Les Constantinois ont pris conscience du danger que représente la pandémie de coronavirus qui a enregistré son troisième décès au niveau de la wilaya. Depuis hier, à la veille de la mise en œuvre des dernières mesures prises par le gouvernement, Constantine fonctionne en mode ralenti. Les rues du centre-ville étaient quasiment désertes hier vers midi, alors que d'habitude, elles grouillent de monde et de voitures. La capitale de l'Est semblait hier propre avec l'odeur des désinfectants et de l'eau de Javel qui sentait partout. «Un vrai plaisir», se réjouit une vieille dame en voyant cet élan de propreté atteindre tous les quartiers et même les plus populaires où les habitants ont procédé au nettoiement de leurs immeubles et des trottoirs avec leurs propres moyens. Alors que les grandes rues étaient restées vides comme la rue Larbi-Ben-M'hdi et à la rue de France, des dizaines de jeunes se rassemblaient toujours au niveau des ruelles comme Rahbat-Lajmal et les ruelles adjacentes. A noter une baisse significative du trafic routier, le trajet de Constantine vers Ali-Mendjeli ne prend pas plus de 20 minutes, car les scènes de congestion du trafic ont disparu, le mouvement a considérablement diminué depuis jeudi. Mais, la ruée vers l'acquisition de semoule et des produits laitiers persiste, toutefois, les citoyens semblaient plus conscients de la menace du virus corona et se plaignaient de la rareté aiguë du matériel médical préventif. Les supérettes prises d'assaut « La supérette ne ferme pas, même durant les week-ends », c'est ce que répète le gérant de la grande surface de Ritaj Mall à Ali-Mendjeli aux nombreux clients. Mais cela ne les rassure pas apparemment surtout depuis que Constantine est concernée par le couvre-feu. Les rayons se vident et les clients font la queue à l'entrée des magasins ouverts. Bien que la majorité soit munie de bavettes et de gants, aucun respect pour la distance de sécurité qui doit séparer les clients devant les magasins. Un jeune relève le manque de prévention. «Regardez, ils sont collés l'un à l'autre, par crainte de perdre la place», regrette-t-il. Les boulangeries sont prises d'assaut dès les premières heures du matin, car la production de pain a été nettement réduite. Vers 11h, il n'y a plus de pain ordinaire. «Il ne reste que le pain amélioré à 20 DA la baguette», affirme aâmmi Tahar le boulanger qui souligne : «Nous n'avons pas suffisamment de farine et nous sommes obligés de réduire notre production.» Il n'omettra pas de rappeler la forte demande qui est aussi à l'origine de cette situation. «Ce matin, les clients ont acheté beaucoup de pain pour le stocker. Chacun prend en moyenne 6 à 8 baguettes, voire plus, en vue de les congeler», a déploré un boulanger de la nouvelle ville Ali-Mendjeli. Contrairement à Constantine-Ville, des magasins et des grossistes sont ouverts à El-Khroub et à Massinissa. Les prix des fruits et légumes s'envolent La mercuriale est encore une fois bouleversée par la flambée subite des prix des fruits et légumes. Les marchés de détail sont pris d'assaut. Les budgets des ménages sont désormais soumis à rude épreuve car il faut faire des acrobaties pour remplir le couffin. Au niveau des marchés, l'on constate une hausse spectaculaire des prix des fruits et légumes comme c'est le cas du marché Battou du centre-ville, où les citoyens n'arrivent pas à expliquer cette montée en flèche des prix des fruits et légumes. La salade, qui coûtait il y a une semaine 50 DA est affichée à 90 DA. Le piment à 90 DA et la tomate, qui coûtait 45 DA, affiche les 80 DA alors que les poivrons verts sont à 80 DA/kg, soit une augmentation d'au moins 30 DA. Face à ces prix, plusieurs recourent aux marchés informels qui se sont installés dans la périphérie de la ville comme sur la route d'Al-Barraouia entre El-Khroub et Ali-Mendjeli, sur la route d'El-Menia avant Hama-Bouziane et à la cité Boussouf, face à un laisser-aller de la part de la gendarmerie qui insiste sur le respect de dégager la chaussée sans pour autant chasser ces vendeurs. Même situation devant le premier boucher du marché accosté qui affiche pourtant, à l'instar de tous les autres, des prix très élevés. En effet, la viande bovine est entre 1 200 et 1 400 DA, quant aux escalopes de dinde, elles ont atteint les 580 DA/kg. Le poulet est vendu entre 300 et 350 DA/kg. Les commerçants soulignent la rareté de certains produits dans les marchés de gros du Polygone, de Chelghoum-Laïd tout en exprimant leur impuissance face au diktat des grossistes. Ilhem Tir