Loin des scènes de cohue vues un peu partout en Europe à cause du coronavirus qui continue de se propager dans le monde, les Algériens semblent «impassibles» face à la progression de cette pandémie mondiale qui a déjà entraîné trois décès en Algérie et 37 cas confirmés de coronavirus. Pour le moment, une partie des Algérois s'en inquiète très peu et minimise visiblement la menace que représente ce virus. Une réaction que certains qualifient de «raisonnable», tandis que pour d'autres, cela relève simplement de la pure «inconscience». Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - «Franchement, il serait absurde de paniquer à ce stade», lance avec désinvolture une dame âgée d'une cinquantaine d'années, venue faire ses emplettes, comme chaque samedi, au marché Clauzel. «Certes, le virus commence à se propager, nous en sommes conscients, mais nous n'allons pas arrêter de vivre pour autant», renchérit-elle avec aplomb. Voilà un témoignage qui reflète assez bien, il faut le dire, l'état d'esprit de nombre d'Algérois rencontrés hier, samedi, au centre-ville, au moment où les capitales du monde paraissent comme «vidées» de leurs populations, celles-ci «préférant» le confinement. Les Algérois ont apparemment choisi de ne pas rester cloîtrés à la maison. Il est 12h à Alger-Centre. C'est avec quiétude que les citoyens vaquent à leurs occupations quotidiennes. Les magasins et les restaurants sont ouverts et ne «chôment» pas en ce jour de congé, où l'affluence est particulièrement plus importante que d'habitude. Près du bazar de Meissonier, les trottoirs sont bondés de monde. Les vendeurs ont installé leurs marchandises sur des étals et n'ont, selon toute vraisemblance, aucun mal à faire tourner leurs commerces. «Nous n'avons remarqué aucun changement dans les habitudes des consommateurs», a constaté Tarek, un vendeur à la sauvette, qui affirme que dans ce secteur, «rien d'inhabituel n'est à signaler pour le moment, les personnes viennent et achètent normalement». «J'ai pratiquement écoulé toute ma marchandise, alors que nous sommes à la mi-journée», a-t-il ajouté avec satisfaction. Pour les restaurateurs installés un peu plus haut, à proximité d'Audin, d'aucuns ne se plaignent pas d'une baisse de la clientèle durant ces derniers jours. Beaucoup, par contre, affichent une certaine inquiétude quant aux semaines qui viennent. «Je pense que d'autres cas de coronavirus se manifesteront dans les prochains jours», appréhende Samir, gérant d'un fast-food situé près de la Fac centrale. «Cela effrayera inévitablement un certain nombre de personnes qui, de ce fait, éviteront de fréquenter les restaurants, entre autres», explique-t-il. Un tel scénario est en effet inenvisageable pour ces commerçants dont l'activité est connue pour être intense de jour et même de nuit. «Il est vrai que les Algériens semblent prendre la chose encore à la légère», reconnaît un autre restaurateur en poursuivant : «Cela risque de changer peut-être, je ne sais pas, ça dépend de l'évolution de la situation.» Pour le moment, les restaurants connaissent une affluence ordinaire, même si quelques-uns des gérants de la restauration rapide ont indiqué avoir senti une légère baisse d'activité, notamment en soirée. Toujours au cœur de la capitale, le flux des consommateurs dans les supermarchés ne diffère pas des autres jours. Dans l'une des supérettes sise à Khelifa Boukhalfa, les clients s'approvisionnent mais sans excès. «Je fais toujours mes courses les samedis pour le restant de la semaine», dira une jeune femme en poussant péniblement un caddy chargé de denrées alimentaires et de quelques détergents. Pour elle, «nous ne sommes pas arrivés au stade où nous dévaliserions les supermarchés et j'espère que ça n'arrivera pas». «Moi j'avoue que j'ai fait un stock de pâtes et de produits de base, on ne sait jamais…», rétorque aussitôt une autre cliente. Celle-ci estime qu'il faut se préparer à toutes les éventualités, car «personne ne peut dire ce qui va se passer dans les prochains jours». Le propriétaire de la supérette indique, pour sa part : «J'ai remarqué que certains de mes clients se sont, ces deux derniers jours, rués sur certains produits alimentaires, comme les pâtes, l'huile, la farine…» Aucun doute, insiste-t-il, «les gens commencent à s'inquiéter de la propagation de ce virus». Pour les gérants des supermarchés, «il y a effectivement une forte demande de quelques produits de base, les clients achètent plus qu'ils ne peuvent consommer en un jour ou deux». Cependant, ces derniers ne font état d'aucune pénurie et assurent que les besoins des citoyens sont largement couverts. En s'éloignant du centre d'Alger, plus précisément au centre commercial Ardis, on constate ce même jour que le nombre de visiteurs n'est pas très conséquent comparativement aux week-ends passés. Les tenants des boutiques expliquent que «c'est très relatif», car il y a des jours où l'affluence des visiteurs est très grande, et d'autres non. Cela a-t-il un quelconque lien avec le coronavirus ? Personne n'est en mesure de répondre avec exactitude à cette question. Un père accompagné de son épouse et de leurs trois enfants argue avec un sourire : «Vu que les vacances ont été avancées, pourquoi ne pas en profiter.» «C'est vrai qu'il faut prendre les précautions nécessaires, mais on ne peut rester confinés à la maison, du moins pas à cette étape», enchaîne la maman. Plusieurs autres familles sont venues se détendre sur les lieux, faisant profiter leurs enfants des aires de jeux installées à l'extérieur du centre commercial. Les personnes rencontrées sur place avaient pour la plupart des solutions hydro-alcooliques dans les mains qu'elles utilisaient assez régulièrement. M. Z.