud de Guelma devint progressivement l'un des établissements les plus réputés du pays, dont la renommée rayonnait jusqu'au début des années 1980 partout en Algérie. Figure légendaire de l'enseignement à Guelma, Saïd Filali a exercé la fonction de premier responsable de ce lycée emblématique de la ville du 8 Mai 1945. Reconnu pour son habileté, il excella autant en gestion qu'en relations humaines. Considéré comme l'un des pionniers du secteur de l'éducation Guelma, Saïd Filali était déjà enseignant de langue arabe, au milieu des années 1950. C'étaient ses premiers pas dans l'enseignement mais aussi la voie par laquelle il est entré dans le monde du travail. El Hadj Filali, le surnom que lui avait donné toute la famille locale de l'éducation, n'a pas prévu qu'il deviendrait un jour proviseur. Encore moins inspecteur d'académie. Mais quand il a franchi le pas, il s'est donné corps et âme. Proviseur du lycée Ben- Mahmoud (1966), premier établissement du secondaire de Guelma, puis inspecteur d'académie de la wilaya (1974), il s'est porté vers ses élèves, dont il a vite constaté qu'ils avaient autant besoin d'être instruits qu'accompagnés. Que ce soit pour les lycéens vivant en milieu urbain ou ceux venus des zones rurales, El Hadj Filali a toujours cherché des solutions pratiques et une pédagogie adéquate pour chacun d'eux. Il œuvrait pour une école pensée pour les élèves de toutes les classes sociales. « Une main de fer dans un gant de velours », durant toute sa carrière. El Hadj, qui avait fini sa longue et brillante carrière dans l'enseignement comme directeur de l'éducation à Constantine, aura surtout pris le soin et le temps de guider les élèves vers la réussite. Il croyait dur comme fer que la meilleure façon de faire passer des messages résidait dans l'exemplarité de son propre comportement. Justement, ses anciens élèves le décrivent comme « un homme formidable, strict sur la discipline mais très ouvert dès lors qu'il s'agit d'écouter les enseignants, les élèves, les parents… ». L'ancien inspecteur de l'Académie de Guelma a tiré sa révérence, il est décédé le 12 décembre dernier en France des suites d'une longue maladie. Saïd Filai était âgé de 90 ans. Mais au lycée Mahmoud-Ben- Mahmoud, il était entouré de ses dévoués collaborateurs, Hacène Saâdi et feu Lakhdar Khelassi, un groupe homogène qui a pu mettre en place de solides outils de gestion leur permettant d'étoffer et diversifier les dispositifs d'accompagnement des élèves. « C'était toute une équipe, qui s'est appuyée sur une bonne organisation intérieure, fondée sur une tradition qui respecte les règles relatives aux droits et devoirs de chacun, tout en offrant aux élèves un haut niveau d'enseignement », nous déclare un ancien du lycée Mahmoud-Ben-Mahmoud de la ville de Guelma. Ces responsables qui étaient à la tête d'un établissement du secondaire couvrant les régions de Guelma, Souk-Ahras, Tébessa, étaient dotés d'une grande habileté. Ils ont laissé une trace indélébile dans l'histoire de l'éducation à Guelma. Outre les résultats scolaires enregistrés à l'échelle nationale, ils ont réussi à marquer l'histoire de ce lycée de leur empreinte. Noureddine Guergour