Abdelmadjid Tebboune a réitéré, mercredi, lors de sa rencontre avec des représentants de la presse nationale, son projet de la refonte du système de l'éducation. Une revendication soulevée depuis plusieurs années par les syndicats du secteur et qui ne peuvent donc qu'applaudir le discours du président. Les partenaires sociaux s'interrogent, cependant, si le gouvernement «aura le courage d'aller au bout de sa politique». Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - Le président de la République a déclaré lors cette rencontre que tous les algériens revendiquent le changement radical du système éducatif, particulièrement du cycle primaire. Abdelmadjid Tebboune qui dit s'opposer «catégoriquement à l'implication de l'idéologie dans l'enseignement primaire», a souligné que la citoyenneté exige l'édification d'une génération imprégnée des valeurs du nationalisme, de la morale et de l'appartenance civilisationnelle. Le président a, ainsi, réitéré son projet d'allégement des programmes scolaires en veillant à l'apprentissage graduel et en laissant l'enfant vivre son enfance de manière naturelle et équilibrée. Il est impératif, selon lui, de traiter le problème de la surcharge du cartable à travers le recours aux moyens technologiques et la formation des enseignants en la matière. «Nous devons tirer profit des expériences des pays avancés», a déclaré Tebboune qui dit s'engager à résoudre les problèmes sociaux des enseignants qui ne devront pas utiliser les élèves comme moyen de pression car les grèves répétées ne servent pas l'intérêt de l'élève. Il promet aussi la révision de l'encadrement de l'enseignement, tous cycles confondus, et ce, à travers l'amélioration des programmes et de la situation financière des enseignants, et de la prise en charge des élèves des régions enclavées en terme de transport et de restauration. Ce nouveau discours de Tebboune sur l'école a-t-il rassuré ? Meziane Meriane, coordinateur du Snapest estime que «les discours c'est bien, mais faut-il encore qu'il soit appliqué sur le terrain». La lutte contre l'implication de l'idéologie dans l'école, dit-il, a été le combat des syndicats, mais l'école algérienne n'est toujours pas à l'abri de ces idéologies. D'ailleurs, selon ce syndicaliste, l'implication de l'idéologie dans les écoles a joué un grand rôle dans la situation catastrophique dont se trouve l'école aujourd'hui où toutes les réformes annoncées n'ont pas pu être concrétisées. «Les politiques n'ont jamais eu le courage d'appliquer leurs discours car ce qui les intéresse, c'est la paix sociale», constate M. Meriane qui appelle à une constituante du secteur de l'éducation. «Nous devons nous mettre d'accord sur un projet de société et déterminer les valeurs de la nation, et élaborer un programme en fonction de ces données», a déclaré le coordinateur du snapest qui estime qu'il faut donner la primauté aux spécialistes de la science de l'éducation qui peuvent élaborer des programmes en fonction des données sociales de l'Algérie. le syndicat du Satef, de son côté, même s'il rappelle que les projets du président pour l'école algérienne font partie de ses revendications, trouve que le discours reste « un effet d'annonce pour calmer les esprits». «L'école a été pendant longtemps politisée et il y a une certaine idéologie qui ne veut pas d'une école universelle de qualité et le président, même s'il est sincère dans sa démarche de réformer l'école, sera confronté à ce groupe de personne, qui sont contre une école républicaine», a déclaré Boualem Amoura, secrétaire général du satef qui estime que l'opposition féroce que rencontrera ce projet de réforme obligera le président à reculer sur ses engagements. S. A.